En cette période de campagne électorale, l’héritage s’invite dans le débat public. Mais au-delà des promesses et des postures, quelle est la réalité de l’héritage en France ? Qui sont les véritables héritiers et que reçoivent-ils vraiment ? Décryptage.
Les Français et l’héritage : des destins contrastés
Selon une étude récente, près des deux tiers des Français ont déjà hérité ou s’attendent à hériter au cours de leur vie. Mais derrière ce chiffre se cachent des réalités très diverses. Car si certains touchent le jackpot, pour beaucoup, l’héritage se limite à quelques milliers d’euros, voire moins.
Des montants d’héritage très variables
En moyenne, un héritage se monte à environ 100 000 euros. Mais cette moyenne cache de fortes disparités :
- Seuls 15% des héritages dépassent les 100 000 euros
- La moitié des successions sont inférieures à 30 000 euros
- Un quart des Français héritent de moins de 8000 euros
Autant dire que pour la majorité, l’héritage ne permet pas de changer de vie. Il constitue tout au plus un coup de pouce bienvenu, souvent utilisé pour financer des projets comme l’achat d’une voiture ou des travaux.
L’héritage, miroir des inégalités
Plus encore que les revenus, c’est le patrimoine qui creuse les écarts entre Français. Et l’héritage joue un rôle majeur dans la transmission et la reproduction de ces inégalités.
L’héritage amplifie les inégalités de patrimoine : les 10 % les mieux dotés reçoivent plus de la moitié de la masse transmise chaque année.
Étude INSEE
Autre chiffre marquant : les 0,1% des successions les plus élevées concentrent à elles seules 12% du total des montants transmis. À l’inverse, pour les ménages les plus modestes, l’héritage est quasi-inexistant.
Ce que les Français héritent vraiment
S’il est beaucoup question d’argent, l’héritage ce n’est pas que ça. En réalité, une large part des transmissions concerne des biens immobiliers, et en premier lieu la maison familiale, souvent chargée d’une forte valeur affective.
Viennent ensuite des placements financiers comme l’assurance-vie, des valeurs mobilières, mais aussi tout un ensemble de biens matériels : voiture, meubles, bijoux, œuvres d’art… Parfois, c’est un patrimoine professionnel qui est transmis, comme une entreprise ou une exploitation agricole.
Des droits de succession qui suscitent le débat
Élément central du débat fiscal, les droits de succession sont régulièrement remis sur la table à l’occasion des échéances électorales. Jugés confiscatoires par certains, indispensables à la redistribution pour d’autres, ils divisent la classe politique.
Pour rappel, les héritiers en ligne directe bénéficient d’un abattement de 100 000 euros, et sont ensuite taxés selon un barème progressif allant de 5 à 45%. Des dispositifs permettent toutefois d’alléger la facture, comme la donation entre vifs, exonérée jusqu’à 100 000 euros tous les 15 ans.
Anticiper et bien préparer sa succession
Face à la complexité des règles et aux montants en jeu, de plus en plus de Français cherchent à optimiser la transmission de leur patrimoine. Donation, assurance-vie, testament…les outils ne manquent pas pour organiser sa succession et éviter les mauvaises surprises. À condition de s’y prendre suffisamment tôt et d’être bien conseillé.
Une chose est sûre : avec l’allongement de l’espérance de vie et la hausse des prix de l’immobilier, la question de l’héritage est plus que jamais d’actualité. Et au-delà des enjeux économiques, c’est aussi un sujet éminemment intime et familial, qui touche chacun d’entre nous. Raison de plus pour ne pas le laisser uniquement aux mains des politiques et des experts.