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Gustavo Petro : Amendes Records pour Dépassement de Campagne

Le président colombien Gustavo Petro échappe personnellement à la sanction, mais sa coalition écope de 1,6 million de dollars d’amendes pour avoir dépassé les plafonds de campagne en 2022. Il crie au complot de l’opposition… Mais quand on sait que son propre fils a reconnu avoir injecté de l’argent sale dans la campagne, la question se pose : jusqu’où ira ce scandale avant la présidentielle de 2026 ?

Imaginez : vous gagnez la présidence d’un pays après des décennies de combat politique, et trois ans plus tard, l’organisme chargé de veiller à la légalité de votre élection vous colle la plus lourde sanction financière jamais vue dans l’histoire du pays. C’est exactement ce qui vient d’arriver à la coalition qui a porté Gustavo Petro au pouvoir en 2022.

Une sanction historique qui fait trembler Bogotá

Jeudi dernier, le Conseil national électoral colombien (CNE) a pris une décision qui entre directement dans les annales : par six voix contre trois, il a infligé des amendes totalisant 1,6 million de dollars à deux formations politiques de la coalition de gauche et à plusieurs responsables de la campagne victorieuse de Gustavo Petro.

Le motif ? Un dépassement des plafonds de dépenses autorisés estimé à environ 930 000 dollars. Autant dire que les chiffres donnent le vertige dans un pays où le contrôle du financement des campagnes reste un sujet ultrasensible.

Qui paie réellement la note ?

Le président Petro, lui, n’est pas personnellement visé par ces sanctions. La facture est adressée :

  • Au mouvement Colombia Humana, sa principale plateforme politique
  • Au parti historique Unión Patriótica
  • A plusieurs cadres de la campagne, dont Ricardo Roa, aujourd’hui président d’Ecopetrol, le géant pétrolier public

Cette dernière nomination avait déjà fait grincer des dents à l’époque. Voir l’ancien directeur de campagne devenir patron de l’entreprise la plus stratégique du pays… et se retrouver aujourd’hui sanctionné pour les mêmes faits laisse un goût amer à beaucoup d’observateurs.

« Nous n’acceptons pas cette décision administrative. C’est l’opposition qui nous met à l’amende »

Gustavo Petro, sur le réseau social X

Une décision fondée sur de « simples présomptions » ?

L’Unión Patriótica n’a pas mâché ses mots. Dans un communiqué rageur, le parti a dénoncé une sanction reposant uniquement sur des « simples présomptions » et qui « porte atteinte à la légalité, à la sécurité juridique et aux garanties démocratiques ».

De son côté, le chef de l’État a immédiatement accusé le CNE d’être instrumentalisé par ses adversaires politiques. Un refrain désormais classique dans la bouche de l’ancien guérillero du M-19 devenu premier président de gauche de l’histoire colombienne.

Un contexte déjà lourd de soupçons

Cette sanction ne tombe pas dans un ciel serein. La campagne de 2022 traîne derrière elle une autre affaire bien plus explosive : les aveux du fils aîné de Gustavo Petro, Nicolás Petro.

Emprisonné pour enrichissement illicite et blanchiment, il a reconnu devant la justice avoir reçu 400 millions de pesos (environ 100 000 dollars) d’un ancien narcotrafiquant… et avoir injecté une partie de cette somme dans la campagne présidentielle de son père.

Même si le président affirme n’avoir jamais été au courant, l’image de la « campagne propre » vantée en 2022 en prend un sérieux coup.

2026 dans le viseur

Tout cela arrive à moins de sept mois du premier tour de la présidentielle prévue le 31 mai 2026. Gustavo Petro, constitutionnellement empêché de se représenter, a déjà désigné son dauphin : le sénateur Ivan Cepeda.

Connu pour avoir été l’un des pires cauchemars judiciaires de l’ex-président Álvaro Uribe, Cepeda incarne la ligne dure de la gauche pétroiste. Autant dire que cette sanction tombe au pire moment pour la coalition au pouvoir.

Chronologie express des ennuis judiciaires de la campagne Petro 2022

  • Juin 2022 : Victoire historique au second tour contre Rodolfo Hernández
  • 2023 : Arrestation de Nicolás Petro pour blanchiment
  • 2024 : Aveux du fils du président sur l’argent sale injecté dans la campagne
  • Novembre 2025 : Amendes record du CNE contre la coalition
  • Mai 2026 : Prochain scrutin présidentiel

Que risque vraiment le pétroisme ?

Juridiquement, pas grand-chose pour le moment. Le président reste intouchable jusqu’à la fin de son mandat, et les sanctions financières, même lourdes, ne remettront pas en cause la validité de son élection de 2022.

Mais politiquement, c’est une tout autre histoire. À chaque révélation, l’image de probité que Gustavo Petro avait soigneusement construite pendant des décennies s’effrite un peu plus.

Dans un pays où la mémoire des liens entre politique et narcotrafic reste vive, ces affaires alimentent le discours de l’opposition qui présente le gouvernement actuel comme une menace pour les institutions.

Vers une radicalisation du débat politique ?

On sent déjà la température monter. Les réseaux sociaux colombiens s’enflamment, les éditoriaux pleuvent, et les manifestations pro et anti-Petro se multiplient.

Certains analystes estiment que cette décision du Conseil électoral pourrait paradoxalement renforcer le président dans son camp en le posant en victime d’un « lawfare » (guerre juridique) orchestré par l’establishment.

D’autres, au contraire, y voient le début de la fin du pétroisme, miné de l’intérieur par ses propres contradictions.

Une chose est sûre : à six mois de l’élection présidentielle, la Colombie entre dans une zone de turbulences politiques inédites depuis l’arrivée de la paix avec les FARC.

Et vous, pensez-vous que ces sanctions affaibliront durablement le camp présidentiel, ou au contraire le galvaniseront pour 2026 ? L’avenir nous le dira très vite.

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