Dans un développement significatif sur le théâtre de la guerre en Ukraine, les forces russes ont réussi un coup d’éclat en traversant la rivière Oskil, un affluent de la Donetsk, au nord de la ville stratégique de Koupiansk. Cette manœuvre audacieuse marque un nouveau chapitre dans le conflit qui fait rage depuis maintenant plus d’un an.
Une tête de pont modeste mais stratégique
Selon des sources proches du terrain, la tête de pont établie par les Russes sur la rive droite de l’Oskil s’étend sur environ 5 kilomètres de long et 1 à 2 kilomètres de large. Bien que modeste en taille, cette position revêt une importance stratégique majeure dans le contexte plus large de la guerre.
En effet, depuis la contre-offensive ukrainienne réussie de l’automne dernier, la ligne de front dans cette région suivait globalement le cours de l’Oskil. Les forces russes étaient repoussées sur la rive gauche, l’Oskil servant de barrière naturelle protégeant le flanc nord du dispositif ukrainien.
L’Oskil, une frontière naturelle cruciale
La traversée de l’Oskil par les Russes est donc loin d’être anodine. Elle remet en question le statut de cette rivière comme ligne de démarcation et frontière potentielle. Certains analystes y voient un signe que la Russie cherche à repousser ses limites au-delà de l’Oskil.
Ils pourraient vouloir éviter justement que l’Oskil soit une frontière.
Une source militaire française
Cependant, établir une simple tête de pont ne suffit pas à bâtir un grand « balcon » au-dessus du Donbass comme les Russes en avaient un avant leur retraite de l’automne. Il leur faudrait conquérir plusieurs milliers de km2 supplémentaires, un objectif qui semble pour l’instant hors de portée au vu des gains de terrain limités de ces derniers mois.
Koupiansk, la clé du dispositif ukrainien
Plus probablement, les Russes cherchent, via cette tête de pont, à menacer la ville de Koupiansk située 15 km plus au sud. Koupiansk est en effet un nœud logistique vital pour les forces ukrainiennes de la région, qui y passent pour approvisionner leurs troupes.
En menaçant Koupiansk par le nord tandis qu’ils ne sont plus qu’à 4 kilomètres à l’est, les Russes exercent une pression maximale sur ce maillon essentiel du dispositif ukrainien. La semaine dernière, une patrouille russe avait même réussi une incursion dans les faubourgs est de la ville avant d’être repoussée.
La stratégie russe des « mille coupures »
Cette nouvelle « entaille » dans les lignes ukrainiennes illustre la stratégie russe actuelle des « mille coupures ». Moscou cherche à multiplier les points de fixation tout au long de l’immense front pour disperser les forces ukrainiennes.
L’objectif est de multiplier les secteurs de crise pour mieux provoquer la congestion des forces ukrainiennes.
Un officier supérieur français
Cette approche contraint Kiev à dépêcher des renforts pour colmater chaque brèche, au risque de dégarnir d’autres secteurs. Un défi de taille pour l’état-major ukrainien confronté à un adversaire qui jouit d’une supériorité numérique significative.
La bataille de l’Oskil, symbole d’une guerre d’usure
Au final, la traversée de l’Oskil par les Russes, bien que limitée, est révélatrice des dynamiques à l’œuvre dans cette guerre. D’un côté, Moscou s’efforce d’exploiter sa masse pour grignoter du terrain et acculer Kiev à la défensive. De l’autre, l’Ukraine s’accroche avec ténacité à chaque kilomètre, cherchant à préserver ses forces en vue d’éventuelles contre-offensives.
Cette bataille de l’Oskil, a priori marginale, cristallise en réalité les enjeux d’une guerre d’usure qui semble partie pour durer. Derrière les coups d’éclat ponctuels, c’est la capacité de chaque camp à tenir sur la durée qui sera décisive. Un constat qui replace cette modeste tête de pont dans une perspective plus vaste, celle d’un conflit dont l’issue reste plus que jamais incertaine.