Le secteur de l’immobilier traverse actuellement une crise majeure qui inquiète tant les professionnels que les particuliers. Les chiffres sont sans appel : une baisse de 17,7% des permis de construire en avril sur un an, 358 200 logements autorisés à la construction entre mai 2023 et avril 2024. Un effondrement qui n’en finit pas et qui soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir du marché immobilier.
Des coûts de construction en hausse et des aides publiques en baisse
Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade. D’une part, les coûts de construction ont fortement augmenté en raison de la hausse des prix des matériaux et du renforcement des normes environnementales. D’autre part, les acquéreurs ont été pénalisés par la remontée des taux d’intérêt et la réduction des aides publiques pour l’achat de logements neufs.
Nous faisons face à une crise ancrée du marché immobilier, en particulier à Paris où la situation est très préoccupante.
Olivier Colcombet, président de la FNAIM Paris
Des emplois menacés dans le bâtiment
Cette crise n’est pas sans conséquence sur l’emploi dans le secteur du bâtiment. La Fédération française du bâtiment (FFB) craint 90 000 suppressions de postes d’ici fin 2024, puis 150 000 d’ici mi-2025. Plusieurs grands promoteurs ont déjà annoncé des plans sociaux tandis que des acteurs plus modestes déposent le bilan.
Difficultés sur tout le territoire, mais des disparités régionales
Si la crise touche l’ensemble du pays, certaines régions s’en sortent un peu moins mal, à l’image des Hauts-de-France (-4,4%) et de la Bretagne (-8%). À l’inverse, l’Île-de-France (-21,6%) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (-26,4%), déjà sous tension, enregistrent des baisses préoccupantes.
- Maisons individuelles : 129 200 autorisations (-19,7%)
- Logements collectifs : 229 000 autorisations (-16,6%)
- Résidences (étudiantes, seniors) : -11,1%
Mises en chantier en chute libre, incertitudes sur les délais
Conséquence logique de la baisse des permis de construire, le nombre de mises en chantier dégringole également. Entre mai 2023 et avril 2024, ce sont 282 400 chantiers qui ont démarré, soit une chute vertigineuse de 22,3% en un an. Le ministère souligne toutefois que les délais d’ouverture de chantiers ont été perturbés depuis la crise sanitaire, rendant les chiffres plus incertains.
Le gouvernement sommé d’agir face à la crise
Face à l’ampleur de la crise, les acteurs du secteur appellent le gouvernement à prendre des mesures d’urgence. Il est crucial de relancer la construction de logements neufs, en particulier dans les zones tendues, pour répondre aux besoins des Français. Mais aussi de soutenir l’emploi et les entreprises du bâtiment mises en difficulté.
Nous attendons du gouvernement un véritable plan Marshall pour le logement. Il y a urgence !
Pascal Boulanger, Président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers
Cette crise majeure de l’immobilier soulève de nombreuses questions tant sur les raisons de cet effondrement que sur les moyens d’y remédier. Une situation complexe et préoccupante qui nécessite une réponse forte et rapide des pouvoirs publics pour éviter un scénario catastrophe. L’avenir du logement en France en dépend.