La situation sécuritaire en Haïti ne cesse de se dégrader. Selon un rapport alarmant de la mission de l’ONU dans le pays (Binuh), plus de 1200 personnes ont été tuées entre juillet et septembre 2022. Un bilan terrifiant qui représente une augmentation de 27% par rapport au trimestre précédent et témoigne de l’emprise grandissante de la violence.
Gangs, forces de l’ordre et groupes d’autodéfense : une spirale meurtrière
Si les gangs sont responsables de la majorité de ces morts (47%), les forces de l’ordre haïtiennes sont également pointées du doigt. Selon le rapport, pas moins de 45% des meurtres leur sont attribués, dont 106 exécutions extrajudiciaires ou arbitraires, y compris d’enfants. Une dérive inquiétante qui soulève de sérieuses questions sur les méthodes employées dans la lutte contre la criminalité.
Face à la défaillance de l’État, des groupes d’autodéfense se sont constitués au sein de la population. Connus sous le nom de “Bwa Kalé”, ils sont à l’origine de 8% des meurtres et n’hésitent pas à se livrer à des actes d’une extrême brutalité. Le rapport fait état de victimes mutilées à la machette, lapidées, décapitées, brûlées vives ou encore enterrées vivantes. Des exactions terrifiantes qui marquent une inquiétante dérive de ces milices citoyennes.
La peur change de camp
Avec la multiplication des groupes d’autodéfense, ce sont désormais les membres présumés de gangs mais aussi de simples citoyens accusés de délits qui sont pris pour cible. Selon une source proche du dossier, au moins 122 personnes auraient ainsi été tuées par la population pour des motifs parfois futiles comme le vol d’un animal ou d’un téléphone. Une justice expéditive et sans appel qui traduit le ras-le-bol et le désespoir d’une population livrée à elle-même.
L’un des crimes les plus choquants s’est déroulé le 5 septembre. Un adolescent de 15 ans, accusé d’avoir volé un cochon, a été battu à coups de machette avant d’être enterré vivant.
Extrait du rapport de l’ONU
Malgré tout, quelques signes encourageants
Dans ce sombre tableau, le rapport relève néanmoins une baisse significative de 64% des enlèvements par rapport au premier trimestre 2022. Le nombre de kidnappings reste malgré tout très élevé avec 170 personnes séquestrées entre juillet et septembre. Les femmes et les filles continuent par ailleurs de subir des violences sexuelles de la part des gangs.
La communauté internationale observe avec inquiétude la descente aux enfers d’Haïti. Le pays, gangréné par la violence, semble au bord de l’implosion. Malgré les appels répétés, le gouvernement peine à reprendre le contrôle et à assurer la sécurité de ses citoyens. Sans une aide d’urgence et un sursaut des autorités, le pire est à craindre pour la perle des Antilles.