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Îles Chagos : Le Royaume-Uni Illégalement Détient Des Migrants

Le tribunal britannique des îles Chagos a rendu un verdict choc : le gouvernement du Royaume-Uni a illégalement détenu des demandeurs d'asile sri-lankais dans des conditions indignes sur une base militaire pendant près de 3 ans. Les détails de cette affaire qui ébranle la couronne britannique...

Une affaire qui ébranle la couronne britannique. Le tribunal du territoire britannique de l’océan Indien a rendu lundi un jugement accablant à l’encontre du gouvernement du Royaume-Uni. Celui-ci est reconnu coupable d’avoir illégalement détenu pendant près de trois ans 64 demandeurs d’asile sri-lankais originaires de la minorité tamoule, dans des conditions qualifiées de « sordides », sur la base militaire britannico-américaine de Diego Garcia, au cœur des îles Chagos.

Des demandeurs d’asile secourus puis détenus

Tout commence en octobre 2021, lorsque ces exilés tamouls, fuyant les persécutions dans leur pays selon leurs dires, sont secourus dans les eaux des îles Chagos. Croyant leur calvaire terminé, ils tentent alors de déposer une demande d’asile auprès du Royaume-Uni. C’était sans compter sur la réticence du gouvernement britannique, qui par crainte d’ouvrir une nouvelle route migratoire, décide de les maintenir sur place, dans le camp de la base militaire de Diego Garcia. Un « séjour » qui durera finalement près de trois longues années dans ce que les exilés qualifient de conditions proches de celles d’une « prison ».

Invasion de rats et intimité inexistante

D’après les descriptions faites par les demandeurs d’asile, leurs conditions de vie sur la base militaire s’apparentaient à une véritable détention. Parqués dans des logements insalubres envahis par les rats, ils étaient privés de toute intimité, leur camp étant placé sous surveillance permanente d’agents de sécurité. Des « sanctions » étaient imposées à ceux qui osaient s’aventurer sans autorisation en dehors du périmètre qui leur était assigné. Certains, par désespoir, ont tenté de s’automutiler ou entamé des grèves de la faim pour protester contre leur sort.

Il n’est pas surprenant qu’ils aient eu l’impression d’être en prison : c’est exactement ce dont il s’agissait, à l’exception du nom.

Margaret Obi, juge par intérim du tribunal du « Territoire britannique de l’océan Indien »

Une « liberté de partir » en trompe-l’œil

Si les autorités britanniques en charge de l’administration de ce territoire avaient argué que les exilés étaient « libres de partir » à tout moment, la juge Margaret Obi a balayé cet argument. Selon elle, au vu des conditions de détention et de l’isolement géographique de l’île, il ne s’agissait pas d’un « véritable choix ».

Indemnisation à venir pour les exilés

Si la plupart des demandeurs d’asile concernés ont finalement pu rejoindre le Royaume-Uni ce mois-ci et y déposer leur demande d’asile, la juge a conclu à la culpabilité du gouvernement britannique dans cette affaire de détention illégale. Le montant des dommages et intérêts que ce dernier devra verser aux exilés en guise de réparation sera communiqué ultérieurement.

L’épineuse question de la souveraineté des îles Chagos

Cette affaire remet aussi en lumière le contentieux de longue date entre le Royaume-Uni et Maurice concernant la souveraineté de l’archipel des Chagos. Après des années de différend, les deux pays sont parvenus en octobre dernier à un accord prévoyant le transfert à Maurice de la souveraineté sur les îles, tout en maintenant l’autorité britannique sur la stratégique base militaire de Diego Garcia.

Un jugement qui fait date et qui, au-delà de la nécessaire réparation pour les exilés victimes de cette détention abusive, interroge sur la gestion par Londres de ce territoire éloigné et le respect des droits humains fondamentaux qui incombent à tout État souverain.

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