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Hossam Bahgat, Défenseur des Droits Humains, Libéré sous Caution en Égypte

Hossam Bahgat, éminent défenseur des droits humains en Égypte, a été libéré sous caution après un interrogatoire sous haute tension. Découvrez les coulisses de cette affaire qui soulève de vives inquiétudes quant à la liberté d'expression dans le pays...

L’Égypte a été le théâtre d’un nouvel épisode dans la lutte pour les droits humains ce dimanche, avec la libération sous caution d’Hossam Bahgat, éminent défenseur de ces droits fondamentaux. Après quatre jours d’interrogatoire intense, ponctués d’accusations graves, ce militant respecté a pu quitter les locaux des procureurs contre le paiement d’une caution de 20 000 livres égyptiennes, soit environ 400 dollars.

Une convocation inquiétante

C’est l’Initiative égyptienne pour les droits de l’homme (EIPR), l’ONG fondée par Hossam Bahgat lui-même, qui a annoncé la nouvelle de sa remise en liberté provisoire. Dans un message publié sur sa page Facebook, l’organisation a détaillé les circonstances ayant mené à cette libération et les chefs d’accusation portés contre son fondateur.

Mercredi dernier, l’EIPR avait fait état de la convocation de M. Bahgat par les procureurs, dans le cadre d’une nouvelle affaire le visant. Une convocation pour le moins opaque, puisque ni les détails exacts du dossier, ni la nature précise des accusations n’avaient été spécifiés à ce stade.

De lourdes accusations

Ce n’est qu’au terme de son interrogatoire, étalé sur quatre longues journées, que la lumière a été faite sur les griefs formulés à l’encontre d’Hossam Bahgat. Des accusations particulièrement graves, allant de l’adhésion et du financement d’un groupe terroriste, à la diffusion de fausses informations.

Hossam Bahgat a été l’objet, pendant des années, d’un harcèlement incessant de la part des autorités égyptiennes en lien avec son travail légitime en faveur des droits humains.

Mahmoud Shalaby, chercheur sur l’Égypte à Amnesty International

Pour Mahmoud Shalaby, chercheur spécialiste de l’Égypte au sein d’Amnesty International, cette procédure s’inscrit dans une longue série d’actions visant à faire taire ce militant influent. Un harcèlement quasi-permanent, étroitement lié à son engagement sans faille pour la défense des droits humains dans le pays.

Un long historique de répression

Et pour cause, Hossam Bahgat a déjà fait les frais, par le passé, des tentatives répétées des autorités pour entraver son action. En 2016, une interdiction de voyager lui avait été notifiée et ses avoirs gelés, au motif de la réception présumée illégale de fonds étrangers. Une affaire qui n’aura trouvé son épilogue qu’en 2024, soit 13 ans après son ouverture.

Plus récemment, en novembre 2021, il était condamné à une amende de 10 000 livres égyptiennes pour « insulte à la Commission électorale », « diffusion de fausses nouvelles » et « utilisation d’un compte de réseau social pour commettre ces crimes ». Et ce, pour avoir simplement publié un tweet critiquant l’ancien chef de la Commission nationale des élections égyptiennes.

Une campagne de représailles incessante

Pour Mahmoud Shalaby, cette dernière procédure en date marque un nouveau palier franchi dans la campagne de harcèlement ciblant le militant. Selon lui, les autorités chercheraient ainsi à faire taire toute critique à l’encontre de leur bilan peu reluisant en matière de respect des droits humains fondamentaux.

Si le Caire a bien entrepris quelques timides ouvertures ces dernières années, avec notamment la libération de centaines de prisonniers politiques, la route apparaît encore longue. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, pour chaque personne libérée, ce sont en réalité trois fois plus d’arrestations qui sont menées en parallèle.

Un combat de longue haleine

La libération sous caution d’Hossam Bahgat constitue indéniablement une bouffée d’air frais pour tous les défenseurs des droits humains dans le pays et au-delà. Un espoir ténu mais bien réel qu’un réel changement de cap soit possible.

Mais au vu du lourd passif des autorités en la matière et des nombreuses procédures encore en cours à l’encontre de militants et journalistes, la prudence reste de mise. Le chemin vers une véritable liberté d’expression et le respect des droits fondamentaux en Égypte s’annonce encore long et parsemé d’embûches.

Une seule certitude : le combat mené par Hossam Bahgat et ses pairs est plus que jamais d’actualité. Et leur détermination à faire entendre la voix de ceux qui sont réduits au silence n’a pas fini de faire des vagues sur les rives du Nil et bien au-delà.

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