ActualitésSociété

Guet-Apens Homophobes à Paris : 8 Ans de Prison pour Illies B.

Un homme de 28 ans attirait des homosexuels sur des sites de rencontre avec le pseudo « jecherchehommeblanc », les séquestrait dans une cave parisienne, les menaçait d’un hachoir et les rackettait en hurlant « sale PD ». Condamné à 13 ans en première instance, il vient d’écoper de… 8 ans en appel. Jusqu’où va la clémence ?

Imaginez ouvrir une application de rencontre, discuter avec quelqu’un qui semble sincère, accepter un rendez-vous… et vous retrouver quelques heures plus tard attaché dans une cave sombre, un hachoir sur la gorge et des insultes homophobes qui pleuvent. C’est exactement ce qu’ont vécu plusieurs hommes à Paris à la fin 2022. Leur bourreau ? Un jeune homme de 28 ans, Illies B., qui vient d’être condamné en appel à huit ans de prison ferme.

Un mode opératoire glaçant et méthodique

Entre novembre et décembre 2022, Illies B. écumait les plateformes de rencontre gay sous un pseudo qui ne laissait aucun doute sur ses intentions : jecherchehommeblanc. Le choix n’était pas anodin. Il ciblait délibérément des hommes homosexuels, souvent seuls et vulnérables au moment du rendez-vous.

Une fois la confiance établie, il fixait un lieu de rencontre proche de son immeuble. À peine arrivé, la victime était entraînée dans la cave du bâtiment. Là, dans l’obscurité et l’humidité, le piège se refermait : menacé avec un hachoir ou une autre arme blanche, séquestré, insulté, dépouillé de son téléphone et de son argent.

« Sale PD, voilà comment je vous traite », lançait-il à l’une de ses victimes en appuyant la lame contre sa gorge. Des mots qui résonnent encore dans la tête des survivants, des années après.

Quatre victimes identifiées, mais probablement plus

Quatre hommes ont eu le courage de porter plainte et de témoigner. Quatre récits similaires, quatre vies brisées par la même terreur. Mais les enquêteurs le savent : le nombre réel de victimes est sans doute bien supérieur. Beaucoup préfèrent se taire, par honte, par peur ou parce qu’ils ne se sentent pas assez soutenus.

Les agressions duraient parfois plusieurs heures. Le temps pour le prédateur de vider les comptes bancaires via les applications de paiement, de voler les cartes bleues, de fouiller les téléphones à la recherche de photos ou vidéos compromettantes pour faire pression.

« J’ai cru que j’allais mourir là, dans cette cave. Il répétait que les gens comme moi ne méritaient pas de vivre. »

Témoignage d’une victime lors du premier procès

Un profil inquiétant qui nie l’évidence

Devant les juges, Illies B. a tenté de minimiser. « Je ne visais pas particulièrement les homosexuels », a-t-il osé déclarer. Pourtant, son pseudo, ses insultes répétées, le choix exclusif de victimes gays sur des applications dédiées… tout contredit cette version.

À la barre, il a fini par lâcher quelques mots de regret : « J’ai vu leur détresse, je regrette ». Des excuses tardives qui n’ont convaincu personne. Le président de la cour d’assises a d’ailleurs relevé l’incohérence : comment regretter sans reconnaître la motivation homophobe claire et assumée ?

13 ans en première instance, 8 ans en appel : une peine allégée

En septembre 2024, la cour d’assises de Paris avait frappé fort : 13 ans de réclusion criminelle. Une sanction proportionnelle à la gravité des faits et au traumatisme infligé.

Mais en décembre 2025, la cour d’appel de l’Essonne a réduit la peine à 8 ans ferme. Une décision qui laisse un goût amer aux associations de défense des personnes LGBT+ et aux parties civiles. Huit années pour des actes commis avec une violence extrême, une préméditation évidente et une homophobie affichée.

Certains y voient un signal inquiétant : la justice minimiserait-elle les violences ciblées contre les minorités sexuelles ?

Les guets-apens homophobes : un phénomène sous-estimé en France

Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Chaque année, des centaines d’agressions homophobes sont recensées en France, mais la grande majorité reste dans l’ombre. Les guets-apens sur applications de rencontre sont devenus une technique récurrente.

Des groupes organisés, parfois plusieurs personnes, attirent des hommes gays ou bisexuels dans des lieux isolés (parkings, forêts, caves, appartements) pour les tabasser, les voler, les humilier. Le mobile financier se double souvent d’une haine pure.

En 2024, le ministère de l’Intérieur recensait une hausse de 13 % des actes homophobes et transphobes. Un chiffre probablement très en-deçà de la réalité.

Comment se protéger sur les applications de rencontre ?

Face à cette menace réelle, quelques réflexes simples peuvent sauver des vies :

  • Ne jamais accepter un premier rendez-vous dans un lieu privé ou isolé
  • Prévenir un proche de l’heure et du lieu du rendez-vous
  • Vérifier la cohérence du profil (photos volées, réponses évasives)
  • Privilégier les lieux publics très fréquentés
  • Faire confiance à son instinct : un malaise = annulation immédiate

Des applications comme Grindr ou Scruff ont renforcé leurs messages d’alerte, mais la vigilance reste la première arme.

Les séquelles invisibles des victimes

Au-delà des vols, ce sont des vies entières qui ont été bouleversées. Syndrome de stress post-traumatique, dépression, phobie des rencontres, méfiance généralisée… Les conséquences psychologiques sont lourdes et durables.

Beaucoup ont dû arrêter de travailler pendant des mois. Certains ont déménagé, changé de numéro, supprimé tous leurs profils en ligne. La violence homophobe ne s’arrête pas à la sortie de la cave.

Des associations comme Flag ! ou SOS Homophobie accompagnent ces victimes, souvent délaissées par leur entourage qui ignore tout de leur orientation sexuelle.

Une société encore gangrénée par l’homophobie

Cette affaire met cruellement en lumière une réalité : en 2025, être homosexuel en France reste, pour certains, un risque. Dans les grandes villes comme dans les zones rurales, des individus continuent de penser qu’ils peuvent impunément humilier, frapper, voler sous prétexte d’orientation sexuelle.

Le pseudonyme « jecherchehommeblanc » est révélateur d’une double haine : homophobe et raciste. Car l’auteur, en recherchant spécifiquement des hommes blancs, semblait aussi exprimer une forme de ressentiment ethnique.

Derrière l’acte crapuleux se cache souvent une idéologie mortifère qui considère l’homosexuel comme une cible légitime.

Vers une reconnaissance pleine et entière des violences homophobes ?

Depuis 2003, l’homophobie est une circonstance aggravante en France. Pourtant, dans les faits, elle est parfois minimisée par les tribunaux. La réduction de peine en appel dans cette affaire en est un exemple douloureux.

Les associations demandent une formation renforcée des magistrats, des peines systématiquement exemplaires et une meilleure prise en charge des victimes.

Car condamner un prédateur, c’est bien. Empêcher le suivant, c’est mieux.

L’histoire d’Illies B. et de ses victimes doit servir d’électrochoc. Elle nous rappelle que la liberté d’aimer reste, pour trop de personnes, une lutte quotidienne. Et que la société toute entière a encore du chemin à parcourir avant que plus personne n’ait à avoir peur d’être soi.

En 2025, aimer peut encore coûter la vie… ou des années de cauchemars. Partagez cet article pour que ces faits ne tombent jamais dans l’oubli.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.