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Hong Kong : 27 ans d’une histoire mouvementée depuis la rétrocession

27 ans après sa rétrocession, Hong Kong a connu une histoire tumultueuse. Des manifestations monstres aux lois sécuritaires, ce territoire a vu son autonomie progressivement rognée. Découvrez les moments clés qui ont façonné son destin.

Le 1er juillet 1997, un événement majeur s’est produit : après 156 ans de domination britannique, Hong Kong était rétrocédé à la Chine. Ce petit territoire d’un peu plus de 1000 km2 entamait alors un nouveau chapitre de son histoire, bénéficiant d’un statut spécial censé garantir son autonomie pendant au moins 50 ans. Mais 27 ans plus tard, force est de constater que le chemin parcouru a été semé d’embûches.

La crise financière et sanitaire, premiers défis pour Hong Kong

Peu après la rétrocession, Hong Kong a dû affronter une crise financière majeure qui a secoué toute l’Asie. Quelques années plus tard, le virus du SRAS a frappé le territoire, faisant près de 300 morts et paralysant durablement l’économie. Des moments difficiles qui ont révélé la résilience des habitants de Hong Kong mais aussi leur dépendance vis-à-vis du soutien de la Chine continentale.

Pékin a en effet mis en place des mesures pour relancer l’économie hongkongaise, comme la levée des barrières douanières ou l’assouplissement des restrictions de voyage pour les touristes chinois. Ce rapprochement économique s’est accompagné d’un resserrement des liens politiques, qui n’a pas été sans conséquences…

2003 : première grande mobilisation contre l’ingérence de Pékin

En juillet 2003, un demi-million de Hongkongais sont descendus dans les rues pour protester contre un projet de loi sur la sécurité nationale, perçu comme une tentative de Pékin de rogner les libertés locales. Face à cette mobilisation massive, le texte controversé a finalement été abandonné. Mais la question de l’autonomie de Hong Kong et de la mainmise de Pékin était désormais posée.

2014 : le “mouvement des parapluies” pour des élections libres

Dix ans plus tard, Hong Kong a connu un nouveau moment historique avec le “mouvement des parapluies”. Pendant 79 jours, des milliers de manifestants prodémocratie ont occupé pacifiquement plusieurs quartiers pour réclamer l’instauration du suffrage universel. Malgré une mobilisation exceptionnelle qui a attiré l’attention du monde entier, Pékin n’a pas cédé. Les élections démocratiques promises pour 2017 n’ont pas eu lieu.

2019-2020 : le grand basculement avec les manifestations monstres

L’année 2019 a marqué un tournant pour Hong Kong, avec un mouvement de contestation sans précédent par son ampleur et sa durée. Pendant des mois, des manifestations monstres ont rassemblé jusqu’à 2 millions de personnes pour dénoncer un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine continentale. Si le texte a finalement été abandonné, la mobilisation s’est transformée en une vaste révolte contre les ingérences de Pékin et pour davantage de démocratie.

Face à ce défi, la Chine a riposté avec force en 2020. En juin, elle a imposé à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale extrêmement répressive, sans même consulter le Parlement local. Ce texte qui vise à sanctionner la subversion, la sécession, le terrorisme ou la collusion avec des forces étrangères, a changé radicalement la donne. Pour de nombreux observateurs, il a sonné le glas du principe “un pays, deux systèmes” et de l’autonomie de Hong Kong.

Répression et normalisation depuis 2020

Depuis l’entrée en vigueur de cette loi liberticide, la plupart des figures du mouvement prodémocratie ont été arrêtées, contraintes au silence ou à l’exil. Dans le même temps, Pékin a profondément remanié le système électoral hongkongais pour s’assurer que seuls des “patriotes” puissent se présenter aux élections. Une normalisation à marche forcée, qui efface progressivement la singularité de Hong Kong.

“Hong Kong a changé de visage. La ville dynamique et libre que l’on connaissait n’est plus qu’un souvenir. Tout est sous contrôle maintenant.”

– Un militant prodémocratie exilé

Récemment, de nouvelles lois sur la sécurité nationale sont encore venues renforcer l’arsenal répressif. Des peines allant jusqu’à la prison à perpétuité sont prévues pour des crimes aussi vagues que la sédition ou le vol de secrets d’Etat. Et en novembre 2024, plusieurs dizaines de militants ont été lourdement condamnés pour leur participation à des élections primaires considérées comme subversives. Des verdicts qui témoignent du verrouillage de plus en plus étroit de l’espace public et politique à Hong Kong.

Quel avenir pour Hong Kong ?

27 ans après la rétrocession, le bilan est amer pour beaucoup de Hongkongais attachés aux valeurs démocratiques. Malgré une résistance acharnée, l’étau de Pékin n’a cessé de se resserrer sur le territoire. Et la logique sécuritaire promue par Xi Jinping ne laisse présager aucune inflexion, bien au contraire.

Dans ce contexte, de nombreux habitants ont choisi l’exil, notamment vers le Royaume-Uni qui leur a ouvert ses portes. Ceux qui restent doivent composer avec une nouvelle réalité, où critiquer le gouvernement est devenu risqué et où l’autocensure est la règle. Le dynamisme économique et culturel de Hong Kong pourra-t-il survivre à cet environnement de plus en plus étouffant ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : la Hong Kong d’avant 2020, vibrante et impertinente, a bel et bien disparu.

Entre crise et contestation, rébellion et répression, les 27 premières années de Hong Kong sous souveraineté chinoise auront été tout sauf un long fleuve tranquille. Et nul ne peut prédire ce que réserveront les 27 prochaines années, avant l’échéance fatidique de 2047 qui marquera la fin théorique de son statut spécial. Une seule certitude : l’âme de Hong Kong, forgée par des décennies de luttes pour la liberté, n’est pas près de s’éteindre.

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