C’est un bilan humain lourd et déstabilisant qui émerge des combats en Ukraine pour la Corée du Nord. Selon des révélations du renseignement sud-coréen relayées par un député, au moins une centaine de soldats nord-coréens auraient péri sur le front ukrainien au mois de décembre. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur de l’engagement militaire de Pyongyang aux côtés de Moscou, mais aussi de son coût humain considérable.
Une aide militaire nord-coréenne qui se paie au prix fort
Depuis plusieurs mois, des milliers de soldats nord-coréens ont été déployés en Ukraine pour épauler l’armée russe en difficulté. Une assistance militaire voulue par Kim Jong-un pour renforcer l’alliance avec Vladimir Poutine, mais qui s’avère très meurtrière sur le terrain.
D’après le député sud-coréen Lee Seong-kweun, membre de la commission du renseignement, le nombre de morts nord-coréens pourrait même frôler le millier si l’on inclut les blessés. Des pertes massives qui s’expliqueraient par plusieurs facteurs :
- Un environnement de combat peu familier pour les troupes de Pyongyang
- Leur utilisation comme unités d’assaut sacrifiables en première ligne
- Un manque de capacité à contrer les attaques de drones et missiles ukrainiens
- Des accidents lors des entraînements et manœuvres
L’armée russe questionne l’utilité des renforts nord-coréens
Face à ces pertes significatives, des voix s’élèvent au sein même de l’état-major russe pour remettre en question la plus-value des soldats nord-coréens sur le champ de bataille ukrainien. Selon des informations du renseignement sud-coréen, leur méconnaissance des drones et des nouvelles technologies les rendraient plus vulnérables et en feraient un « fardeau » plutôt qu’un atout pour les forces de Moscou.
Un constat amer pour le régime de Pyongyang, qui espérait par cet engagement militaire en Ukraine consolider son partenariat stratégique avec la Russie. Mais les revers tactiques et le lourd tribut payé par ses troupes fragilisent cette alliance opportuniste.
Kim Jong-un face au fiasco de son pari ukrainien
Pour le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, l’envoi de milliers de ses soldats combattre sous bannière russe devait permettre de renforcer ses liens avec Vladimir Poutine et d’obtenir en retour un précieux soutien diplomatique et économique. Mais ce pari risqué est en passe de tourner au fiasco.
La Corée du Nord paie un lourd tribut en vies humaines pour une opération extérieure hasardeuse qui semble ne servir que les intérêts russes.
Analyse Lee Jong-seok, spécialiste de la Corée du Nord à l’Institut Sejong
Avec déjà des centaines de soldats tués, blessés ou capturés, l’aventure ukrainienne de Pyongyang vire au bourbier. Sans pour autant parvenir à changer la donne militaire sur le terrain, comme l’espéraient les stratèges nord-coréens.
Face à cette hémorragie, la propagande du régime minimise l’étendue des pertes et vante le « sacrifice héroïque » de ces soldats tombés pour la cause d’une « mission sacrée » aux côtés de l’allié russe. Mais en coulisses, l’inquiétude grandit au sommet de l’Etat quant au coût politique d’un tel engagement.
Une alliance fragile et un bilan humain lourd
À l’heure du bilan, l’envoi par Kim Jong-un de milliers de soldats nord-coréens combattre et mourir en Ukraine aux côtés de l’armée russe apparaît comme un calcul géopolitique aussi cynique que désastreux. Un pari perdant qui écorne un peu plus son image et révèle les limites de son alliance avec Moscou.
Derrière les communiqués triomphants, se cache la réalité tragique de jeunes conscrits nord-coréens sacrifiés sur l’autel d’intérêts qui les dépassent, dans une guerre lointaine dont ils ignorent tout. Leur sacrifice souligne la fragilité d’une alliance opportuniste entre deux régimes autoritaires prêts à tout pour se maintenir.
Reste à savoir si les lourdes pertes essuyées par le contingent nord-coréen en décembre conduiront Pyongyang à revoir son engagement. Ou si au contraire, le régime s’entêtera dans un soutien militaire ruineux et hasardeux au risque d’y laisser des milliers d’autres vies.