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Guinée : Polémique Sur Les Disparitions Forcées

Un proche de la junte guinéenne affirme que les opposants disparus "vivent bien". Ces propos choquent et relancent le débat. Où sont-ils vraiment ?

Imaginez un pays où des voix dissidentes s’évanouissent dans l’ombre, sans trace, sans réponses. En Guinée, une déclaration récente d’un homme politique proche de la junte au pouvoir a jeté une lumière crue sur un sujet tabou : les disparitions forcées. Ces mots, qui affirment que les personnes enlevées « vivent bien », ont déclenché une onde de choc, ravivant l’inquiétude et la colère dans un pays où la liberté semble de plus en plus fragile. Que se passe-t-il réellement dans l’ombre du pouvoir guinéen ?

Une Déclaration Qui Fait Scandale

Dimanche dernier, dans la ville de Kankan, à l’est de la Guinée, un homme politique proche de la junte a tenu des propos qui ont immédiatement enflammé les débats. Lors d’une conférence de presse, il a assuré que les opposants, que beaucoup croyaient disparus, étaient non seulement en vie, mais bien traités. « Ils mangent, s’habillent, dorment et suivent l’actualité », a-t-il déclaré, ajoutant que leur mise à l’écart était justifiée par des raisons de sécurité nationale. Ces mots, prononcés avec une assurance déconcertante, ont suscité une vague d’indignation, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux.

Ces déclarations, loin d’apaiser les tensions, ont relancé les spéculations sur le sort de figures connues de l’opposition, comme Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, tous deux enlevés en juillet 2024. Depuis, aucune information officielle n’a été communiquée sur leur localisation ou leur état. Cette absence de transparence alimente un climat de méfiance envers les autorités.

Un Contexte de Répression Croissante

Depuis le coup d’État de septembre 2021, qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir, la Guinée traverse une période de turbulences politiques. Le renversement du président Alpha Condé, après plus d’une décennie au pouvoir, avait initialement suscité l’espoir d’une transition démocratique. Cependant, les promesses de retour à un ordre constitutionnel se sont heurtées à une réalité plus sombre : une répression croissante des voix dissidentes.

« Depuis qu’ils sont gardés au secret, il y a le calme et aucun problème. » – Déclaration controversée d’un proche de la junte.

Les opposants, les militants et même les journalistes qui critiquent le régime militaire font face à des intimidations, des arrestations arbitraires et, dans certains cas, des disparitions. Le cas du journaliste Habib Maraoune Camara, porté disparu depuis huit mois, illustre cette dérive autoritaire. Son sort, comme celui de nombreux autres, reste un mystère, et les déclarations récentes n’ont fait qu’accentuer l’inquiétude.

Les Réactions de la Société Civile

Face à ces propos provocateurs, les réactions ne se sont pas fait attendre. Des organisations de défense des droits humains, comme Reporters Sans Frontières (RSF), ont exigé des explications claires. Dans un communiqué, RSF a appelé les autorités à faire toute la lumière sur le sort des personnes disparues, en particulier celui du journaliste Habib Maraoune Camara.

« C’est la première fois qu’une figure politique partage publiquement des informations, difficilement vérifiables, sur la situation de Habib Marouane Camara. » – Sadibo Marong, RSF.

De son côté, l’association Tournons la Page a pressé les procureurs de Conakry et de Kankan d’agir rapidement pour identifier les responsables de ces enlèvements et localiser les victimes. Ces appels soulignent l’urgence d’une action concertée pour mettre fin à l’impunité entourant ces disparitions.

Points clés à retenir :

  • Des opposants et journalistes ont disparu en Guinée depuis 2021.
  • Les autorités restent silencieuses sur leur sort.
  • Une déclaration récente insinue que les disparus sont « bien traités ».
  • La société civile exige des enquêtes et des réponses.

Un Régime Sous Pression Internationale

Lors de son arrivée au pouvoir, la junte avait promis, sous la pression de la communauté internationale, de céder la place à un gouvernement civil avant la fin de 2024. Cet engagement n’a pas été tenu, et un référendum constitutionnel est désormais annoncé pour le 21 septembre 2025. Cette annonce, loin de calmer les tensions, est perçue par beaucoup comme une manœuvre pour prolonger le pouvoir militaire.

Les critiques fusent, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les organisations internationales et les partenaires de la Guinée scrutent de près les agissements de la junte, tandis que les Guinéens, eux, oscillent entre espoir et désillusion. La question des disparitions forcées devient ainsi un symbole de la lutte pour la transparence et la démocratie.

Les Disparitions : Un Problème Structurel

Les disparitions forcées ne sont pas un phénomène nouveau en Guinée, mais leur persistance sous le régime actuel soulève des questions fondamentales. Qui sont les responsables ? Où sont détenues les victimes ? Et surtout, pourquoi le silence des autorités persiste-t-il face à ces accusations ?

Pour les familles des disparus, chaque jour sans nouvelles est une épreuve. Les noms d’Oumar Sylla et de Mamadou Billo Bah, figures du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), résonnent comme des rappels d’un combat inachevé pour la liberté d’expression et le retour à un pouvoir civil.

Nom Rôle Date de disparition
Oumar Sylla (Foniké Menguè) Membre du FNDC 9 juillet 2024
Mamadou Billo Bah Membre du FNDC 9 juillet 2024
Habib Maraoune Camara Journaliste Il y a 8 mois

Un Débat Relancé sur les Réseaux Sociaux

Les réseaux sociaux, souvent un baromètre de l’opinion publique en Guinée, se sont enflammés après les déclarations du proche de la junte. Les hashtags réclamant justice pour les disparus ont gagné en visibilité, et les citoyens expriment leur frustration face à l’absence de réponses claires. Ces plateformes deviennent un espace où la société civile tente de maintenir la pression sur les autorités.

Pour beaucoup, ces déclarations ne sont qu’une tentative maladroite de détourner l’attention d’un problème plus profond : l’absence de transparence et la consolidation d’un pouvoir autoritaire. Les Guinéens, habitués à des promesses non tenues, restent sceptiques face aux annonces officielles.

Vers un Avenir Incertain

À l’approche du référendum constitutionnel, la Guinée se trouve à un carrefour. Le pays peut-il renouer avec la démocratie, ou s’enfonce-t-il dans une spirale de répression ? Les disparitions forcées, loin d’être un simple fait divers, sont le reflet d’un malaise plus large, celui d’un peuple en quête de justice et de liberté.

Les organisations internationales, les militants et les citoyens continuent de demander des comptes. Mais dans un climat où les voix critiques sont réduites au silence, la route vers la vérité semble semée d’embûches. Une chose est sûre : les déclarations récentes ont rouvert une plaie que la junte espérait peut-être refermer.

Que retenir de cette crise ?

  • Les disparitions forcées restent un problème majeur en Guinée.
  • La junte est accusée de réprimer les voix dissidentes.
  • Le référendum de 2025 pourrait redéfinir l’avenir politique du pays.
  • La société civile et les ONG maintiennent la pression pour la transparence.

En définitive, la Guinée se trouve à un tournant crucial. Les déclarations d’un proche du pouvoir, loin de rassurer, ont mis en lumière les fractures d’un pays en quête de justice. Le sort des disparus, qu’ils soient opposants ou journalistes, reste une question brûlante. Et si ces mots ont choqué, ils ont aussi ravivé l’espoir que la vérité, un jour, éclatera au grand jour.

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