ActualitésInternational

Guinée : L’opposition appelle à manifester contre la junte militaire

En Guinée, les principaux partis d'opposition et organisations de la société civile appellent à se mobiliser massivement dans les rues de Conakry à partir du 6 janvier pour exiger le départ de la junte militaire au pouvoir depuis 2021. Selon eux, les militaires ont failli à leur promesse de rendre le pouvoir aux civils. La tension monte dans le pays alors que...

En Guinée, près de trois ans après le coup d’État qui a porté les militaires au pouvoir, la perspective d’un retour à l’ordre constitutionnel semble s’éloigner de plus en plus. Face à cette situation, les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile du pays ont décidé de passer à l’action. Ils appellent la population à se mobiliser massivement dans les rues de la capitale Conakry à partir du 6 janvier prochain pour réclamer le départ de la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.

Les militaires accusés de ne pas tenir leurs promesses

Lorsqu’ils ont pris le pouvoir en septembre 2021, les militaires emmenés par le colonel Doumbouya s’étaient engagés à rendre le pouvoir aux civils d’ici fin 2024 au plus tard. Ils avaient aussi promis d’organiser un référendum constitutionnel avant la fin de l’année 2022. Mais à ce jour, ces engagements sont loin d’être tenus selon les Forces Vives de Guinée (FVG), le collectif qui regroupe les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile du pays :

La junte a déjà fait savoir qu’elle manquerait à l’engagement, initialement pris sous la pression internationale, de céder le pouvoir à un régime civil d’ici à fin 2024. Elle s’était également engagée à organiser un référendum constitutionnel avant la fin de l’année, qui ne s’est toujours pas tenu.

Communiqué des Forces Vives de Guinée

Pour le collectif d’opposition, il est temps de dire stop et d’exiger des comptes à la junte. D’autant plus que cette dernière est accusée de dérives autoritaires de plus en plus préoccupantes.

Assassinats de manifestants, disparitions et musellement des médias

D’après les FVG, le pouvoir militaire serait responsable de l’assassinat d’au moins 60 manifestants depuis sa prise de pouvoir. Le collectif dénonce également la disparition de deux responsables de la société civile ces derniers mois. Sans oublier le musellement de la presse indépendante et les arrestations arbitraires d’opposants qui se multiplient.

Face à cette dérive, les FVG estiment qu’il n’est plus possible de faire confiance aux militaires pour assurer une transition apaisée vers un régime démocratique. Ils réclament leur départ pur et simple du pouvoir :

Nous invitons l’ensemble des citoyens guinéens, civils et militaires, de l’intérieur comme de l’extérieur à se mobiliser avec la plus grande combativité, pour exiger le départ de la junte et la mise en place d’une transition civile.

Communiqué des Forces Vives de Guinée

Des manifestations prévues à partir du 6 janvier

Pour obtenir gain de cause, les FVG appellent à des manifestations massives et continues dans les rues de Conakry :

Ces manifestations dans les rues et sur les places publiques commenceront le 6 janvier dans le Grand Conakry et continueront ultérieurement dans les préfectures de l’intérieur.

Communiqué des Forces Vives de Guinée

Le collectif d’opposition précise qu’à partir du 31 décembre, date de la fin théorique de la période dite de « transition », il ne reconnaîtra plus la légitimité de la junte au pouvoir. Un ultimatum on ne peut plus clair.

La Guinée à la croisée des chemins

Près de 3 ans après le dernier putsch militaire en date, la Guinée se retrouve donc à nouveau à la croisée des chemins. D’un côté une junte qui semble vouloir s’accrocher au pouvoir envers et contre tout. De l’autre, une opposition et une société civile qui réclament le retour des civils aux affaires et sont prêtes à descendre dans la rue pour l’obtenir.

Dans ce bras de fer qui s’annonce, l’issue est incertaine. Une chose est sûre : les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de ce pays d’Afrique de l’Ouest, secoué par l’instabilité chronique depuis son indépendance en 1958. La communauté internationale, notamment la CEDEAO et l’Union Africaine, suivront sans nul doute la situation de très près.

À l’heure où de nombreux pays du continent connaissent une recrudescence des coups d’État militaires, l’exemple guinéen sera scruté. Il pourrait être un test pour mesurer la capacité des organisations régionales et de la société civile à s’opposer à ces changements de régime anticonstitutionnels. Réponse dans les prochaines semaines.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.