C’est avec une immense tristesse que le monde du journalisme a appris la disparition de Jean-François Kahn, décédé ce 23 janvier à l’âge de 86 ans. Fondateur des magazines Marianne et L’Événement du jeudi, il laisse derrière lui un héritage considérable, marqué par un engagement sans faille et une vision unique du métier.
Un parcours journalistique d’exception
Né en 1937, Jean-François Kahn débute sa carrière de journaliste dès la fin des années 50. Historien de formation, il couvre notamment la guerre d’Algérie pour Paris Presse l’Intransigeant avant de rejoindre les rédactions du Monde et de L’Express dans les années 60. C’est durant cette période qu’il se forge une réputation de reporter aguerri en suivant la guerre du Vietnam.
Au fil des décennies, Jean-François Kahn devient une figure incontournable du paysage médiatique français. Éditorialiste sur Europe 1 dans les années 70, il prend ensuite les rênes des Nouvelles Littéraires en tant que directeur de la rédaction. Le grand public découvre son visage à la télévision, où il intervient régulièrement dans des émissions phares comme L’Heure de vérité.
La naissance de deux titres majeurs
En 1984, Jean-François Kahn franchit un cap en créant L’Événement du jeudi, un magazine qui marquera son époque par son ton incisif et son indépendance. Treize ans plus tard, il récidive avec la fondation de l’hebdomadaire Marianne, dont il restera le directeur jusqu’en 2007.
Marianne et L’Événement du jeudi incarnaient la vision du journalisme selon Jean-François Kahn : exigeant, engagé et résolument libre.
Un proche de Jean-François Kahn
Le « centrisme révolutionnaire », fil rouge d’un engagement
Tout au long de sa carrière, Jean-François Kahn a défendu avec ferveur ce qu’il appelait le « centrisme révolutionnaire ». Une ligne éditoriale qui se voulait au-dessus des clivages traditionnels, n’hésitant pas à bousculer tant la gauche que la droite. Engagé au sein du Mouvement Démocrate de François Bayrou, il voyait dans cet « espace libre » un moyen de renouveler le débat public.
Malgré son retrait du journalisme en 2011, Jean-François Kahn a continué de livrer son regard aiguisé sur l’évolution des médias, n’hésitant pas à pointer du doigt les dérives et les menaces qui pèsent sur la profession. Un combat qu’il aura mené jusqu’au bout, fidèle à ses convictions.
L’héritage d’un homme de convictions
Avec la disparition de Jean-François Kahn, c’est une figure majeure du journalisme français qui s’éteint. Un homme de passions et de convictions, qui aura marqué de son empreinte indélébile le paysage médiatique de ces dernières décennies.
Son héritage, porté par les titres qu’il a fondés et la vision du métier qu’il a incarnée, restera une source d’inspiration pour les générations de journalistes à venir. Car au-delà des polémiques et des prises de position tranchées, Jean-François Kahn aura toujours placé l’exigence et la liberté au cœur de son engagement.
Jean-François Kahn était un journaliste dans l’âme, habité par une soif inextinguible de comprendre et de transmettre. Sa disparition laisse un grand vide, mais son exemple perdurera.
Une figure des médias ayant côtoyé Jean-François Kahn
En ces heures douloureuses, c’est tout le monde du journalisme qui se souvient avec émotion et respect de ce grand reporter, éditorialiste hors pair et fondateur de presse visionnaire. Un homme libre, jusqu’au bout. Adieu, Jean-François Kahn.