Alors que le débat sur l’immigration continue de diviser l’opinion publique française, un récent sondage vient jeter un pavé dans la mare. Selon cette enquête, pas moins de 48% des Français seraient aujourd’hui favorables à une politique d’immigration zéro, c’est-à-dire à l’arrêt total des flux migratoires vers l’Hexagone. Un chiffre en hausse de 7 points par rapport à 2021, qui témoigne d’une évolution significative des mentalités sur ce sujet sensible.
Une tendance de fond qui s’accentue
Cette tendance, loin d’être anecdotique, confirme un durcissement progressif de l’opinion vis-à-vis de l’immigration depuis plusieurs années. Déjà en 2018, 64% des Français jugeaient le rythme de l’immigration “trop élevé”, contre seulement 4% qui l’estimaient “pas assez élevé”. Un clivage qui n’a cessé de s’accentuer depuis, sur fond de crises migratoires à répétition et de montée des discours populistes.
Un clivage politique et social
Sans surprise, ce sont les électeurs de droite et d’extrême-droite qui se montrent les plus favorables à une fermeture totale des frontières. Selon le sondage, les sympathisants du Rassemblement National et de Reconquête! y sont “unanimement favorables”. À l’inverse, la gauche reste majoritairement opposée à une telle mesure, de même que les catégories sociales les plus aisées. Un clivage politique et social qui reflète les fractures de la société française sur la question migratoire.
Il n’y a ni droit d’asile ni migrant économique ; il n’y a qu’une invasion des peuples du sud vers le nord qui utilise tous les canaux possibles.
Éric Zemmour, homme politique
Une mesure difficilement applicable
Malgré cette adhésion croissante dans l’opinion, la perspective d’une immigration zéro reste toutefois hypothétique. D’abord parce qu’une telle mesure se heurterait à de nombreux obstacles juridiques, au regard du droit international et européen. Ensuite parce que ses conséquences économiques et démographiques seraient considérables, dans un pays qui peine déjà à recruter dans de nombreux secteurs en tension.
Un débat loin d’être clos
Pour autant, ce sondage confirme que la question migratoire est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français. Un enjeu majeur dont devront tenir compte les différentes forces politiques, à l’approche des prochaines échéances électorales. Entre fermeté et humanité, réalisme et idéologie, le débat sur l’immigration est loin d’avoir livré tous ses secrets. Et continue de cristalliser les passions dans une France plus divisée que jamais.
Les raisons d’un durcissement
Comment expliquer cette évolution de l’opinion publique en faveur d’une politique migratoire plus restrictive ? Plusieurs facteurs peuvent être avancés :
- Un sentiment d’insécurité culturelle et identitaire face à l’arrivée de populations perçues comme difficilement “assimilables”.
- Une crainte pour l’équilibre du modèle social, avec l’idée que l’immigration pèserait sur les comptes publics et le marché du travail.
- Une défiance vis-à-vis de l’islam, souvent amalgamé à l’immigration, sur fond de menace terroriste.
- Un désaveu des politiques migratoires jugées trop laxistes, accusées de laisser prospérer une immigration illégale de masse.
Quelles alternatives ?
Face à ces inquiétudes, l’idée d’une immigration zéro apparaît pour beaucoup comme une solution radicale mais efficace. Pourtant, d’autres pistes existent pour tenter de réguler les flux migratoires sans tomber dans l’écueil de la fermeture totale :
- Renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Europe, pour tarir les filières d’immigration clandestine.
- Conditionner davantage l’octroi de titres de séjour à l’obtention d’un contrat de travail ou à des critères d’intégration.
- Accélérer le traitement des demandes d’asile et l’expulsion des déboutés, pour désengorger le système.
- Mieux répartir les efforts d’accueil entre pays européens, via des quotas négociés et des aides financières.
Autant de leviers qui permettraient de reprendre le contrôle d’une politique migratoire aujourd’hui en crise, sans pour autant renoncer aux valeurs humanistes qui font l’identité de la France. Car derrière les chiffres et les sondages, ce sont bien des hommes, des femmes et des enfants qui cherchent un avenir meilleur. Un défi humain autant que politique, qui appelle une réponse à la hauteur des enjeux.