Lundi 11 novembre, une cérémonie empreinte de recueillement et d’émotion s’est déroulée à Genève. Sur le monument aux morts franco-suisse de la ville, deux nouvelles stèles ont été dévoilées, portant les noms de 291 soldats français et suisses tombés au champ d’honneur durant la Première Guerre mondiale. Des noms jusqu’alors absents de ce lieu de mémoire, des destins broyés par la Grande Guerre et peu à peu oubliés avec le temps qui passe.
Un travail minutieux pour redonner une identité aux disparus
C’est grâce aux recherches acharnées menées par l’association Mémoires que ces “oubliés de l’Histoire” ont pu être identifiés. Fondée en 2020 sous l’égide du Consulat général de France à Genève, cette association s’est attelée à un travail titanesque : retrouver dans les archives les noms de tous les combattants liés à Genève morts pour la France, et qui n’étaient pourtant pas mentionnés sur le monument aux morts de la ville. Un travail de fourmi rendu complexe par les statuts variés de ces soldats :
Très rapidement, nous nous sommes aperçus que les dossiers recelaient encore des personnes qui étaient passées entre les mailles du filet en raison de la complexité de leur statut. Des Français morts en France mais qui vivaient en Suisse, des engagés volontaires suisses, des binationaux.
Nicolas Ducimetière, président de l’association Mémoires
Au fil de ses investigations, l’association est parvenue à retrouver la trace de 291 de ces combattants “perdus dans les archives”. Français mobilisés, volontaires suisses, leur seul point commun était d’être nés à Genève ou dans sa région, et d’avoir donné leur vie pour la France entre 1914 et 1918. Après plus de 100 ans dans l’oubli, leurs noms viennent donc d’être ajoutés au monument aux morts, aux côtés de leurs 883 camarades déjà présents.
L’hommage de la France à ses héros
La cérémonie de dévoilement des deux nouvelles stèles portant les noms des 291 soldats s’est déroulée en présence du ministre français de l’Industrie Marc Ferracci. Ancien député des Français établis en Suisse et au Liechtenstein, il a rendu un vibrant hommage à “ces héros qui sont montés à l’assaut des tranchées ennemies, ont défendu nos lignes et sauvé la nation”. Une nation française qui, 100 ans après, n’oublie pas ses enfants tombés pour elle, où qu’ils soient nés.
Le président de l’association Mémoires a tenu à souligner la portée symbolique de cette cérémonie et de ce travail de mémoire :
Ce monument a 100 ans et cet anniversaire est marqué par l’inscription des noms de près de 300 autres soldats morts pour la France. 300 noms gravés qui renvoient chacun à une histoire, à un visage.
Nicolas Ducimetière
La quête de mémoire continue
Mais le travail de l’association Mémoires est loin d’être terminé. Elle entend maintenant raconter l’histoire de chacun de ces 291 soldats dans un ouvrage, en faisant notamment appel aux souvenirs des familles genevoises. Un nouvel acte de transmission qui permettra de donner corps et âme à ces noms gravés dans la pierre.
L’association souhaite également élargir ses recherches à la Seconde Guerre mondiale, en s’intéressant particulièrement au destin des résistants suisses venus combattre en France au moment de la Libération et morts au combat. Une autre page méconnue de l’Histoire qui mérite elle aussi d’être explorée et mise en lumière.
Avec cette cérémonie du 11 novembre, Genève a montré l’exemple d’un devoir de mémoire sans frontières. Car qu’ils soient français ou suisses, mobilisés ou engagés volontaires, nés à Genève ou ailleurs, ces 291 noms désormais gravés dans la pierre partagent le même destin : celui d’être morts pour la France, et de mériter à ce titre toute notre reconnaissance.