En l’espace de seulement deux semaines, les berges kazakhes de la mer Caspienne ont été le théâtre d’une tragédie écologique sans précédent. Pas moins de 534 cadavres de phoques, une espèce pourtant protégée et menacée d’extinction, ont été découverts entre le 24 octobre et le 7 novembre. Un bilan macabre qui soulève de nombreuses questions sur les causes de cette hécatombe et l’état alarmant de cet écosystème unique au monde.
La pollution et les maladies, principales suspectes
Face à l’ampleur du désastre, les autorités kazakhes ont rapidement ouvert une enquête pour tenter de déterminer les raisons de cette mortalité massive. Et selon les premiers éléments avancés par le Comité pour la pêche, deux pistes semblent se dégager : la pollution marine et la propagation de maladies infectieuses au sein de la population de phoques.
Une hypothèse renforcée par les analyses scientifiques. Les chercheurs estiment en effet que la dégradation de la qualité des eaux de la Caspienne, exposée aux rejets industriels et aux hydrocarbures, fragilise dangereusement la santé de la faune marine. Les phoques, situés au sommet de la chaîne alimentaire, seraient ainsi particulièrement vulnérables aux polluants qui s’accumulent dans leur organisme.
Selon les scientifiques, la pollution marine, les épidémies de maladies infectieuses sont des causes possibles de la mort de ces animaux.
– Le Comité pour la pêche du Kazakhstan
Le braconnage et les filets de pêche mis en cause
Mais la pollution n’est pas la seule menace qui pèse sur les phoques de la Caspienne. Le braconnage, motivé par la valeur de leur fourrure, fait aussi des ravages parmi ces mammifères marins. Une pression de chasse qui s’ajoute aux risques d’enchevêtrement dans les filets de pêche, responsables de 3% des décès constatés selon les autorités.
Autant de facteurs qui ont conduit le Kazakhstan à classer le phoque de la Caspienne sur sa liste rouge des espèces en danger critique d’extinction. Une décision justifiée par la chute vertigineuse de sa population, qui a chuté de plus de 70% au cours du siècle dernier selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Un écosystème fragilisé par le réchauffement climatique
Mais au-delà du sort des phoques, c’est tout l’équilibre de la mer Caspienne qui apparaît aujourd’hui menacé. Car cet écosystème fermé, bordé par cinq pays, subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. La hausse des températures et la baisse alarmante de son niveau d’eau mettent en péril la survie de nombreuses espèces végétales et animales.
Face à cette situation critique, les États riverains tentent de réagir. Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a ainsi assuré en 2022 prendre la question du déclin des phoques “sous son contrôle personnel” et souhaite créer de nouvelles réserves naturelles pour protéger la biodiversité. Un engagement fort mais qui devra se traduire rapidement en actes concrets si l’on veut éviter de nouvelles catastrophes écologiques.
Car le temps presse pour sauver la Caspienne et ses trésors naturels. Cette mer fermée, considérée comme le plus grand lac du monde avec ses 371 000 km2, abrite une faune et une flore uniques au monde qu’il est urgent de préserver. Les 530 phoques retrouvés morts sur les côtes kazakhes sont autant de victimes silencieuses qui doivent nous alerter sur la fragilité de cet écosystème exceptionnel et la nécessité d’agir avant qu’il ne soit trop tard.