Un scandale ébranle le monde automobile. Hino Motors, filiale du géant japonais Toyota, a accepté de payer la somme astronomique de 1,6 milliard de dollars aux Etats-Unis. L’objectif ? Solder une embarrassante affaire de tromperie sur les émissions polluantes de ses moteurs diesel. Plus de 110 000 engins sont concernés par ces pratiques trompeuses qui ont permis à Hino d’écouler sa production sur le marché américain en contournant les normes environnementales. Une fraude à grande échelle qui risque de ternir durablement l’image du constructeur.
Une fraude minutieusement orchestrée
D’après les informations communiquées par les autorités, Hino Motors aurait délibérément modifié les données de tests d’émissions pour faire croire que ses moteurs respectaient les seuils autorisés. Un tour de passe-passe qui a berné pendant des années les régulateurs mais aussi les consommateurs. La supercherie a porté sur plus de 110 000 moteurs diesel, principalement utilisés dans des camions de la marque nippone. Une duperie à grande échelle savamment orchestrée.
Les actions de Hino ont directement sapé le programme de l’EPA visant à protéger le public de la pollution de l’air.
Jane Nishida, administratrice par intérim de l’Agence américaine de protection de l’environnement
Un lourd tribut à payer
Pour échapper à un procès retentissant et limiter les dégâts pour sa réputation, Hino a choisi de négocier un accord à l’amiable avec les autorités américaines. Au programme : une amende record de 1,6 milliard de dollars. Une somme astronomique qui comprend des réparations pénales et civiles. L’entreprise devra aussi rappeler certains camions défectueux et dépenser 155 millions de dollars pour remplacer des moteurs de bateaux et locomotives polluants à travers les Etats-Unis. Un vrai chemin de croix pour compenser le préjudice environnemental.
Une mise sous tutelle punitive
Outre le volet financier, Hino est soumis à un régime draconien pendant 5 ans :
- Interdiction d’importer des moteurs diesel
- Obligation de mettre en place un programme de conformité et d’éthique
- Rappel des camions non conformes
- Remplacement de moteurs maritimes et ferroviaires
Une véritable mise sous tutelle qui met l’entreprise sous haute surveillance. Le but est de s’assurer qu’elle ne puisse plus tricher et qu’elle répare les dommages causés.
Un aveu de culpabilité
En acceptant cet accord, Hino reconnaît de facto sa culpabilité. Un aveu en forme de camouflet pour ce fleuron industriel habitué aux honneurs. Cité en exemple pour sa rigueur et son sérieux, le groupe se retrouve éclaboussé par un scandale retentissant. Sa réputation de fiabilité et de respect des normes environnementales est sérieusement écornée. Un coup dur alors que la concurrence fait rage sur le marché des poids lourds.
La délinquance dans les affaires, comme c’est le cas ici, met en danger la santé et le bien-être d’Américains innocents, ainsi que l’environnement dans lequel nous vivons tous.
Dawn Ison, procureur du district est du Michigan en charge du dossier
Le spectre du « dieselgate »
Impossible de ne pas faire le parallèle avec le dieselgate, ce scandale planétaire qui avait éclaboussé Volkswagen en 2015. Le constructeur allemand avait lui aussi utilisé des logiciels pour tricher sur les émissions polluantes de 11 millions de véhicules dans le monde. Une fraude massive qui lui avait coûté plus de 30 milliards d’euros. Si l’ampleur est moindre pour Hino, l’affaire rappelle cruellement que des constructeurs sont prêts à tricher et bafouer les règles pour vendre toujours plus. Loin des discours écoresponsables, la réalité est parfois bien plus sombre dans les coulisses de l’industrie automobile.
Un électrochoc pour l’industrie
Au-delà du cas Hino, cette affaire sonne comme un avertissement pour tout le secteur. Avec le durcissement des normes antipollution, la tentation de tricher pourrait gagner d’autres constructeurs. Les autorités américaines ont montré qu’elles seront intraitables avec ce type de pratiques. Une tolérance zéro qui devrait inciter les acteurs à la plus grande prudence et transparence sur les performances environnementales de leurs produits. Sous peine de s’exposer à la vindicte des régulateurs et de l’opinion publique.
Ce n’est pas parce qu’une entreprise est importante et reconnue qu’elle peut se permettre d’enfreindre la loi. Nous serons particulièrement vigilants sur ces questions de fraude environnementale.
Une source proche du dossier
Et maintenant ?
Pour Hino, l’heure est à la réparation des dommages. Le constructeur va devoir remettre de l’ordre dans ses pratiques et regagner la confiance des consommateurs et des autorités. Un travail de longue haleine qui passera par des engagements forts en matière de transparence et d’éthique. Le groupe devra aussi accélérer sa transition vers des motorisations plus propres pour redorer son blason écologique. Un virage qui s’annonce délicat mais incontournable pour espérer tourner la page de ce scandale retentissant.
Cette affaire est un nouveau coup de semonce pour une industrie automobile déjà bousculée par de nombreux défis. Entre transition énergétique, révolution numérique et aspiration à une mobilité plus durable, les constructeurs doivent se réinventer en urgence. Et surtout ne plus céder aux sirènes de la tricherie et de la dissimulation. Sous peine de voir leur image durablement ternie et leur avenir compromis. Un avertissement que Hino a appris à ses dépens et qui devrait servir de leçon à tout le secteur.