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Guy Orsoni : 13 Ans pour Tentative de Vengeance

En 2018, Guy Orsoni est arrêté à Ajaccio, armé, prêt à venger son clan contre un rival. Condamné à 13 ans, que cache cette affaire de banditisme corse ?

Imaginez une rue d’Ajaccio, baignée par la lumière déclinante d’une fin d’après-midi. Deux hommes, vêtus de treillis, roulent sur une moto volée, des sacs bourrés d’armes et de cagoules à leurs côtés. Leur cible ? Un membre d’une bande rivale, symbole d’une guerre intestine qui déchire le milieu corse depuis des décennies. Cette scène, digne d’un polar, est au cœur d’une affaire qui a secoué l’île de Beauté et abouti à une lourde condamnation en 2025. Plongez dans l’histoire de Guy Orsoni, figure du banditisme corse, et d’une vendetta qui a failli coûter une vie.

Une figure du banditisme corse sous les projecteurs

En mai 2025, un tribunal marseillais prononce une sentence retentissante : Guy Orsoni, personnage central d’un clan éponyme, écope de 13 ans de prison. Son complice, Anto Simonu Moretti, est condamné à 12 ans. Leur crime ? Avoir planifié en 2018 une tentative d’assassinat contre Pascal Porri, membre présumé de la bande rivale du Petit Bar. Cette affaire illustre les tensions explosives entre factions criminelles corses, où vengeance et pouvoir s’entremêlent dans un cycle sans fin.

L’histoire commence le 19 octobre 2018, dans les rues d’Ajaccio. Guy Orsoni, alors âgé d’une quarantaine d’années, est interpellé par les forces de l’ordre. Il circule sur une moto volée, accompagné de Moretti. Leur équipement – armes, cagoules, tenues de camouflage – ne laisse aucun doute sur leurs intentions. Ils rôdent près du domicile de Pascal Porri, un homme lié à une organisation criminelle adverse. Mais qui est vraiment Guy Orsoni, et pourquoi cette vendetta ?

Guy Orsoni : un nom, un clan, une réputation

Fils d’un ancien leader nationaliste reconverti dans les affaires, Guy Orsoni est décrit par les autorités comme une personnalité saillante du milieu corse. Son nom est associé à un clan influent, dont les activités oscillent entre légalité et illégalité. Si son père a marqué l’histoire politique de l’île, Guy, lui, s’est forgé une réputation dans un univers plus sombre, où les rivalités se règlent souvent par la violence.

« Guy Orsoni incarne une figure du banditisme corse, où les luttes de pouvoir et les vendettas familiales dictent les règles. »

Un observateur anonyme du milieu criminel corse

Son arrestation en 2018 n’est pas un coup de filet isolé. Déjà interpellé en 2011 en Espagne, Orsoni a un passé judiciaire chargé. Pourtant, son aura dans le milieu reste intacte. Pour comprendre son geste, il faut plonger dans la rivalité qui l’oppose à la bande du Petit Bar, un groupe criminel structuré, soupçonné d’extorsion, de trafic et de règlements de comptes.

Le Petit Bar : une bande rivale au cœur du conflit

La bande du Petit Bar, du nom d’un établissement ajaccien, est un acteur majeur du banditisme corse. Ses membres, dont Pascal Porri, sont impliqués dans des affaires de criminalité organisée. Porri, 52 ans en 2025, n’est pas un inconnu des tribunaux. Condamné pour extorsion, recel et association de malfaiteurs, il a également été impliqué dans une tentative d’assassinat contre le père de Guy Orsoni en 2008, pour laquelle il a écopé de six ans de prison.

En septembre 2018, un mois avant l’arrestation de Guy Orsoni, Porri est lui-même visé par une tentative d’assassinat. Une coïncidence ? Peu probable. Les enquêteurs soupçonnent une escalade dans la guerre entre les deux clans. Cette spirale de violence illustre un phénomène bien ancré en Corse : la vendetta, où chaque attaque appelle une riposte.

« La vendetta corse est plus qu’un simple règlement de comptes : c’est une question d’honneur, de famille et de territoire. »

Une condamnation controversée à Marseille

Le tribunal correctionnel de Marseille, en mai 2025, n’a pas fait dans la demi-mesure. Guy Orsoni et Anto Simonu Moretti écopent respectivement de 13 et 12 ans de prison, avec une peine de sûreté de la moitié de la sentence. Une décision qui a suscité la colère de la défense. Me Camille Romani, avocat d’Orsoni, a dénoncé un jugement « profondément injuste ».

« Les magistrats se sont comportés comme de vulgaires justiciers, pas comme des hommes et des femmes de justice. »

Me Camille Romani, avocat de Guy Orsoni

Le procureur avait requis 15 ans pour Orsoni, avec une peine de sûreté des deux tiers. La réduction de deux ans est une maigre consolation pour la défense, qui envisage un appel. Mais au-delà du verdict, cette affaire soulève des questions sur la lutte contre le banditisme en Corse et sur la capacité des autorités à enrayer ces cycles de violence.

Le banditisme corse : un défi pour la justice

Le banditisme corse est un fléau complexe, mêlant criminalité organisée, traditions insulaires et luttes de pouvoir. Les clans, comme celui d’Orsoni ou du Petit Bar, opèrent dans un écosystème où les frontières entre légalité et illégalité sont floues. Extorsion, trafic, blanchiment d’argent : les activités criminelles prospèrent dans un contexte de silence et de loyauté clanique.

Pour les autorités, démanteler ces réseaux est un défi de taille. Les arrestations, comme celle d’Orsoni en 2018, sont des victoires ponctuelles, mais elles ne résolvent pas les causes profondes. Parmi elles :

  • Une culture de l’honneur : La vendetta, enracinée dans l’histoire corse, pousse les clans à répondre à chaque affront.
  • Un tissu économique fragile : Le chômage et le manque d’opportunités favorisent le recours à l’économie souterraine.
  • Une omerta persistante : La peur des représailles dissuade les témoignages et complique les enquêtes.

En 2025, la justice française intensifie ses efforts, avec des opérations d’envergure contre les réseaux criminels. Mais chaque condamnation, comme celle d’Orsoni, ravive les tensions. Le risque ? Que la prison ne devienne un simple passage obligé pour les figures du banditisme, sans briser le cycle.

Une affaire symptomatique d’un mal profond

L’affaire Orsoni-Porri n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une longue série de règlements de comptes qui endeuillent la Corse. Depuis les années 2000, l’île a connu une vague d’assassinats liés au banditisme : chefs de clan, hommes d’affaires, figures locales… Personne n’est à l’abri. Selon les chiffres officiels, plus de 20 homicides par an sont recensés en moyenne en Corse, un taux élevé pour une population de 340 000 habitants.

Année Nombre d’homicides en Corse
2020 18
2021 22
2022 20

Ces chiffres traduisent une réalité brutale : la Corse reste un terrain fertile pour les conflits criminels. L’affaire Orsoni, avec ses armes, ses cagoules et sa moto volée, est un symbole de cette violence endémique. Mais elle pose aussi une question : comment briser ce cycle ?

Vers une sortie de crise ?

Face à ce constat, plusieurs pistes émergent pour lutter contre le banditisme corse. Les autorités misent sur un renforcement des moyens judiciaires : plus d’enquêteurs, des unités spécialisées, une coopération accrue avec les polices européennes. Mais la répression seule ne suffit pas. Des voix s’élèvent pour appeler à un travail de fond :

  1. Investir dans l’économie locale : Créer des emplois pour détourner les jeunes des réseaux criminels.
  2. Éduquer contre l’omerta : Encourager une culture de la dénonciation, en garantissant la protection des témoins.
  3. Renforcer le dialogue : Impliquer les élus locaux et les associations pour apaiser les tensions claniques.

Ces solutions, bien que prometteuses, demandent du temps. En attendant, des affaires comme celle de Guy Orsoni rappellent que la Corse reste à la croisée des chemins. Entre tradition et modernité, entre honneur et justice, l’île de Beauté cherche encore sa voie.

Un verdict, mais pas une fin

La condamnation de Guy Orsoni à 13 ans de prison marque un chapitre important, mais pas une conclusion. En Corse, les vendettas ont la peau dure. Chaque verdict, chaque arrestation, est une pièce d’un puzzle bien plus vaste. Pour Orsoni, l’appel envisagé par son avocat pourrait rouvrir le débat. Pour la justice, c’est un test de crédibilité face à un banditisme qui défie l’État.

« En Corse, la prison n’arrête pas les vendettas. Elle les met en pause. »

Un ancien policier corse

Et pour les Corses, c’est un rappel douloureux d’une réalité où la violence, trop souvent, parle plus fort que la loi. L’histoire de Guy Orsoni, avec ses armes, sa moto et sa haine, n’est pas qu’un fait divers. C’est le reflet d’une île en proie à ses démons, où chaque condamnation pose la même question : à quand la paix ?

L’affaire Orsoni, un miroir tendu à la Corse et à ses contradictions.

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