Dans une tournure tragique des événements, le Hezbollah a perdu coup sur coup deux de ses figures les plus éminentes. Après la mort de Hassan Nasrallah le mois dernier, c’est son cousin et successeur pressenti Hachem Safieddine qui a été tué dans une frappe israélienne, plongeant le mouvement dans une crise de leadership sans précédent.
Un nouveau coup dur pour le Hezbollah
Bien que le Hezbollah n’ait pas officiellement annoncé le décès de Hachem Safieddine, l’armée israélienne a confirmé mardi avoir mené un raid aérien le visant près de Beyrouth le 4 octobre. Selon des responsables du mouvement pro-iranien, le contact avec Safieddine avait été perdu depuis cette frappe mais son sort restait incertain, Israël bombardant systématiquement la zone pour entraver les secours.
Cette disparition survient à peine trois semaines après la mort de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, lui aussi tué par une frappe israélienne sur le QG du parti dans la banlieue sud de Beyrouth. Un coup dévastateur pour le mouvement chiite, dont Nasrallah était le visage et la voix depuis 1992.
Hachem Safieddine, dauphin de Nasrallah
Agé d’une soixantaine d’années, Hachem Safieddine était considéré comme le successeur le plus probable de Hassan Nasrallah, dont il était le cousin et auquel il ressemblait de façon frappante avec sa barbe grise, ses lunettes et son turban noir des descendants du prophète. Membre éminent du Conseil de la Choura, la plus haute instance du Hezbollah, il avait des liens étroits avec l’Iran où il a fait des études de religion.
Hachem Safieddine était le candidat le plus susceptible de succéder à Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah.
– Une source proche du Hezbollah
Contrairement à Nasrallah qui vivait dans la clandestinité, Safieddine était très présent publiquement lors d’événements politiques et religieux du Hezbollah. Connu pour ses discours enflammés, il prônait la “résistance” face à Israël. Son fils a épousé la fille du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué par les Américains en 2020.
Le Hezbollah fragilisé mais combatif
Créé en 1982 avec le soutien de l’Iran pour combattre l’invasion israélienne au Liban, le Hezbollah s’est imposé comme le fer de lance de la lutte anti-israélienne. Mais ces derniers mois, Israël lui a porté des coups très durs en éliminant plusieurs de ses commandants et en détruisant des installations clés.
Malgré ces revers et la perte de ses deux principaux leaders, le parti chiite n’entend pas désarmer. Il continue de riposter aux raids israéliens en tirant des roquettes et en combattant les troupes ennemies dans le sud du Liban. Un nouveau chef devrait être désigné prochainement par son Conseil de la Choura, en attendant de venger ses “martyrs”.
Cette escalade des tensions laisse craindre une nouvelle guerre ouverte entre le Hezbollah et Israël, comme en 2006. Un conflit qui pourrait déstabiliser tout le Moyen-Orient, sur fond de rivalité croissante entre l’Iran et ses adversaires dans la région. Plus que jamais, le Liban se retrouve pris en étau dans ce bras de fer géopolitique.
