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Hausse du ticket modérateur : les Français vont devoir payer plus

Coup de massue pour les assurés : les remboursements de la Sécu vont baisser en 2025 ! Médicaments, consultations... Combien les Français devront-ils payer de leur poche ? Les complémentaires santé vont-elles augmenter leurs tarifs ? Décryptage d'une mesure qui fait polémique...

C’est une annonce qui risque de faire grincer des dents de nombreux Français. Ce lundi, la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a annoncé au Sénat une baisse de 5% des remboursements de médicaments et de consultations médicales par la Sécurité sociale en 2025. Une mesure loin d’être anodine pour le budget des ménages.

La douloureuse addition pour les assurés

Concrètement, le “ticket modérateur”, c’est-à-dire la part des dépenses de santé qui reste à la charge des patients après remboursement de l’Assurance maladie, va augmenter de 5% l’an prochain, pour les médicaments comme pour les consultations. Un coup dur pour les Français déjà fragilisés par l’inflation.

À titre d’exemple, pour une consultation chez un médecin généraliste à 25€, les patients devront désormais payer 8,50€ au lieu de 7,50€ actuellement, soit 1€ de plus. Pour une boîte de médicaments à 10€, il faudra débourser 3,50€ contre 3€ aujourd’hui. Des petites sommes qui mises bout à bout, finiront par peser lourd…

L’inquiétude des associations de patients

Sans surprise, cette mesure d’économies est loin de faire l’unanimité. Plusieurs associations de patients et de consommateurs se sont d’ores et déjà émues de cette décision qui risque de pénaliser l’accès aux soins, notamment pour les plus modestes.

“Dans un contexte d’inflation et d’érosion du pouvoir d’achat, cette hausse du ticket modérateur est un très mauvais signal envoyé aux Français, déjà nombreux à renoncer à se soigner pour des raisons financières”

France Assos Santé, union d’associations de patients

La crainte de voir le nombre de Français qui renoncent à des soins pour des questions d’argent augmenter est partagée par de nombreux acteurs. Déjà en 2022, près d’un Français sur trois avait dû renoncer ou reporter des soins faute de moyens selon un sondage Ifop.

Vers une hausse des complémentaires santé ?

Autre source d’inquiétude : cette mesure risque de se répercuter sur les tarifs des complémentaires santé. Car mécaniquement, le ticket modérateur est en grande partie pris en charge par les mutuelles et assurances santé. Avec la hausse annoncée, celles-ci pourraient donc être tentées d’augmenter leurs cotisations…

Déjà en 2022, les tarifs des complémentaires avaient augmenté de 3,4% en moyenne selon le comparateur Assurland, soit bien plus que l’inflation. Les assureurs justifiaient cette hausse par l’impact de la crise sanitaire et le rattrapage des soins reportés. Avec la hausse du ticket modérateur, un nouveau tour de vis semble à craindre.

“On peut redouter un effet domino avec une répercussion sur les tarifs des complémentaires santé, ce qui renforcera encore les inégalités d’accès aux soins.”

Selon une source proche du secteur de l’assurance

Un choix politique assumé malgré les critiques

Du côté du gouvernement, on assume ce choix budgétaire, présenté comme nécessaire pour préserver les équilibres financiers de l’Assurance maladie. Avec un déficit record de 18,3 milliards d’euros prévu pour 2023, la Sécu doit se serrer la ceinture.

Geneviève Darrieussecq a d’ailleurs souligné que la hausse aurait pu être plus importante, puisqu’il était envisagé initialement d’augmenter le ticket modérateur des consultations de 10%. Le gouvernement a donc choisi une voie médiane. Une manière de désamorcer les critiques ?

Interrogée sur les risques de cette mesure pour l’accès aux soins, la ministre s’est voulue rassurante, indiquant que “des dispositifs d’accompagnement seront prévus pour les patients les plus fragiles”, sans plus de précisions à ce stade. Des propos qui peinent à convaincre les associations.

Un dossier explosif à surveiller

Cette hausse du ticket modérateur s’annonce donc comme un dossier brûlant pour la rentrée. Entre grogne des patients, tensions avec les complémentaires santé et débats houleux à prévoir au Parlement, le gouvernement n’a pas fini d’en entendre parler.

D’autant que d’autres économies pourraient être annoncées dans les prochaines semaines, afin de respecter l’objectif de progression des dépenses d’assurance maladie fixé à 3,7% pour 2023. De quoi alimenter encore un peu plus les craintes sur l’avenir de notre système de santé…

Une chose est sûre : avec cette mesure, l’accès aux soins risque de devenir un peu plus un luxe qu’un droit pour nombre de Français. À moins que le gouvernement ne recule face à la bronca ? Réponse dans les prochaines semaines, avec l’examen du budget de la Sécu au Parlement qui s’annonce d’ores et déjà animé.

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