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Iman Kerroua : Briser le Silence sur les Violences Conjugales

Iman Kerroua revient à Alfortville avec London Bridge, un spectacle bouleversant sur les violences conjugales vécues par sa mère. Comment transforme-t-elle la douleur en art ? Découvrez son histoire...

Imaginez une petite fille, cachée dans l’ombre d’un couloir, assistant, impuissante, aux cris et aux coups qui déchirent son foyer. Cette enfant, c’était Iman Kerroua, une artiste aujourd’hui âgée de 42 ans, qui transforme cette douleur en un puissant témoignage théâtral. Dans son spectacle London Bridge, présenté ce vendredi 9 mai à Alfortville, elle revient dans sa ville natale pour partager une histoire universelle : celle des violences conjugales et de la résilience. Ce retour aux sources, dans l’ancienne cité des Alouettes, n’est pas anodin. C’est un acte de courage, une façon de boucler la boucle et de donner une voix à celles et ceux qui souffrent en silence.

Un Témoignage Intime au Cœur d’Alfortville

Pour Iman Kerroua, revenir à Alfortville, c’est comme rouvrir un vieux carnet de souvenirs, où chaque page est marquée par des émotions brutes. Née et élevée dans l’ex-cité des Alouettes, elle foule à nouveau le sol de sa jeunesse pour présenter London Bridge au POC, un espace culturel emblématique de la ville. Ce spectacle, qu’elle a peaufiné dans les théâtres parisiens, n’est pas une simple performance : c’est une autofiction, un récit où l’artiste se met à nu pour raconter son enfance, marquée par les violences subies par sa mère.

Dans une mise en scène épurée, Iman incarne à la fois l’enfant qu’elle était et la femme qu’elle est devenue. Elle nous plonge dans des souvenirs où la peur et l’amour se mêlent, où les murs d’un appartement deviennent les témoins muets d’une souffrance quotidienne. Mais ce spectacle n’est pas seulement une descente dans la douleur : il célèbre aussi la **force intérieure** qui permet de surmonter les traumatismes.

« Longtemps, on a considéré les enfants comme de simples témoins des violences conjugales. Aujourd’hui, la sémantique a évolué. »

– Iman Kerroua

Les Violences Conjugales : Un Fléau Silencieux

Les violences conjugales ne se limitent pas aux victimes directes. Elles laissent des cicatrices profondes sur les enfants qui en sont témoins. Iman Kerroua en sait quelque chose. De la fin de l’école primaire jusqu’à la fin du collège, elle a grandi dans un environnement où les coups physiques et les violences verbales étaient une réalité presque quotidienne. Ces expériences ont façonné sa vision du monde, mais aussi sa détermination à transformer cette douleur en quelque chose de constructif.

Selon les statistiques, environ **1 enfant sur 5** en France est exposé à des violences au sein de son foyer. Ces chiffres, bien que glaçants, ne racontent qu’une partie de l’histoire. Les conséquences psychologiques – anxiété, sentiment d’insécurité, difficulté à tisser des liens – peuvent perdurer toute une vie. Pourtant, Iman refuse de se laisser enfermer dans le rôle de victime. À travers London Bridge, elle montre que les blessures du passé peuvent devenir une source de **création artistique** et de changement social.

London Bridge : Une Métaphore Puissante

Pourquoi London Bridge ? Le titre du spectacle n’est pas choisi au hasard. Le pont, dans l’imaginaire collectif, symbolise le passage, la connexion, mais aussi la fragilité. Pour Iman, ce pont représente le lien entre son passé douloureux et son présent, entre l’enfant terrifiée et la femme libre. Mais il évoque aussi la rupture, la destruction des fondations familiales sous le poids des violences.

Sur scène, Iman utilise des métaphores visuelles et sonores pour transmettre cette dualité. Une lumière vacillante, des bruits étouffés, une gestuelle à la fois fragile et puissante : chaque détail est pensé pour immerger le spectateur dans son univers. Le public, qu’il soit composé de visages familiers d’Alfortville ou d’inconnus, est invité à réfléchir à sa propre relation avec la **résilience** et la reconstruction.

  • ➤ Une narration qui mêle humour, poésie et gravité.
  • ➤ Une mise en scène minimaliste pour un impact maximal.
  • ➤ Un message universel sur la force de l’art face à la douleur.

Un Retour Chargé d’Émotions à Alfortville

Pour Iman, jouer à Alfortville est à la fois un privilège et un défi. « Ici, c’est vraiment un point d’ancrage », confie-t-elle. Mais ce retour est aussi teinté d’appréhension. Parmi les spectateurs, il y aura des « têtes familières », des personnes qui ont peut-être croisé son chemin dans les rues de la cité des Alouettes. Cette proximité rend l’exercice encore plus intime, presque vulnérable.

Alfortville, avec son tissu social riche et ses défis, est un personnage à part entière dans l’histoire d’Iman. La ville, située dans le Val-de-Marne, incarne à la fois les luttes et les espoirs d’une communauté. En choisissant le POC comme lieu de représentation, Iman renoue avec cet héritage, tout en offrant à sa ville un miroir de son propre parcours.

L’Art comme Outil de Guérison

Si London Bridge est un cri contre les violences conjugales, c’est aussi une ode à la **guérison par l’art**. Iman Kerroua ne se contente pas de raconter son histoire : elle invite le public à questionner les normes sociales, les silences complices et les mécanismes qui perpétuent les violences. Son spectacle est une passerelle – un autre pont – entre les victimes, les témoins et ceux qui cherchent à comprendre.

Dans un monde où les tabous autour des violences conjugales commencent à peine à se fissurer, des artistes comme Iman jouent un rôle crucial. Leur voix, portée par la scène, résonne bien au-delà des murs du théâtre. Elle rappelle que l’art peut être un refuge, un moyen de réécrire son histoire et de redonner du pouvoir à ceux qui se sentent brisés.

Impact des violences conjugales Rôle de l’art
Traumatismes psychologiques durables Offrir un espace d’expression et de catharsis
Isolement social des victimes et témoins Créer des ponts entre les expériences individuelles
Silence et tabous sociétaux Sensibiliser et briser les stigmates

Pourquoi Ce Spectacle Résonne Aujourd’hui

En 2025, les violences conjugales restent un sujet brûlant. Malgré les campagnes de sensibilisation et les avancées législatives, les chiffres restent alarmants : en France, une femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint tous les trois jours. Les enfants, souvent oubliés dans ces drames, portent des blessures invisibles. London Bridge arrive donc à point nommé pour rappeler l’urgence de briser le silence.

Le spectacle d’Iman Kerroua ne se contente pas de dénoncer. Il propose une réflexion sur la manière dont une société peut se reconstruire après la violence. En mêlant humour, poésie et gravité, l’artiste parvient à toucher un public large, des jeunes aux aînés, des habitants d’Alfortville aux spectateurs parisiens.

Un Message d’Espoir pour l’Avenir

Si London Bridge est un voyage dans les méandres de la douleur, il se termine sur une note d’espoir. Iman Kerroua, à travers son art, montre qu’il est possible de transformer les épreuves en force. Elle incarne cette idée que les blessures, aussi profondes soient-elles, ne définissent pas une personne. Au contraire, elles peuvent devenir le moteur d’une vie dédiée à la création et à l’engagement.

Pour les habitants d’Alfortville, ce spectacle est une occasion unique de découvrir une artiste locale qui a su transcender son passé. Pour tous les autres, c’est un rappel que l’art a le pouvoir de guérir, d’éduquer et de rassembler. En quittant la salle du POC ce vendredi 9 mai, les spectateurs emporteront avec eux une question essentielle : comment, à notre tour, pouvons-nous briser les silences qui pèsent sur notre société ?

Un spectacle à ne pas manquer, une voix à écouter.

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