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Haïti : Black-Out à Port-au-Prince, la Crise S’aggrave

Port-au-Prince sans électricité depuis des jours. Les gangs dominent, le chaos s’installe. Pourquoi cette crise s’aggrave-t-elle ? Lisez pour comprendre...

Imaginez une capitale entière plongée dans l’obscurité, où le bourdonnement des générateurs s’est tu et où la peur remplace la lumière. Depuis plusieurs jours, Port-au-Prince, le cœur vibrant d’Haïti, vit un cauchemar énergétique. Un sabotage ciblé a paralysé la principale centrale hydroélectrique, privant des millions d’habitants d’électricité. Mais ce black-out n’est que le symptôme d’une crise bien plus profonde, mêlant violence des gangs, abandon gouvernemental et désespoir populaire. Comment en est-on arrivé là ?

Un Sabotage qui Révèle une Crise Systémique

Le 13 mai 2025, la centrale hydroélectrique de Péligre, pilier de l’approvisionnement énergétique de la région, s’est arrêtée net. Ce n’était pas un accident technique, mais un acte délibéré. Des habitants des villes de Mirebalais et Saut d’Eau, exaspérés par l’inaction des autorités face à l’emprise des gangs, ont forcé la fermeture de l’installation. Leur geste, aussi radical qu’il puisse paraître, traduit un ras-le-bol généralisé face à une situation devenue intenable.

« Le gouvernement nous a laissés aux mains des criminels. Sans action, la centrale restera fermée. »

Robenson Mazarin, activiste

Ce sabotage a provoqué un black-out total dans la capitale et ses environs, plongeant hôpitaux, écoles et foyers dans une obscurité oppressante. Mais au-delà de l’absence de lumière, c’est l’absence d’espoir qui pèse le plus lourd.

Les Gangs : une Menace Omniprésente

À Port-au-Prince, plus de 85 % du territoire est sous le contrôle de gangs armés. Ces groupes, réunis sous des alliances comme Viv ansanm (« Vivre ensemble »), ne se contentent pas de semer la terreur : ils dictent la loi. Meurtres, viols, enlèvements et pillages sont devenus le quotidien des habitants. Depuis février 2025, la violence a atteint des sommets, avec des attaques ciblées contre des zones jusque-là épargnées.

Un exemple frappant ? L’hôpital universitaire de Mirebalais, l’un des plus grands du pays, a dû fermer ses portes en avril après l’invasion des gangs. Patients et personnel ont été évacués dans l’urgence, laissant des milliers de personnes sans accès aux soins. Cette situation illustre l’ampleur du chaos qui gangrène Haïti.

Chiffres clés de la violence en Haïti (janvier-mars 2025) :

  • 1 600 morts, dont une majorité de membres de gangs.
  • 500 détenus libérés lors d’une évasion massive.
  • 85 % de Port-au-Prince sous contrôle des gangs.

Un Gouvernement Dépassé et des Institutions Fragiles

Haïti est dirigé par des institutions de transition depuis des années, dans un contexte d’instabilité politique chronique. Le gouvernement actuel, incapable de reprendre le contrôle des zones gangrénées, semble avoir abandonné des pans entiers du pays. Les habitants de Mirebalais et Saut d’Eau, à l’origine du sabotage, dénoncent cette inaction. Pour eux, fermer la centrale était un moyen de forcer les autorités à réagir.

Mais les défis sont immenses. La police haïtienne, sous-équipée et débordée, ne peut rivaliser avec la puissance de feu des gangs. Une mission multinationale, menée par le Kenya et soutenue par l’ONU, a été déployée pour épauler les forces locales. Pourtant, son impact reste limité, les effectifs étant insuffisants pour couvrir un territoire aussi vaste et volatile.

Une Crise Énergétique aux Conséquences Dévastatrices

Le black-out actuel n’est pas un incident isolé. Haïti souffre depuis longtemps d’une crise énergétique structurelle. Les infrastructures vétustes, les pannes fréquentes et le manque d’investissements ont fragilisé le réseau électrique. La centrale de Péligre, bien que cruciale, ne peut à elle seule répondre aux besoins d’une population en croissance.

Sans électricité, la vie quotidienne s’arrête. Les commerces ferment, les hôpitaux peinent à fonctionner, et les habitants doivent se débrouiller avec des moyens de fortune, comme des bougies ou des générateurs coûteux. Pour les plus pauvres, ces solutions sont inaccessibles, aggravant encore les inégalités.

Secteur Impact du black-out
Santé Hôpitaux en panne, soins d’urgence compromis.
Économie Commerces fermés, pertes financières massives.
Éducation Écoles à l’arrêt, apprentissage perturbé.

La Population au Bord du Gouffre

Haïti, déjà l’État le plus pauvre des Amériques, frôle le point de rupture. Selon l’ONU, le pays risque de sombrer dans un chaos total si la situation ne s’améliore pas. Les habitants, pris en étau entre la violence et la misère, n’ont plus confiance en leurs dirigeants. Le sabotage de la centrale, bien qu’extrême, est perçu par certains comme un cri de désespoir.

Les organisations locales, comme le Mouvement des Citoyens Engagés du Centre, tentent de mobiliser la population pour exiger des solutions concrètes. Mais sans une réponse coordonnée au niveau national et international, leurs efforts risquent de rester vains.

Vers une Issue Possible ?

Face à cette crise multidimensionnelle, quelles solutions envisager ? Voici quelques pistes :

  • Renforcer la mission multinationale : Augmenter les effectifs et les ressources pour sécuriser les zones clés.
  • Investir dans les infrastructures : Moderniser le réseau électrique pour éviter les pannes à répétition.
  • Dialogue avec la société civile : Impliquer les citoyens dans les décisions pour restaurer la confiance.
  • Lutte contre la pauvreté : Mettre en place des programmes sociaux pour soutenir les plus vulnérables.

Ces mesures, bien que nécessaires, demandent du temps et une volonté politique forte. En attendant, les habitants de Port-au-Prince continuent de vivre dans l’obscurité, au sens propre comme au figuré.

Un Appel à l’Action Internationale

La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux. Haïti a besoin d’un soutien massif, non seulement pour rétablir l’ordre, mais aussi pour reconstruire un avenir viable. Les Nations Unies, les ONG et les pays partenaires doivent agir de concert pour éviter que le pays ne s’effondre complètement.

« Haïti s’approche du point de non-retour. Sans intervention, le chaos sera total. »

Rapport de l’ONU, avril 2025

Le black-out de Port-au-Prince n’est pas qu’une panne d’électricité : c’est le reflet d’un pays à bout de souffle. La lumière reviendra-t-elle un jour ? Pour l’instant, l’espoir vacille, mais il n’est pas encore éteint.

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