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Guinée : Triomphe du « Oui » au Référendum Constitutionnel

La Guinée adopte une nouvelle Constitution à 89% lors d’un référendum controversé. Quel avenir pour la transition politique ? La junte tiendra-t-elle ses promesses ?

Dimanche dernier, les Guinéens se sont rendus aux urnes pour un référendum qui pourrait redessiner l’avenir politique de leur pays. Avec un taux d’approbation de 89,38% pour le « oui », selon les résultats définitifs annoncés par la Cour suprême, ce scrutin marque un tournant dans la transition militaire amorcée en 2021. Mais derrière ces chiffres, des tensions persistent : l’opposition, qui a appelé au boycott, dénonce une manœuvre pour consolider le pouvoir de la junte. Que signifie cette nouvelle Constitution pour la Guinée, un pays marqué par des décennies d’instabilité ?

Un Référendum aux Enjeux Cruciaux

Le référendum constitutionnel du 21 septembre 2025 a été un moment clé pour la Guinée. Après quatre ans de gouvernance militaire, ce vote visait à poser les bases d’un retour à l’ordre constitutionnel. La nouvelle Constitution, promulguée dans la foulée par un décret du président Mamadi Doumbouya, promet d’ouvrir la voie à des élections attendues par la population et la communauté internationale. Mais ce scrutin, loin d’être un simple exercice démocratique, soulève des questions sur l’avenir politique du pays.

Le résultat, validé par la Cour suprême, montre une écrasante majorité en faveur du texte : 89,38% pour le « oui » contre 10,62% pour le « non ». Ces chiffres confirment les résultats provisoires annoncés quelques jours plus tôt. Pourtant, le taux de participation, bien que non précisé, semble avoir été affecté par l’appel au boycott de l’opposition, qui accuse la junte de manipuler le processus pour prolonger son emprise.

Un Contexte de Transition Militaire

Depuis le coup d’État de 2021, qui a renversé le président Alpha Condé, la Guinée est dirigée par une junte menée par Mamadi Doumbouya, un colonel de 40 ans. Ce dernier s’était engagé à rendre le pouvoir aux civils avant la fin 2024, une promesse qui semble s’effriter. La nouvelle Constitution, censée encadrer la transition, est vue par beaucoup comme un outil pour légitimer la mainmise militaire.

« Ce référendum n’est qu’une façade pour permettre à la junte de se maintenir au pouvoir », a déclaré un leader de l’opposition, sous couvert d’anonymat.

Les restrictions imposées par la junte alimentent ces craintes. Depuis 2022, les manifestations sont interdites, plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, et des opposants ont été arrêtés ou contraints à l’exil. Les disparitions forcées et les enlèvements se sont multipliés, renforçant l’image d’un régime autoritaire.

L’Opposition Face à un Mur

Face à ce référendum, les partis d’opposition ont tenté de s’organiser. Une coalition a déposé un recours auprès de la Cour suprême pour demander l’annulation du scrutin, dénonçant des irrégularités. Ce recours a été rapidement rejeté, renforçant le sentiment d’impuissance face à une junte déterminée à imposer sa vision.

Le boycott, prôné par les leaders de l’opposition, visait à délégitimer le processus. Mais avec une participation suffisante pour valider le scrutin, cette stratégie semble avoir échoué. Les opposants se retrouvent désormais dans une position délicate, alors que la junte avance vers l’organisation d’élections sous la nouvelle Constitution.

Les points clés du référendum :

  • 89,38% des votants ont approuvé la nouvelle Constitution.
  • La Cour suprême a validé les résultats, rejetant le recours de l’opposition.
  • Promulgation immédiate par décret présidentiel.
  • Objectif : organiser des élections pour mettre fin à la transition militaire.

Une Guinée en Quête de Stabilité

La Guinée, l’un des pays les plus pauvres du monde malgré ses richesses minières, a une histoire marquée par les coups d’État et les régimes autoritaires. Ce référendum, attendu depuis des années, devait symboliser un pas vers la stabilité. Mais les tensions actuelles suggèrent que le chemin sera semé d’embûches.

La communauté internationale observe de près. Les partenaires étrangers, qui ont poussé pour un retour rapide à l’ordre démocratique, pourraient durcir leur position si la junte ne respecte pas ses engagements. Pourtant, Mamadi Doumbouya, malgré ses promesses initiales, semble préparer le terrain pour une candidature à la prochaine présidentielle.

Les Défis à Venir

La nouvelle Constitution ouvre la voie à des élections, mais plusieurs questions restent en suspens. Quand auront-elles lieu ? Seront-elles libres et transparentes ? Et surtout, Mamadi Doumbouya tiendra-t-il sa promesse de ne pas se présenter ? Les signaux actuels laissent peu de place à l’optimisme.

En parallèle, la situation des droits humains reste préoccupante. Les restrictions sur les libertés fondamentales, les arrestations arbitraires et la censure des médias pèsent lourd sur l’avenir démocratique du pays. Pour beaucoup, la transition militaire, censée être temporaire, risque de s’éterniser.

Enjeu Impact
Transition militaire Retour espéré à un gouvernement civil, mais risques de dérive autoritaire.
Boycott de l’opposition Affaiblissement de la légitimité du scrutin, tensions accrues.
Élections à venir Possible consolidation du pouvoir de la junte.

Un Peuple en Attente

Pour les Guinéens, ce référendum représente à la fois un espoir et une source d’inquiétude. La population, épuisée par des années d’instabilité, aspire à un avenir plus stable et prospère. Mais la méfiance envers la junte reste forte, et les promesses non tenues pourraient raviver les tensions sociales.

La Guinée se trouve à un carrefour. La nouvelle Constitution, bien qu’adoptée massivement, ne garantit pas un retour automatique à la démocratie. Tout dépendra de la manière dont la junte gérera la suite du processus. Pour l’heure, le pays retient son souffle, entre espoirs de changement et craintes d’un statu quo autoritaire.

Ce référendum, loin de clore le chapitre de la transition, ouvre une nouvelle page pleine d’incertitudes. Les mois à venir seront déterminants pour savoir si la Guinée peut enfin tourner la page des crises politiques à répétition.

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