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Immigration : Le ministre de l’Intérieur fixe le cap

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sort l'artillerie lourde contre l'immigration clandestine. Sa stratégie : mobiliser police, gendarmerie, douanes et armée pour confondre les passeurs et endiguer l'afflux de migrants. Mais sera-t-elle suffisante face à l'ampleur du défi ? Les détails de sa circulaire choc...

Le gouvernement sort les muscles face à l’immigration clandestine. Dans une circulaire datée du 25 novembre, que nous avons pu nous procurer, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau détaille ses orientations pour « renforcer le pilotage de la surveillance des frontières et des flux migratoires ». Un plan de bataille qui mobilise police, gendarmerie, douanes et même l’armée pour tenter d’endiguer la pression migratoire aux portes de la France. La tonalité est ferme, le cap clairement fixé. Décryptage d’une politique qui se veut offensive.

Une pression migratoire croissante aux frontières

D’entrée, le ministre replace ses instructions dans un contexte préoccupant. Il pointe « les arrivées massives de migrants par l’Europe centrale et la Méditerranée centrale » qui « alimentent une immigration de destination ou de transit pour rejoindre l’Europe du Nord ou le Royaume-Uni ». Un flux continu qui interroge selon lui « notre capacité à surveiller, contrôler voire défendre le linéaire frontalier« .

Derrière ces mots, une inquiétude : celle de voir la France débordée par une immigration clandestine de plus en plus pressante. Les chiffres sont éloquents. Selon des sources proches du dossier, les interpellations de migrants en situation irrégulière ont bondi de 30% depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2023. Un afflux que les autorités peinent de plus en plus à contenir.

Les passeurs dans le viseur

Face à cette pression, Bruno Retailleau entend frapper fort en s’attaquant prioritairement aux filières de passeurs. « Nous devons assécher le trafic à la source en démantelant ces réseaux criminels qui exploitent la détresse des migrants », martèle-t-il dans sa circulaire. Une traque sans relâche qui passera par un renforcement de la coopération entre services.

Concrètement, police et gendarmerie seront en première ligne pour « confondre et interpeller les passeurs ». Un travail d’enquête qui s’appuiera aussi sur le renseignement des douanes et le soutien logistique de l’armée. « Chaque maillon compte pour casser ces filières », insiste le ministre en demandant une « mobilisation totale » sur ce front.

Muscler les contrôles aux frontières

Autre axe fort de ce plan : durcir les contrôles frontaliers, notamment sur les principaux points de passage. Là encore, tous les services seront sur le pont. Aux frontières terrestres, les douaniers seront chargés de « renforcer les contrôles des véhicules et des marchandises ». Sur le littoral, les garde-côtes et la gendarmerie maritime devront « intensifier la surveillance pour prévenir les tentatives de traversées clandestines ».

Dans les aéroports aussi, les contrôles seront renforcés avec une attention particulière portée « aux liaisons sensibles, en provenance des pays sources ou de transit de l’immigration irrégulière ». La Police Aux Frontières (PAF) sera en première ligne, épaulée par des effectifs supplémentaires.

Des moyens renforcés

Pour mener à bien cette offensive, le ministre promet des « moyens à la hauteur des enjeux ». Un effort budgétaire et humain qui passera par :

  • Le recrutement de 3500 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici 2025, dont une partie sera affectée spécifiquement à la lutte contre l’immigration clandestine.
  • La création de 500 postes de douaniers pour muscler les contrôles aux frontières.
  • L’octroi d’un budget supplémentaire de 60 millions d’euros pour moderniser les équipements (drones, caméras thermiques, lecteurs automatisés de plaques…).

Des annonces qui devront rapidement se traduire sur le terrain pour espérer inverser la tendance. Car malgré une politique déjà très restrictive ces dernières années, la pression migratoire ne faiblit pas. En 2023, le nombre de demandes d’asile a encore progressé de 8%, après une hausse de 21% en 2022 selon l’OFPRA.

Des doutes sur l’efficacité de cette stratégie

Si ce tournant sécuritaire est applaudi par la frange la plus dure de la majorité, certains doutent déjà de son efficacité. « On ne réglera pas le problème de fond, qui est celui des inégalités de développement, par la seule réponse sécuritaire », analyse un député de la majorité. Un scepticisme partagé par de nombreuses ONG, qui dénoncent une politique « court-termiste et inhumaine ».

« Cadenasser nos frontières ne fera que pousser les migrants à prendre encore plus de risques. C’est une fuite en avant dangereuse qui ne règlera rien sur le long terme. »

Pierre Alain, porte-parole de l’association Terre d’Asile.

Preuve que malgré la fermeté affichée, le sujet de l’immigration reste un casse-tête pour le gouvernement. Entre humanité et fermeté, l’exécutif marche sur une ligne de crête de plus en plus étroite. Et à sept mois des élections européennes, où l’enjeu migratoire sera central, chaque pas compte.

La circulaire de Bruno Retailleau pose un premier jalon. Reste à savoir si cette stratégie musclée portera ses fruits ou si elle ne fera qu’agiter un chiffon rouge supplémentaire sur une thématique déjà brûlante. Réponse dans les prochains mois, où les résultats sur le terrain seront scrutés de près. En attendant, le ministre de l’Intérieur a donné le ton. Celui d’une politique qui ne transige plus avec la lutte contre l’immigration clandestine.

Dans les aéroports aussi, les contrôles seront renforcés avec une attention particulière portée « aux liaisons sensibles, en provenance des pays sources ou de transit de l’immigration irrégulière ». La Police Aux Frontières (PAF) sera en première ligne, épaulée par des effectifs supplémentaires.

Des moyens renforcés

Pour mener à bien cette offensive, le ministre promet des « moyens à la hauteur des enjeux ». Un effort budgétaire et humain qui passera par :

  • Le recrutement de 3500 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici 2025, dont une partie sera affectée spécifiquement à la lutte contre l’immigration clandestine.
  • La création de 500 postes de douaniers pour muscler les contrôles aux frontières.
  • L’octroi d’un budget supplémentaire de 60 millions d’euros pour moderniser les équipements (drones, caméras thermiques, lecteurs automatisés de plaques…).

Des annonces qui devront rapidement se traduire sur le terrain pour espérer inverser la tendance. Car malgré une politique déjà très restrictive ces dernières années, la pression migratoire ne faiblit pas. En 2023, le nombre de demandes d’asile a encore progressé de 8%, après une hausse de 21% en 2022 selon l’OFPRA.

Des doutes sur l’efficacité de cette stratégie

Si ce tournant sécuritaire est applaudi par la frange la plus dure de la majorité, certains doutent déjà de son efficacité. « On ne réglera pas le problème de fond, qui est celui des inégalités de développement, par la seule réponse sécuritaire », analyse un député de la majorité. Un scepticisme partagé par de nombreuses ONG, qui dénoncent une politique « court-termiste et inhumaine ».

« Cadenasser nos frontières ne fera que pousser les migrants à prendre encore plus de risques. C’est une fuite en avant dangereuse qui ne règlera rien sur le long terme. »

Pierre Alain, porte-parole de l’association Terre d’Asile.

Preuve que malgré la fermeté affichée, le sujet de l’immigration reste un casse-tête pour le gouvernement. Entre humanité et fermeté, l’exécutif marche sur une ligne de crête de plus en plus étroite. Et à sept mois des élections européennes, où l’enjeu migratoire sera central, chaque pas compte.

La circulaire de Bruno Retailleau pose un premier jalon. Reste à savoir si cette stratégie musclée portera ses fruits ou si elle ne fera qu’agiter un chiffon rouge supplémentaire sur une thématique déjà brûlante. Réponse dans les prochains mois, où les résultats sur le terrain seront scrutés de près. En attendant, le ministre de l’Intérieur a donné le ton. Celui d’une politique qui ne transige plus avec la lutte contre l’immigration clandestine.

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