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Heurts entre la police et des déplacés à Beyrouth

Tension à Beyrouth alors que la police tente d'évacuer un squat occupé par des familles ayant fui les bombardements israéliens. Les forces de l'ordre sont confrontées à une vive résistance des déplacés, certains mettant le feu à des poubelles et lançant des projectiles. La situation menace de dégénérer à tout moment...

Un squat à Beyrouth, servant de refuge à des familles libanaises déplacées par les récents bombardements israéliens, est devenu lundi le théâtre de violents heurts entre ces déplacés et les forces de l’ordre venues les expulser. Cette confrontation illustre de manière saisissante les défis humanitaires auxquels le pays est confronté, avec près d’un million de personnes contraintes de fuir leurs foyers en raison de l’escalade du conflit avec Israël.

Une évacuation forcée qui tourne mal

Selon les informations recueillies sur place, la police libanaise est intervenue en nombre pour évacuer cet immeuble abandonné de l’artère animée de Hamra, en plein cœur de Beyrouth, suite à une décision de justice faisant suite à une plainte des propriétaires. Mais l’opération a rapidement dégénéré face à la résistance déterminée des occupants, pour beaucoup originaires de la banlieue sud de la capitale, un fief du Hezbollah lourdement bombardé par l’aviation israélienne ces dernières semaines.

Les images de la scène sont saisissantes : barricades enflammées, projectiles volant en direction des forces de l’ordre, femmes et enfants en pleurs… Les déplacés, se sentant pris au piège, n’ont pas hésité à riposter par tous les moyens. « Les forces de sécurité ont pris d’assaut le bâtiment comme si c’était Israël qui attaquait, pas comme si les deux camps étaient des Libanais », témoigne Amal, une mère de famille qui avait trouvé refuge ici avec ses proches.

Le désarroi des familles expulsées

Pour ces déplacés, c’est l’incompréhension et la colère qui dominent. Beaucoup disent n’avoir nulle part où aller, et dénoncent la brutalité de l’intervention. « Ils ont défoncé les portes, ils ont commencé à frapper, les femmes criaient », raconte Lara, 18 ans, qui occupait un appartement avec sa famille. Un sentiment d’injustice partagé par de nombreux témoins de la scène.

Face au tollé, le parquet a finalement accordé un sursis de 48 heures aux familles pour quitter les lieux. Mais le répit est de courte durée pour ces déplacés, qui devront rapidement trouver une autre solution dans une ville déjà saturée. Le Liban, qui compte environ 6 millions d’habitants, a vu près d’un million de personnes affluées dans les villes pour fuir les combats, s’entassant dans des conditions souvent précaires.

Un pays au bord de la crise humanitaire

Si la situation à Beyrouth est particulièrement tendue, c’est l’ensemble du pays qui est confronté à un immense défi face à l’afflux massif de déplacés internes. Écoles, habitations surpeuplées, bâtiments inoccupés… Tous les espaces disponibles sont réquisitionnés pour héberger tant bien que mal les familles ayant tout abandonné pour survivre.

Face à l’urgence, le gouvernement tente de réagir. Le ministre de l’Intérieur Bassam Mawlawi a promis des “mesures exceptionnelles” pour mettre fin aux occupations illégales de propriétés publiques et privées. Mais les moyens manquent cruellement et la tâche s’annonce titanesque pour un pays dont les infrastructures et les services sont déjà poussés à leurs limites extrêmes par des années de crise politique et économique.

Le spectre d’une crise durable

Au-delà de la gestion dans l’urgence, c’est la capacité même du Liban à absorber un tel choc démographique qui interpelle. Avec l’intensification du conflit, le retour des déplacés dans leurs foyers d’origine reste plus qu’incertain à court terme. Le pays du Cèdre doit se préparer à accueillir durablement une population vulnérable ayant tout perdu et nécessitant une prise en charge globale : logement, nourriture, soins, scolarisation des enfants…

Une gageure pour un État déjà exsangue, qui doit en parallèle gérer les retombées économiques et sécuritaires d’un conflit qui s’enlise. Sans une aide internationale massive et coordonnée, le risque est grand de voir le Liban sombrer dans une crise humanitaire majeure, dont l’épisode des heurts à Beyrouth n’est qu’un douloureux prélude. Plus que jamais, la communauté internationale est attendue au chevet d’un pays au bord du gouffre, où l’urgence côtoie chaque jour davantage un quotidien fait de drames et de déracinements.

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