C’est un nouveau coup dur qui frappe le Hezbollah en ce mois d’octobre. Quelques semaines seulement après la disparition tragique de son chef historique Hassan Nasrallah dans une frappe israélienne à Beyrouth, le mouvement chiite libanais vient de perdre une autre figure majeure. Hachem Safieddine, pressenti comme le successeur de Nasrallah, a lui aussi été éliminé par Tsahal, l’armée israélienne. Une information longtemps incertaine, mais désormais confirmée par les autorités israéliennes.
D’éminence grise à cible prioritaire
Âgé d’une soixantaine d’années, Hachem Safieddine était jusqu’à présent une figure discrète mais influente au sein du Hezbollah. Vivant dans la clandestinité comme son mentor Nasrallah, il supervisait les institutions et les finances du parti. Mais depuis la disparition du numéro un, il était devenu le favori pour reprendre les rênes, en raison notamment de ses liens étroits avec l’Iran, le principal soutien du Hezbollah.
Cette position en a fait une cible prioritaire pour Israël, engagé dans un bras de fer de plus en plus tendu avec le mouvement chiite. Safieddine avait disparu des radars depuis le 4 octobre, date à laquelle des raids aériens israéliens avaient visé ce que l’on pense être son repaire dans les profondeurs de Beyrouth.
Nous ne savons pas s’il était présent à l’endroit visé par les raids.
Un responsable du Hezbollah
Pendant plusieurs jours, l’incertitude a régné sur son sort, le Hezbollah se montrant incapable de le localiser dans les décombres des bombardements à répétition. Mais ce mardi, Tsahal a mis fin au suspense en confirmant son élimination, une communication rarissime qui en dit long sur l’importance de cette perte pour le mouvement chiite.
Safieddine, l’homme de Téhéran
Plus qu’un simple lieutenant de Nasrallah, Hachem Safieddine était le principal point de contact entre le Hezbollah et son parrain iranien. Formé dans les écoles religieuses de Qom en Iran, il avait tissé un solide réseau au sein du régime des mollahs. Une proximité renforcée par le mariage de son fils avec la fille de Qassem Soleimani, puissant général iranien tué par les Américains en 2020.
Cette position faisait de lui un rouage essentiel dans l’axe chiite qui relie Beyrouth à Téhéran en passant par Damas et Bagdad. Un axe qui cristallise toutes les inquiétudes d’Israël et de ses alliés occidentaux, qui y voient une menace stratégique majeure au Moyen-Orient.
Un parti décapité
Avec la disparition coup sur coup de Nasrallah et Safieddine, le Hezbollah se retrouve dangereusement décapité. S’il reste la force politique et militaire dominante au Liban, il est privé de ses deux figures les plus charismatiques et expérimentées. Une situation qui risque de déstabiliser son leadership et de compliquer ses relations avec ses parrains syriens et iraniens.
Pour Israël, c’est un succès tactique indéniable qui affaiblit son ennemi juré. Mais la mort de Safieddine risque aussi d’attiser les braises d’un conflit qui menace d’embraser tout le Moyen-Orient. Déjà, le Hezbollah promet vengeance et les échanges de tirs se multiplient à la frontière israélo-libanaise. La région retient son souffle, suspendue à la réaction de l’Iran qui perd l’un de ses relais les plus précieux.
Dans ce contexte explosif, la communauté internationale appelle toutes les parties à la retenue. Mais avec la disparition de Safieddine, c’est un coin supplémentaire qui est enfoncé dans la poudrière moyen-orientale. Le risque d’une déflagration générale n’a jamais été aussi élevé.