Au cœur de la Syrie, à 210 km au nord de Damas, se trouve la ville de Hama. Quatrième plus grande cité du pays, elle a été le théâtre d’événements tragiques qui ont marqué à jamais son histoire et celle de la nation. Encerclée depuis peu par une coalition de rebelles, Hama porte encore les stigmates d’un passé douloureux, notamment un massacre sanglant perpétré dans les années 80, qui reste gravé dans les mémoires.
Une ville stratégique et conservatrice
Située entre Alep au nord, tombée aux mains des rebelles en décembre dernier, et la capitale Damas, fief du pouvoir de Bachar al-Assad, Hama occupe une position stratégique. Cette cité d’environ un million d’habitants, majoritairement sunnites avec une minorité alaouite dont est issu le clan Assad au pouvoir depuis plus de 50 ans, est réputée pour son conservatisme.
En 2011, au plus fort du soulèvement populaire contre le régime de Bachar al-Assad, Hama a connu d’immenses manifestations. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, scandant des slogans hostiles au président. Mais le 31 juillet, l’armée a lancé une vaste offensive, faisant une centaine de morts et mettant fin au mouvement de protestation.
Le massacre de 1982
Si les événements de 2011 ont ravivé de sombres souvenirs, c’est avant tout le massacre de février 1982 qui reste dans toutes les mémoires. À l’époque, les Frères musulmans, principale force d’opposition au régime de Hafez al-Assad, père de l’actuel président, s’étaient retranchés dans la ville après avoir perpétré plusieurs attentats meurtriers.
La répression menée par le pouvoir fut d’une violence inouïe. Pendant près d’un mois, dans un black-out médiatique total, les forces syriennes, épaulées par l’artillerie et les blindés, ont donné l’assaut. Le bilan fut effroyable : entre 10 000 et 40 000 morts selon les estimations, pour la plupart des civils. Plus de 10 000 soldats furent mobilisés pour mater la rébellion.
Plusieurs milliers de civils auraient été victimes de diverses exactions, allant de l’exécution immédiate à la détention et la torture dans des centres spécialement créés, ce dont plusieurs témoignages font état
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Les norias, symboles de Hama
Malgré ce lourd passé, Hama reste célèbre pour ses norias, grandes roues en bois qui bordent la rivière Oronte et constituent l’attraction principale de la ville. Développées il y a plusieurs siècles pour irriguer les jardins et alimenter en eau les bâtiments de la cité, elles sont uniques au monde selon l’Unesco.
Aujourd’hui, alors que les combats font rage aux portes de Hama entre l’armée syrienne et les rebelles, l’avenir de la ville et de ses habitants reste plus que jamais incertain. Mais quoi qu’il advienne, le souvenir du tragique massacre des années 80 perdurera, tel une blessure jamais refermée dans l’histoire tourmentée de la Syrie.
