Alors que le spectre d’une escalade nucléaire plane sur le conflit ukrainien, un sondage révèle une tendance inquiétante au sein de l’opinion publique russe. Selon l’institut indépendant Levada, près de 40% des Russes estiment désormais que l’utilisation de l’arme atomique serait « morale et justifiée » dans le cadre de la guerre en Ukraine.
L’érosion des réticences face au tabou nucléaire
D’après les résultats de cette étude, le pourcentage de Russes s’opposant au recours aux armes nucléaires est passé de 52% en juin 2024 à seulement 45% en novembre. Parallèlement, la proportion jugeant cet usage légitime a grimpé à 39%. Un glissement préoccupant que les experts attribuent à l’influence grandissante de personnalités prônant la possibilité de « gagner » une guerre atomique.
La propagande du Kremlin en action
Alexeï Levinson, responsable au sein de Levada, décrypte ce revirement des mentalités. Il souligne l’efficacité de la propagande orchestrée par le gouvernement russe et les médias, qui a progressivement normalisé l’idée d’un recours au nucléaire. Une rhétorique martelée qui semble porter ses fruits, avec une banalisation croissante de l’impensable au sein de la population.
Depuis les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, l’idée selon laquelle une telle chose ne devrait plus jamais se reproduire s’était répandue dans la société russe comme une norme indiscutée et incontestée.
Alexeï Levinson, institut Levada
Poutine muscle sa doctrine nucléaire
Dans ce contexte, Vladimir Poutine n’a de cesse d’agiter la menace atomique face à l’Ukraine et l’Occident. Dernièrement, il a même menacé de frapper les centres de commandement de Kiev avec son nouveau missile hypersonique Orechnik. Une démonstration de force inquiétante, renforcée par un décret présidentiel élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire.
- 28 novembre : Poutine menace de frapper Kiev avec le missile Orechnik
- 19 novembre : Signature d’un décret « adaptant » la doctrine nucléaire russe
Un soutien massif malgré les revers
Fait notable, le sondage Levada révèle aussi que 87% des Russes soutiennent toujours leur président en cette fin d’année 2024. Un bond de plus de 20 points comparé à l’avant-guerre, et ce malgré les difficultés rencontrées par l’armée russe sur le terrain ukrainien. Une adhésion qui démontre l’efficacité redoutable de la propagande du Kremlin.
Face à cette dynamique préoccupante, la communauté internationale redoute plus que jamais une escalade incontrôlée du conflit. Les regards sont désormais rivés sur Moscou, dans l’attente fébrile du prochain coup de bluff – ou de folie – de Vladimir Poutine.