C’est avec une profonde tristesse et une vive émotion que plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi soir devant le siège de la Croix-Rouge à Genève, en Suisse, pour rendre un vibrant hommage aux travailleurs humanitaires tués dans l’exercice de leurs fonctions au cours de l’année 2024. Vêtus de leurs emblématiques gilets rouges et une bougie à la main, les participants ont exprimé leur chagrin et leur consternation face à ce bilan particulièrement lourd et alarmant.
31 vies brutalement fauchées au service des autres en 2024
Cette cérémonie solennelle intervenait à la veille de la Journée internationale des volontaires. L’occasion de mettre en lumière le sacrifice ultime consenti par ces femmes et ces hommes engagés sur le terrain pour venir en aide aux populations les plus vulnérables. Pas moins de 31 volontaires et employés de la Croix-Rouge ont ainsi perdu la vie en 2024 aux quatre coins de la planète, faisant de celle-ci l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour l’ensemble des organisations humanitaires.
Nous sommes choqués. Nous sommes consternés.
Nena Stoiljkovic, secrétaire générale adjointe de la FICR
Après une minute de silence lourde d’émotion, chacun des noms des disparus a été égréné. Leurs portraits, brandis par l’assistance, donnaient un visage à ces destins fauchés dans la fleur de l’âge. « Nous ne sommes pas une cible », a martelé Frank Mohrhauer, un haut responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), rappelant le principe d’inviolabilité des personnels humanitaires pourtant régulièrement bafoué sur le terrain.
Gaza et Ukraine, épicentres des violences contre les humanitaires
Si la guerre à Gaza a lourdement pesé dans ce bilan sans précédent, d’autres régions du globe ont été le théâtre d’actes de violences inouïes et d’assassinats ciblés visant les travailleurs humanitaires, notamment au Soudan et en Ukraine. Un constat qui soulève de vives inquiétudes quant aux conditions de plus en plus périlleuses dans lesquelles les organisations doivent déployer leurs activités.
Ce sinistre cap n’a pas épargné le réseau de la FICR.
Nena Stoiljkovic
Et la liste macabre ne cesse hélas de s’allonger. La semaine dernière encore, un volontaire du Croissant-Rouge arabe syrien a été tué et huit autres blessés dans un attentat alors qu’ils portaient assistance à des populations dans le besoin. Un énième drame qui vient rappeler l’urgence de renforcer la protection des personnels humanitaires sur le terrain pour leur permettre de mener à bien leurs missions essentielles.
Un bien triste record qui soulève de lourdes inquiétudes
Déjà l’an dernier, les Nations Unies avaient tiré la sonnette d’alarme en annonçant le dépassement du chiffre record de 280 humanitaires tués en 2023. Force est de constater que malgré les appels répétés de la communauté internationale, la situation ne cesse hélas de se dégrader, exposant les travailleurs de l’humanitaire à des risques toujours plus grands.
Cet hommage empli de gravité et de recueillement se voulait aussi un moment de réflexion sur ces pertes considérables endurées par la Croix-Rouge et l’ensemble du secteur humanitaire. Une façon de ne pas oublier le lourd tribut payé par ces héros ordinaires qui ont fait don de leur vie au service des autres et d’interpeller la communauté internationale sur l’impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre pour assurer leur protection sur le terrain.
Car derrière ces chiffres glaçants, ce sont des visages, des parcours et des engagements qui s’effacent à jamais. Des vies fauchées dans leur élan de solidarité et d’abnégation. Un sacrifice qui ne saurait rester vain et qui appelle à une prise de conscience collective pour endiguer cette spirale meurtrière. Afin que plus jamais les anges gardiens de l’humanité ne paient de leur vie leur dévouement au service des plus fragiles.