Une vague d’émotion a déferlé sur la France ce lundi alors que les collèges et lycées du pays rendaient hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, deux professeurs sauvagement assassinés à trois ans d’intervalle par des islamistes radicalisés. Une minute de silence lourde de sens s’est tenue dans les établissements, avec la ferme volonté de ne jamais oublier ces drames qui ont profondément marqué la Nation.
Deux destins brisés par la barbarie terroriste
Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie âgé de 47 ans, a été décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine par un réfugié tchétchène de 18 ans. Son seul tort : avoir montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Trois ans plus tard, presque jour pour jour, c’est au tour de Dominique Bernard, 57 ans, d’être poignardé à mort devant son établissement par un ancien élève fiché pour radicalisation.
Ils enseignaient l’histoire de France, la connaissance du monde, et l’amour de notre langue. Ils transmettaient à leurs élèves le goût d’apprendre et l’esprit de citoyenneté.
– Michel Barnier, Premier ministre
Un hommage national vibrant d’émotion
Pour honorer la mémoire de ces enseignants tombés sous les coups du fanatisme, une minute de silence a été observée ce lundi dans tous les collèges et lycées de France. Le Premier ministre Michel Barnier s’est rendu au collège du Bois d’Aulne où officiait Samuel Paty, accompagné de sa ministre de l’Éducation Anne Genetet. La veille, plus de 2000 personnes s’étaient rassemblées à Arras pour rendre un dernier hommage à Dominique Bernard.
Au-delà du recueillement, cet hommage se veut aussi un message fort de détermination face à l’obscurantisme. Selon une source proche du gouvernement, l’objectif est de “mettre tout en œuvre pour protéger nos enseignants et continuer avec eux à lutter contre l’ignorance et le fanatisme”.
L’école, rempart contre la radicalisation
Au cœur de cet hommage, l’école est plus que jamais perçue comme un bastion essentiel pour faire barrage à la radicalisation islamiste. Par la transmission des savoirs et des valeurs républicaines, elle joue un rôle crucial pour éveiller les consciences citoyennes des jeunes générations.
Il est indispensable que l’école se retrouve autour d’un temps d’hommage, pour mettre des mots sur ce qui est encore une très grande douleur.
– Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU
En marge de cette minute de silence, de nombreux établissements prévoient des temps d’échanges et de réflexion avec les élèves, laissés à l’appréciation des équipes pédagogiques. L’enjeu : permettre l’expression du ressenti des jeunes face à ces tragédies, tout en réaffirmant avec force les principes fondateurs de la République.
Ne jamais baisser la garde face à la menace
Si cet hommage est empreint d’une immense tristesse, il se veut aussi un rappel de la nécessité de ne jamais relâcher la vigilance face à la menace terroriste. Selon des sources sécuritaires, le risque d’attentats ciblant spécifiquement le corps enseignant reste élevé, alimenté par la propagande haineuse qui circule sur les réseaux sociaux.
Pour tenter d’endiguer ce fléau, le gouvernement a annoncé un renforcement des moyens alloués à la protection des établissements scolaires et au suivi des individus radicalisés. Des mesures qui peinent toutefois à apaiser totalement les craintes de la communauté éducative, encore sous le choc de ces assassinats qui ont frappé au cœur de l’École de la République.
En mémoire de Samuel Paty et Dominique Bernard
Au-delà de la douleur et de la colère, cet hommage national se veut porteur d’espoir. Espoir que le sacrifice de ces professeurs ne soit pas vain et que leur message humaniste continue de résonner dans les salles de classe. Espoir aussi que leur engagement sans faille pour la transmission du savoir et des valeurs citoyennes inspire les nouvelles générations d’enseignants.
En ce jour de recueillement, la France toute entière a une pensée émue pour Samuel Paty, Dominique Bernard et tous ces “hussards de la République” qui, dans l’ombre des salles de classe, œuvrent inlassablement à construire les citoyens de demain. Face à la barbarie, leur engagement est notre plus précieux rempart.
