Un week-end sanglant vient de s’achever en Haïti, laissant derrière lui des dizaines de victimes innocentes. Selon les dernières informations communiquées par l’ONU ce lundi, au moins 184 personnes auraient été tuées à Port-au-Prince lors de violences orchestrées par un puissant chef de gang. Ces nouveaux massacres portent le bilan total des morts cette année dans le pays à l’effroyable chiffre de 5 000.
Un chef de gang convaincu d’un mauvais sort jeté sur son fils
D’après une source proche du dossier, ce déchaînement de violence aurait pour origine les croyances d’un chef de gang persuadé que des pratiquants du culte vaudou auraient jeté un mauvais sort sur son fils, le rendant malade. Déterminé à se venger, il aurait alors ordonné à ses hommes de main de traquer et d’exécuter toutes les personnes âgées et les adeptes du vaudou, les tenant pour responsables du mal qui frappe sa progéniture.
Une chasse aux sorcières implacable
Maison par maison, les soldats de ce gang se sont mis en quête de leurs victimes, les arrachant à leur foyer pour les conduire vers une mort certaine. Emmenés au repaire de leur chef, ces malheureux auraient été soumis à d’atroces sévices avant d’être froidement abattus.
Des sources fiables au sein de la communauté indiquent que plus de 100 personnes ont été massacrées, leurs corps mutilés et brûlés dans la rue.
Comité pour la paix et le développement (CPD)
Si la plupart des victimes étaient des personnes âgées de plus de 60 ans, soupçonnées d’être des sorciers vaudous, de jeunes habitants ayant tenté de s’interposer auraient également été pris pour cible par les tueurs. Cette spirale de violence aveugle n’a épargné personne sur son passage.
Haïti, un pays à feu et à sang
Malheureusement, ces atrocités ne sont que le dernier épisode en date d’un conflit qui déchire Haïti depuis des années. Depuis février dernier, les attaques coordonnées des différentes factions armées qui tentent de renverser le gouvernement se sont encore intensifiées, mettant le pays à feu et à sang.
Malgré une mission de soutien de l’ONU menée par le Kenya qui se déploie actuellement sur place, la violence ne cesse de s’aggraver, les gangs contrôlant désormais près de 80% de la capitale Port-au-Prince. Une situation dramatique qui a déjà provoqué le déplacement de plus de 700 000 personnes à travers le pays, dont la moitié sont des enfants.
Le vaudou, cible des gangs
Au cœur de ce chaos, c’est aussi tout un pan de la culture et de l’identité haïtienne qui est pris pour cible. Véritable pilier de la société, le culte vaudou, hérité des esclaves africains, n’a été reconnu comme religion officielle qu’en 2003, après avoir été longtemps interdit et réprimé.
Aujourd’hui encore, ses adeptes restent la cible de violences et de persécutions de la part des gangs armés qui sèment la terreur. Des innocents qui payent de leur vie la folie meurtrière et les superstitions de criminels sans foi ni loi, bien décidés à faire régner leur vision sanglante de la justice dans les rues de Port-au-Prince.
Face à cette tragédie qui endeuille tout un pays, la communauté internationale semble encore bien impuissante à enrayer cette spirale infernale qui a déjà fait tant de victimes. Un drame qui ne semble malheureusement pas près de connaître son épilogue, tant que les armes continueront de parler plus fort que la raison dans cette île meurtrie.
