Alors que l’odeur alléchante du pain chaud s’élève à nouveau dans le quartier Moya de Petite-Terre, signe que la boulangerie a retrouvé l’électricité, l’amertume persiste chez de nombreux habitants de Mayotte. Plus d’un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, des zones entières de ce département français de l’océan Indien demeurent plongées dans l’obscurité et privées d’un accès régulier à l’eau courante.
Une réouverture attendue mais des inégalités criantes
Pour Zenabou Houmadi, employée d’une boulangerie fraîchement rouverte, ce retour à la normale est un soulagement mêlé de frustration. Pendant près d’un mois, faute d’électricité, l’établissement est resté portes closes, la forçant comme beaucoup à se contenter de maigres repas à base de conserves. Une situation d’autant plus mal vécue que la lumière brillait dans les maisons alentour, créant un sentiment d’injustice.
Des quartiers encore laissés pour compte
Si les autorités affirment que 95% de l’île est désormais reconnectée au réseau électrique, la réalité est tout autre pour certains quartiers. À quelques rues de la boulangerie, Abdou Tadjoudine et ses voisins attendent toujours le rétablissement du courant. « Il fait trop chaud la nuit, les moustiques nous assaillent et on ne peut rien conserver », déplore cet habitant excédé par des conditions de vie spartiates qui exacerbent les tensions.
L’eau, une denrée rare et imprévisible
Avant même le cyclone, les infrastructures vétustes peinaient à assurer un approvisionnement stable, avec des coupures planifiées de 30 heures tous les deux jours. Mais depuis le passage de Chido, c’est l’incertitude qui règne. Les dommages subis par le réseau rendent la distribution aléatoire, quand elle n’est pas totalement interrompue dans certains foyers depuis plus d’un mois.
« Il n’y a plus de règles. Ces derniers temps, l’eau revenait quelques heures chaque matin mais depuis deux jours, plus rien. Je m’inquiète de voir mes réserves diminuer. »
– Juliette, habitante de Labattoir
Une situation intenable pour beaucoup, à l’image de ce médecin contraint de se doucher chez un ami et envisageant de quitter l’île, tant l’absence de ce confort élémentaire pèse sur son quotidien et son moral.
Un sentiment d’abandon et de révolte
Face à cette gestion jugée défaillante et inéquitable, la gronde monte parmi la population. Mi-janvier, excédés, des habitants ont érigé des barricades pour bloquer la circulation et exprimer leur ras-le-bol. Un cri d’alarme et un appel à une action rapide des autorités pour rétablir l’accès à ces services essentiels et apaiser les vives tensions qui minent l’île.
Car au-delà de simples désagréments, c’est la satisfaction des besoins les plus fondamentaux qui est ici menacée. Un mois après Chido, l’heure est à la mobilisation pour que Mayotte retrouve enfin la lumière et coule des jours moins troublés, dans l’unité et l’égalité.