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Hanoï Bannit les Scooters à Essence : Un Tournant Écologique

Hanoï dit adieu aux scooters à essence en 2026 pour un air plus pur. Mais les habitants sont-ils prêts pour ce changement radical ? Découvrez les enjeux...

Imaginez une rue animée d’Hanoï, où le vrombissement incessant des scooters à essence laisse place à un silence relatif, ponctué par le bourdonnement discret des moteurs électriques. Dès juillet 2026, ce scénario pourrait devenir réalité dans la capitale vietnamienne, alors que les autorités s’apprêtent à interdire les deux-roues à carburant fossile dans le centre-ville. Cette décision, bien que saluée pour son ambition écologique, soulève des questions brûlantes : les habitants sont-ils prêts à abandonner un mode de transport ancré dans leur quotidien ?

Un virage écologique audacieux pour Hanoï

Le Vietnam, avec ses millions de scooters sillonnant les rues, est confronté à un défi environnemental de taille. À Hanoï, où sept millions de deux-roues et un million de voitures à moteur thermique circulent, la pollution atmosphérique est devenue un fléau. Selon des données récentes, plus de la moitié de la pollution de l’air dans la capitale provient de ces véhicules. Cette situation alarmante a poussé le gouvernement à adopter une mesure radicale : bannir les scooters à essence du cœur historique de la ville, une zone de plus de 30 kilomètres carrés englobant des quartiers emblématiques comme le lac Hoan Kiem.

Cette initiative s’inscrit dans un objectif plus large : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Mais si l’intention est louable, la mise en œuvre soulève des défis pratiques et sociaux. Comment une population habituée à la praticité et au faible coût des scooters à essence peut-elle s’adapter à cette transition ?

Les scooters, une icône culturelle menacée

Les deux-roues à moteur sont bien plus qu’un simple moyen de transport au Vietnam. Ils incarnent un mode de vie, une liberté de mouvement dans des villes congestionnées où les embouteillages sont monnaie courante. Une famille vietnamienne possède souvent plusieurs scooters, appréciés pour leur manoeuvrabilité et leur coût abordable comparé à une voiture. Pourtant, cette icône culturelle est aujourd’hui menacée par l’urgence écologique.

« Les scooters, c’est notre quotidien. Ils nous permettent de naviguer dans les ruelles étroites et d’éviter les bouchons. Les remplacer du jour au lendemain, c’est un choc », confie une habitante d’Hanoï.

Dans le centre d’Hanoï, où vivent environ 600 000 personnes, l’interdiction entrera en vigueur dès juillet 2026. À terme, cette mesure pourrait s’étendre à d’autres zones de la ville et inclure les voitures à essence à partir de 2028. Mais pour beaucoup, ce calendrier semble précipité.

Les défis de la transition vers l’électrique

Passer des scooters à essence aux scooters électriques représente un investissement conséquent pour les habitants. Prenons l’exemple d’une famille moyenne : remplacer deux scooters peut coûter jusqu’à 80 millions de dongs (environ 2 600 euros), une somme jugée exorbitante pour beaucoup. De plus, les infrastructures nécessaires, comme les bornes de recharge, font défaut dans les ruelles typiques de la capitale.

Les transports publics, souvent proposés comme alternative, ne sont pas encore à la hauteur des besoins. Hanoï ne dispose que de deux lignes de métro, principalement destinées aux banlieues, et le réseau de bus reste insuffisant pour absorber la demande. Pour les travailleurs comme les livreurs, qui parcourent de longues distances quotidiennement, la durée de vie des batteries des scooters électriques pose également problème.

Les obstacles majeurs à la transition

  • Coût élevé des scooters électriques.
  • Manque d’infrastructures de recharge.
  • Réseau de transports publics sous-développé.
  • Autonomie limitée des batteries pour les longs trajets.

La pollution, un fléau sanitaire

La nécessité de cette transition est indéniable. La pollution atmosphérique à Hanoï est un problème majeur, classant régulièrement la ville parmi les capitales les plus polluées au monde. Les microparticules PM 2.5, issues des émissions des véhicules, des industries et du brûlage des déchets, sont particulièrement nocives. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elles causent environ 70 000 décès par an au Vietnam.

« La pollution menace directement la santé des habitants et la qualité de vie dans la capitale », a déclaré un responsable municipal.

Pour lutter contre ce fléau, les autorités envisagent plusieurs mesures complémentaires : renforcer les contrôles techniques des véhicules, créer des zones à faibles émissions et encourager l’usage des transports publics. Mais ces solutions nécessitent du temps et des investissements conséquents, deux ressources qui manquent cruellement à Hanoï.

Une aide financière insuffisante ?

Pour accompagner les habitants dans cette transition, les autorités locales ont promis une aide financière de 3 millions de dongs (environ 100 euros) par véhicule électrique acheté. Cependant, cette subvention est jugée dérisoire face au coût total d’un scooter électrique. Pour les travailleurs à faibles revenus, comme les livreurs ou les petits commerçants, cette somme ne couvre qu’une fraction des dépenses nécessaires.

« Avec mon salaire, je ne peux pas me permettre de remplacer mon scooter du jour au lendemain », explique un livreur qui parcourt 40 kilomètres par jour. Cette réalité met en lumière une fracture sociale : les ménages les plus modestes risquent d’être les plus pénalisés par cette mesure.

Un modèle pour le Vietnam ?

Hanoï n’est pas la seule ville vietnamienne à envisager une telle transition. Ho Chi Minh-Ville, dans le sud du pays, explore des mesures similaires pour réduire la pollution. Le Vietnam s’appuie également sur son constructeur national, VinFast, un leader dans la production de véhicules électriques, pour soutenir cette ambition. Mais la route vers la neutralité carbone est semée d’embûches.

Voici quelques initiatives envisagées à l’échelle nationale :

  • Investissements dans les infrastructures de recharge.
  • Subventions pour l’achat de véhicules électriques.
  • Expansion des réseaux de transports publics.
  • Sensibilisation à l’impact environnemental des véhicules thermiques.

Malgré ces efforts, les habitants restent sceptiques. Beaucoup doutent de la capacité des autorités à appliquer cette interdiction face à l’omniprésence des scooters à essence. « Les gens continueront à utiliser leurs motos, car il n’y a pas d’alternative viable pour l’instant », prédit une employée de bureau.

Vers un avenir plus vert ?

La décision d’Hanoï marque un tournant dans la lutte contre la pollution au Vietnam. Elle reflète une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux dans un pays en pleine croissance économique. Cependant, le succès de cette initiative dépendra de la capacité des autorités à répondre aux préoccupations des habitants, qu’il s’agisse du coût des scooters électriques, de l’accès aux infrastructures de recharge ou du développement des transports publics.

Pour l’heure, les rues d’Hanoï continuent de vibrer au rythme des scooters à essence. Mais dans un avenir proche, ce symbole du Vietnam pourrait céder la place à une mobilité plus durable, à condition que les défis logistiques et financiers soient relevés. La capitale saura-t-elle transformer cette ambition en réalité ? L’avenir nous le dira.

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