Le monde de l’art contemporain est en deuil. Marie-Claude Beaud, figure emblématique et visionnaire, nous a quittés ce dimanche 29 décembre à l’âge de 78 ans. Connue pour son énergie débordante, ses idées avant-gardistes et son caractère bien trempé, elle laisse derrière elle un héritage inestimable.
Un parcours hors norme
Tout au long de sa carrière, Marie-Claude Beaud a marqué de son empreinte les institutions qu’elle a dirigées. Son périple commence en 1984, lorsqu’elle rejoint la Fondation Cartier pour l’art contemporain, alors située à Jouy-en-Josas. Aux côtés d’Alain Dominique Perrin, président de la Fondation, elle participe activement à l’essor de ce lieu dédié à la création contemporaine.
Son talent pour dénicher et promouvoir de jeunes artistes prometteurs ne passe pas inaperçu. Comme le souligne une source proche, « Marie-Claude avait un flair incroyable. Elle savait repérer les talents de demain et leur donner une visibilité ». Parmi ses découvertes, on compte des noms devenus incontournables comme Jean-Michel Othoniel ou Huang Yong Ping.
La Fondation Cartier, un tremplin
Sous sa houlette, la Fondation Cartier devient un acteur majeur de la scène artistique. Les expositions audacieuses et novatrices qu’elle orchestre attirent un public toujours plus large. L’institution déménage en 1994 dans un bâtiment conçu par Jean Nouvel, en plein cœur du 14e arrondissement parisien. Un écrin à la mesure des ambitions de Marie-Claude Beaud.
Marie-Claude était une force de la nature. Quand elle avait une idée en tête, rien ne pouvait l’arrêter. Elle bousculait les codes, prenait des risques, et ça payait !
Un ancien collaborateur de la Fondation Cartier
Un nouveau défi au Luxembourg
En 2000, Marie-Claude Beaud est appelée à relever un nouveau défi : la direction du Mudam, le Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, au Luxembourg. Inauguré en 2006 dans un bâtiment conçu par Ieoh Ming Pei, ce musée devient rapidement une référence en matière d’art contemporain, grâce à la programmation ambitieuse et éclectique insufflée par sa directrice.
Son talent pour créer des passerelles entre les disciplines s’exprime pleinement. Comme le raconte un artiste qui a exposé au Mudam, « Marie-Claude voyait l’art comme un tout. Elle adorait mélanger les genres, confronter les univers. Une exposition pouvait mêler danse, vidéo, peinture, performance… C’était sa marque de fabrique. »
Un dernier chapitre monégasque
En 2009, un nouveau challenge attend Marie-Claude Beaud : la direction du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM). Réparti sur deux sites prestigieux, la Villa Paloma et la Villa Sauber, ce jeune musée lui offre un terrain de jeu à sa mesure.
Avec son équipe, elle conçoit une programmation éclectique, mêlant artistes émergents et figures historiques. Les expositions multiplient les approches, du solo show intimiste à la thématique foisonnante. Toujours à l’affût des tendances, Marie-Claude Beaud n’a pas peur de prendre des risques et d’explorer de nouveaux territoires.
Un héritage vivant
Tout au long de son parcours, Marie-Claude Beaud a su s’entourer de personnalités fortes, qu’elle a poussées à donner le meilleur d’eux-mêmes. Parmi ses fidèles lieutenants, on compte Hervé Chandès, qui lui a succédé à la tête de la Fondation Cartier, ou encore Jean de Loisy, actuel président du Palais de Tokyo.
Au-delà de ces collaborateurs de renom, c’est à toute une génération d’artistes, de commissaires et de professionnels de l’art que Marie-Claude Beaud a transmis sa passion, son énergie et sa vision singulière. Un héritage vivant qui continuera longtemps de nourrir et d’inspirer le monde de l’art contemporain. Selon un proche, « Marie-Claude n’avait pas peur de la mort. Elle disait toujours que tant que les idées vivent, on ne meurt jamais vraiment. »
Un adieu en forme de célébration
Les obsèques de Marie-Claude Beaud auront lieu dans l’intimité familiale. Mais, comme elle l’aurait souhaité, plusieurs événements seront organisés dans les institutions qu’elle a marquées de son empreinte pour lui rendre hommage. Des expositions, des performances, des débats… Autant de moyens de saluer la mémoire de cette grande dame de l’art contemporain et d’honorer son insatiable appétit de création.
Au moment de lui dire adieu, les mots d’un artiste qui l’a côtoyée pendant des années résonnent avec force : « Marie-Claude était un ouragan, un volcan, un feu d’artifice. Elle vous emportait dans son sillage, vous bousculait, vous poussait à vous dépasser. Avec elle, on avait l’impression que tout était possible. Son départ laisse un grand vide, mais aussi une envie folle de continuer, d’inventer, d’oser. C’est ça, son plus bel héritage. »