Alors que la conférence de l’ONU sur le climat (COP29) entre dans sa dernière ligne droite à Bakou, les négociations achoppent toujours sur la question épineuse du financement de la lutte contre le réchauffement. Ce vendredi, le groupe des pays africains a vivement réagi à la dernière proposition des pays développés, la qualifiant de “totalement inacceptable”.
250 milliards par an : une offre très en deçà des attentes
L’origine du blocage ? Le montant de l’aide financière promise par les pays riches pour soutenir l’action climatique des pays en développement. Selon des sources proches des discussions, les pays développés auraient mis sur la table un objectif de 250 milliards de dollars par an, à atteindre d’ici 2035. Une somme jugée très insuffisante par les pays du Sud.
La proposition de fournir 250 milliards de dollars par an d’ici 2035 est totalement inacceptable et inadaptée pour mettre en œuvre l’accord de Paris.
Ali Mohamed, négociateur kényan et porte-parole du groupe africain
En effet, les pays en développement réclament un financement bien plus conséquent, estimé entre 500 et 1300 milliards de dollars annuels, pour les aider à sortir des énergies fossiles et s’adapter aux impacts déjà inévitables du dérèglement climatique. Un fossé qui semble difficile à combler à ce stade.
Un “théâtre” des négociations dénoncé par l’ONU
Face à cette impasse, le secrétaire général de l’ONU António Guterres a haussé le ton, exhortant les délégations à cesser le “théâtre” des discussions pour passer aux actes. “Il est temps de conclure un accord ambitieux et crédible qui réponde aux besoins des pays les plus vulnérables”, a-t-il martelé dans un message diffusé ce vendredi.
Mais à quelques heures de la clôture officielle de la COP29, prévue ce soir, l’espoir d’un dénouement s’amenuise. La présidence azerbaïdjanaise a bien tenté de proposer un nouveau texte de compromis, promettant d’ajuster à la hausse l’objectif financier. Mais sans parvenir, pour l’heure, à rapprocher les lignes.
L’enjeu clé d’un financement juste et ambitieux
Au cœur du débat, la responsabilité des pays riches, principaux responsables historiques du réchauffement, dans le financement de la transition bas-carbone des pays du Sud. Une question de justice climatique autant que d’efficacité pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, qui nécessitent une action coordonnée à l’échelle mondiale.
Pour les pays en développement, obtenir des garanties sur un soutien financier suffisant est un prérequis non négociable. Outre l’aide à la réduction des émissions, ils demandent des fonds dédiés pour gérer les “pertes et dommages” causés par les catastrophes climatiques qui les frappent déjà durement.
Nous payons déjà le prix de la crise climatique, et ce sont les pays riches qui en sont les principaux responsables. Ils doivent maintenant assumer leur responsabilité et payer leur juste part.
Molwyn Joseph, ministre de l’environnement d’Antigua-et-Barbuda, porte-parole de l’Alliance des petits États insulaires
Dernières tractations sous haute tension
Alors que l’horloge tourne, les consultations se poursuivent en coulisses pour tenter de trouver un compromis de dernière minute. Mais les pays développés semblent réticents à aller au-delà des 250 milliards, une somme déjà bien supérieure à leur engagement actuel de 100 milliards par an, qui peine déjà à être tenu.
La présidence azerbaïdjanaise a exhorté toutes les parties à faire preuve de flexibilité pour permettre un accord. De leur côté, les pays africains et leurs alliés du Sud maintiennent la pression, menaçant de bloquer l’adoption du “paquet climatique” final en l’absence d’avancées significatives sur le dossier du financement.
L’issue des négociations reste donc incertaine. Beaucoup redoutent un nouvel échec, après les maigres progrès de la COP28 à Abu Dhabi. Mais certains veulent encore croire à un sursaut. Car sans argent, pas d’action climatique à la hauteur de l’urgence. Et sans un financement équitable, pas de justice climatique possible. Les prochaines heures s’annoncent donc décisives à Bakou.