Ce samedi matin, un hommage était rendu à Philippine, l’étudiante de 19 ans retrouvée morte dans le bois de Boulogne la semaine dernière. Mais la cérémonie, organisée par la députée Hanane Mansouri à Vienne en Isère, a pris une tournure inattendue quand un groupe d’une trentaine de personnes est venu perturber le recueillement en scandant des chants antifascistes.
Un appel « apolitique » troublé par des militants
Hanane Mansouri, députée UDR âgée de seulement 23 ans, avait lancé un appel qu’elle qualifie « d’apolitique » pour rendre hommage à Philippine. Une cinquantaine de personnes, dont des membres de l’UNI et de son parti mais aussi de simples habitants, s’étaient rassemblées devant le Palais de justice, tenant des portraits de la jeune victime.
Mais alors que l’élue prononçait quelques mots en mémoire de Philippine, exprimant sa pensée pour la famille, un groupe d’une trentaine d’individus est venu se placer à quelques mètres et entonner le chant « Siamo Tutti Antifascisti », régulièrement utilisé par l’extrême gauche.
La colère de la députée face à cette « honte »
« J’aurais honte à leur place de m’être levée un samedi matin pour faire ça », s’est emportée Hanane Mansouri, qui a partagé une vidéo de la scène sur les réseaux sociaux. Pointant la dimension universelle du drame, elle a lancé : « On aurait tous pu être Philippine. Je suis en colère contre l’extrême gauche ».
Notre minute de silence en hommage à Philippine à Vienne a été interrompue par l’extrême gauche.
– Hanane Mansouri, députée UDR
Un militant assume : « Les racistes font flop »
Contacté, l’un des participants à cette action coup de poing, qui se revendique militant LFI, a justifié leur démarche. « Les racistes qui sont venus en Isère pour une manifestation d’instrumentalisation du féminicide de Philippine font flop », a écrit Allan Brunon sur les réseaux sociaux, appelant à se souvenir que « l’extrême droite est l’ennemie des droits des femmes ».
Une rhétorique qui n’a pas convaincu la députée. Pour elle, ce rassemblement se voulait avant tout un moment de recueillement et de solidarité, au-delà des clivages politiques. « Nous étions là pour pleurer, pour prier », a-t-elle insisté, dénonçant une récupération de la part des militants.
Une enquête ouverte sur les circonstances du drame
Philippine, 19 ans, avait été retrouvée morte dans le bois de Boulogne à Paris le week-end dernier. Étudiante brillante à l’université Paris-Dauphine, sa disparition brutale a suscité une vive émotion. Le suspect, qui avait déjà été condamné pour viol en 2019, a été mis en examen et écroué.
Une marche blanche était organisée vendredi à Versailles, ville d’origine de Philippine, réunissant près de 3000 personnes. Ses obsèques se sont déroulées dans la plus stricte intimité. Une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur les circonstances du drame et d’éventuelles failles dans le suivi du suspect.
Face à ce nouvel événement tragique, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un renforcement des moyens de la justice afin de mieux protéger les victimes de violences. Le meurtre de Philippine a ravivé le débat sur la récidive et la prévention des féminicides, qui ont coûté la vie à 122 femmes en 2021 selon les chiffres officiels.
