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Hamas Affaibli mais Pas Vaincu après 15 Mois de Guerre à Gaza

Malgré 15 mois d'une guerre sans merci à Gaza, le Hamas, très affaibli, est loin d'avoir dit son dernier mot. Entre pression militaire et crise de légitimité, quel avenir pour le mouvement islamiste palestinien ? Décryptage.

15 mois. C’est la durée de l’offensive dévastatrice menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza. Si le mouvement islamiste palestinien, à la tête de l’enclave depuis 2007, en ressort exsangue, il est pourtant loin d’avoir rendu les armes. Entre lourdes pertes et crise de légitimité, le Hamas joue sa survie. Mais certains y voient déjà les prémices d’une mue en profondeur de l’ex-figure de proue de la lutte armée palestinienne.

Le prix du sang

Depuis le raid israélien du 7 octobre 2023, le prix à payer pour le Hamas a été lourd. Très lourd. Selon des sources sécuritaires, « sa capacité militaire est entamée et sa classe dirigeante saignée ». Ses principales figures, dont le chef Ismaïl Haniyeh et son architecte militaire Yahya Sinouar, ont été éliminées. Les brigades Ezzedine al-Qassam, son bras armé, décimées.

Acculé, le Hamas a dû se résoudre à des concessions pour arracher un cessez-le-feu. Mais « en négociant l’accord, le mouvement a tenu à obtenir des contreparties comme le retour des déplacés et une aide humanitaire accrue », analyse un expert. Preuve que malgré les coups, il n’a pas perdu toute marge de manœuvre.

Légitimité contestée

C’est désormais sur le front politique que le Hamas est le plus exposé. « Il traverse une crise de légitimité », selon une chercheuse. Nombre de Palestiniens le perçoivent aujourd’hui « comme une partie du problème » et attendent qu’il rétablisse une forme d’administration à Gaza. D’aucuns n’hésitent plus à le rendre coresponsable du sort funeste de l’enclave.

Le Hamas ne pourra être considéré comme légitime que s’il parvient à rendre des comptes.

Une experte du Moyen-Orient

Le soutien des Palestiniens, clé de la résilience

Malgré ces défis, le Hamas conserve de solides appuis. En Cisjordanie occupée, beaucoup se reconnaissent dans sa lutte. C’est d’ailleurs le premier parti palestinien (36% d’opinions favorables). Pour ses partisans, « le Hamas représente un concept destiné à libérer la Palestine, pas seulement un groupe que l’ennemi peut éliminer ».

Plus que l’adhésion à son idéologie islamiste, c’est « le manque d’horizon politique qui pousse vers le Hamas en tant que groupe armé luttant contre l’occupation », décrypte un expert. D’autant que la guerre a fait de nombreux orphelins prompts à grossir ses rangs. De quoi regarnir les effectifs malgré les pertes.

Entre compromis et radicalisation, quel avenir ?

Pragmatique, le Hamas a montré dans les négociations une certaine « flexibilité » malgré sa constance sur le fond. Ce qui en fait un interlocuteur incontournable, y compris pour ses parrains régionaux. Mais son évolution tiendra aussi à la façon dont les Palestiniens eux-mêmes jugeront son bilan.

Entre adaptation et marginalisation, deux trajectoires se dessinent. L’émergence d’un « Hamas 2.0, qui ferait des compromis », ou a contrario, la radicalisation d’un mouvement aux abois, « poussé par les événements dramatiques traversés ». À l’heure du cessez-le-feu, l’avenir du Hamas, et avec lui celui de la cause palestinienne, reste en pointillé.

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