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Guerre en Ukraine : l’Europe à la croisée des chemins

L'Europe vit un moment décisif face à l'offensive diplomatique américano-russe sur l'Ukraine. Les désaccords entre pays membres mettent en péril l'unité et la sécurité du continent. Un véritable tournant pour l'avenir de l'UE...

L’Europe se trouve à un tournant crucial de son histoire alors qu’une offensive diplomatique américano-russe tente de mettre fin à la guerre en Ukraine. Les divisions entre pays membres de l’UE n’ont jamais été aussi visibles qu’après la réunion d’urgence convoquée lundi à Paris par le président français Emmanuel Macron. « C’est vraiment un moment où ça passe ou ça casse », résume une source européenne sous couvert d’anonymat. « Il se joue en Ukraine des choses plus grandes que l’Ukraine, à commencer par notre sécurité ».

Un nouvel ordre mondial émerge, sans l’Europe

Le sommet parisien a rassemblé les dirigeants de sept pays européens clés, ainsi que les chefs de l’UE et de l’OTAN, pour discuter du revirement de la politique américaine sur le dossier ukrainien. Malgré des échanges préalables entre Emmanuel Macron et ses homologues américain et ukrainien, les divergences entre Européens ont une nouvelle fois éclaté au grand jour.

« L’Europe a connu de nombreux tournants et avertissements par le passé. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est qu’un nouvel ordre multipolaire est en train d’émerger – et l’Europe n’est pas l’un des pôles »

explique Stephan Wolf, professeur à l’Université de Birmingham

Des positions irréconciliables sur l’envoi de troupes

La question de l’envoi de forces européennes de maintien de la paix en Ukraine, en cas d’accord, a cristallisé les oppositions. Alors que certains pays y sont favorables, d’autres jugent cette option trop complexe et peu efficace. La Première ministre italienne Giorgia Meloni a souligné que chaque membre pouvait contribuer différemment, par des troupes, du matériel ou un financement.

Washington, arbitre incontournable

Mme Meloni a aussi insisté sur la nécessité d’impliquer les États-Unis dans toute discussion sur l’Ukraine et la sécurité européenne. Une position partagée par le chancelier allemand Olaf Scholz, qui appelle à maintenir l’unité transatlantique. Mais pour lui, débattre aujourd’hui de l’envoi de Casques bleus est « hautement inapproprié » tant que la guerre fait rage.

L’idée d’un « backstop » américain, évoquée par Londres, pourrait rendre une participation allemande moins improbable. Cependant, Washington a déjà exclu cette hypothèse. De son côté, la Pologne, fer de lance du soutien à Kiev, a fait savoir qu’elle ne déploierait pas non plus de soldats, par crainte d’une ingérence russe à l’approche de sa présidentielle.

Orban dénonce des dirigeants « pro-guerre »

À l’opposé, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a fustigé « des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump » qui cherchent selon lui à torpiller un accord de paix. Même s’il est isolé, sa position illustre les fractures dont compte se servir la nouvelle administration américaine pour imposer ses vues.

« L’administration Trump à l’intention d’affaiblir l’unité européenne. Il s’agit notamment d’empêcher le Royaume-Uni de retomber dans l’orbite de l’UE et de développer de nouveaux alliés au sein de l’UE, en particulier les pays d’Europe centrale »

analyse Stephan Wolf.

Américains et Russes relancent le dialogue, sans les Européens

Pendant ce temps, de hauts responsables américains et russes se sont entretenus mardi à Ryad pour tenter de renouer le dialogue, au plus bas depuis l’invasion de l’Ukraine. Une initiative qui inquiète Kiev et les Européens, qui craignent d’être mis devant le fait accompli. Côté européen, plusieurs « réunions de suivi » sont prévues après les discussions de Paris. Le commissaire chargé de la Défense, Andrius Kubilius, se rend aussi mardi dans la capitale française pour évoquer la coopération européenne dans ce domaine et le soutien militaire à l’Ukraine.

Face à ces bouleversements géopolitiques majeurs, l’Europe semble plus que jamais à la croisée des chemins. Saura-t-elle surmonter ses divisions pour peser dans ce nouvel ordre mondial en construction ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines et des prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir du Vieux Continent et de ses relations avec le reste du monde.

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