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Guinée : Référendum et Manifestations en Vue

En Guinée, l’opposition défie la junte avec des manifestations prévues dès le 5 septembre contre un référendum controversé. La tension monte : jusqu’où ira ce bras de fer ?

En Guinée, une tempête politique se profile à l’horizon. Alors que le pays, riche d’une histoire marquée par des régimes autoritaires, tente de naviguer vers un avenir démocratique, un nouveau chapitre s’ouvre, teinté de tensions et d’incertitudes. Dès le 5 septembre, les rues pourraient s’embraser, alors que l’opposition, réunie sous la bannière des Forces vives de Guinée (FVG), appelle à des manifestations massives pour dénoncer ce qu’elle qualifie de tentative de confiscation du pouvoir par la junte militaire au pouvoir. À l’origine de cette mobilisation : un référendum prévu le 21 septembre, perçu comme une manœuvre pour asseoir l’autorité du général Mamadi Doumbouya. Que signifie cette crise pour l’avenir du pays ?

Une Guinée au Bord de l’Implosion

Depuis le coup d’État de septembre 2021, qui a vu le général Mamadi Doumbouya renverser le président Alpha Condé, la Guinée vit sous la gouvernance d’une junte militaire. Ce bouleversement avait initialement suscité un mélange d’espoir et de méfiance : espoir d’un renouveau démocratique, méfiance face à l’histoire tumultueuse du pays. Quatre ans plus tard, les tensions s’intensifient. Les FVG, un collectif regroupant partis d’opposition et organisations de la société civile, accusent la junte de vouloir s’éterniser au pouvoir. Leur appel à manifester dès le 5 septembre marque un tournant dans un pays où les manifestations sont interdites depuis 2022.

Un Référendum Controversé au Cœur du Conflit

Le nœud du problème réside dans le référendum prévu pour le 21 septembre, qui vise à adopter une nouvelle Constitution. Présenté fin juin à Mamadi Doumbouya, ce projet est censé ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel, une promesse faite par la junte après le coup d’État. Cependant, les FVG y voient une stratégie bien différente. Selon eux, ce texte permettrait au général Doumbouya de contourner les engagements pris dans la charte de transition, un document qui interdit aux membres de la junte de se présenter aux élections.

Ce référendum n’a pour objectif que de valider un projet de Constitution qui exonère le général de son serment, lui offrant une présidence à vie.

Forces vives de Guinée

Le flou entourant les dispositions de cette nouvelle Constitution alimente les spéculations. Rien n’indique explicitement si Mamadi Doumbouya pourrait se porter candidat à une élection présidentielle, mais l’opposition craint que ce texte ne lève les restrictions imposées par la charte, ouvrant ainsi la voie à une candidature du chef de la junte.

Une Interdiction des Manifestations qui Attise les Tensions

Depuis 2022, la junte a interdit toute forme de manifestation publique, une décision qui a déjà conduit à l’arrestation, à des poursuites judiciaires ou à l’exil forcé de nombreux leaders de l’opposition. Cette répression a exacerbé les frustrations, dans un pays où les manifestations ont souvent été le seul moyen d’exprimer un mécontentement populaire. Selon un rapport publié en mai 2024, au moins 47 personnes ont perdu la vie dans la répression des manifestations depuis l’arrivée au pouvoir de la junte.

La Guinée, habituée aux régimes autoritaires, a une longue tradition de manifestations, souvent marquées par une violence brutale. Ce contexte rend l’appel des FVG particulièrement audacieux, mais aussi risqué.

En défiant l’interdiction, les FVG prennent un risque calculé. Leur objectif est clair : mobiliser la population pour faire pression sur la junte et empêcher ce qu’ils perçoivent comme une dérive autoritaire. Mais dans un climat où la répression est monnaie courante, la question demeure : les manifestations pourront-elles se dérouler sans dérapages violents ?

La Charte de Transition : Un Engagement Bafoué ?

La charte de transition, établie peu après le coup d’État de 2021, était censée garantir une transition démocratique. Elle stipule explicitement qu’aucun membre de la junte, du gouvernement ou des institutions de transition ne peut se présenter aux élections. Pour les FVG, le référendum du 21 septembre représente une violation de cette charte. Ils accusent la junte de chercher à manipuler le processus pour maintenir son emprise sur le pouvoir.

Les points clés de la charte incluent :

  • Interdiction pour les membres de la junte de participer aux élections.
  • Engagement à organiser des élections libres et transparentes.
  • Retour progressif à un ordre constitutionnel.

En proposant une nouvelle Constitution, la junte pourrait contourner ces restrictions, ouvrant la voie à une présidence prolongée pour Mamadi Doumbouya. Cette perspective inquiète non seulement l’opposition, mais aussi une partie de la population, qui craint un retour aux pratiques autoritaires du passé.

Une Histoire de Répression et de Résistance

La Guinée n’est pas étrangère aux soulèvements populaires. Pendant des décennies, le pays a été dirigé par des régimes dictatoriaux ou autoritaires, ponctués de manifestations souvent réprimées dans le sang. Cette histoire confère une dimension particulière à l’appel des FVG. Les manifestations prévues à partir du 5 septembre ne sont pas seulement une réponse au référendum, mais aussi un cri de ralliement pour une population lassée par des promesses non tenues.

Depuis 2021, la répression a été particulièrement brutale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

Année Nombre de morts Contexte
2021-2024 47 Répression des manifestations

Ces chiffres, tirés d’un rapport publié en mai 2024, soulignent l’ampleur de la violence exercée contre les manifestants. Dans ce contexte, l’appel à manifester des FVG est un acte de défi, mais aussi un pari risqué dans un pays où la liberté d’expression est sévèrement restreinte.

Quels Enjeux pour l’Avenir ?

Le bras de fer entre la junte et l’opposition soulève des questions cruciales pour l’avenir de la Guinée. Si le référendum est adopté, il pourrait marquer un tournant décisif, soit vers une consolidation du pouvoir militaire, soit vers une transition démocratique véritable. Cependant, plusieurs scénarios sont possibles :

  • Adoption de la Constitution : Si le référendum aboutit, la junte pourrait légitimer son pouvoir, mais au prix d’une opposition renforcée.
  • Escalade des tensions : Les manifestations, si elles sont réprimées, pourraient plonger le pays dans une nouvelle vague de violence.
  • Dialogue improbable : Une médiation entre la junte et l’opposition semble pour l’instant hors de portée, mais pourrait apaiser les tensions.

Pour l’instant, la Guinée retient son souffle. Les semaines à venir seront déterminantes, non seulement pour l’avenir de Mamadi Doumbouya, mais aussi pour celui d’un pays en quête de stabilité et de démocratie.

Un Appel à la Mobilisation Citoyenne

Les FVG, en lançant cet appel à manifester, cherchent à rallier une population fatiguée par des décennies de gouvernance autoritaire. Leur discours, centré sur la défense de la démocratie, trouve un écho auprès de ceux qui craignent un retour en arrière. Mais la répression exercée par la junte rend leur entreprise périlleuse. Les Guinéens, habitués à descendre dans la rue malgré les risques, pourraient répondre en masse à cet appel, transformant les manifestations en un véritable test pour le pouvoir en place.

L’avenir de la Guinée se joue maintenant. Le 5 septembre marquera-t-il un tournant historique ou une nouvelle page de répression ?

En conclusion, la Guinée se trouve à un carrefour. Le référendum du 21 septembre et les manifestations annoncées dès le 5 septembre mettront à l’épreuve la résilience de la junte et la détermination de l’opposition. Dans un pays marqué par une histoire de luttes et de répression, chaque pas vers la démocratie est un combat. Reste à savoir si ce combat mènera à un renouveau ou à une nouvelle impasse.

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