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Guerre en Ukraine : Hausse Dramatique de la Mortalité Maternelle

En pleine guerre, la mortalité maternelle a bondi de 37 % en Ukraine. Des maternités bombardées, des femmes qui accouchent sous les sirènes, des complications qui explosent… Jusqu’où cette crise invisible va-t-elle s’aggraver ?

Imaginez accoucher alors que les sirènes hurlent et que le bâtiment tremble sous les impacts. En Ukraine, ce cauchemar est devenu le quotidien de milliers de femmes enceintes. Un rapport récent du Fonds des Nations unies pour la population vient de révéler une réalité terrifiante : la mortalité maternelle a augmenté de près de 40 % en seulement un an.

Une crise sanitaire silencieuse au cœur du conflit

Derrière les images de chars et de missiles, une autre guerre se joue : celle que mènent les femmes pour donner la vie dans un pays en feu. Les chiffres publiés sont glaçants et montrent à quel point le conflit armé détruit aussi les fondations les plus élémentaires de la santé.

Les hôpitaux sont bombardés. Les routes pour rejoindre les maternités sont minées ou détruites. Les médecins fuient ou sont épuisés. Et pendant ce temps, les grossesses continuent d’arriver à terme, souvent dans des conditions dramatiques.

Des chiffres qui donnent le vertige

Entre 2023 et 2024, malgré une baisse importante du nombre de naissances, le taux de mortalité maternelle est passé de 18,9 à 25,9 pour 100 000 naissances vivantes. Cela représente une hausse brutale de 37 %.

Cette augmentation n’est pas due au hasard. Elle reflète une dégradation globale du système de soins obstétricaux dans tout le pays, même dans les zones relativement épargnées par les combats directs.

« Il ne s’agit pas de statistiques abstraites, ce sont des personnes et des familles qui vivent dans un stress insupportable »

Les complications qui explosent

Les données montrent une multiplication inquiétante des situations à haut risque. Les ruptures utérines ont augmenté de 44 %. L’hypertension artérielle pendant la grossesse a progressé de 12 %. Ces deux pathologies figurent parmi les principales causes de décès maternel dans le monde.

Le stress chronique, les déplacements forcés, la malnutrition relative, l’impossibilité de suivre correctement une grossesse : tous ces facteurs se cumulent et transforment des grossesses ordinaires en parcours à risque.

Dans certaines régions proches de la ligne de front, les femmes arrivent à l’hôpital après des heures de route sous les bombardements, parfois déjà en état de détresse vitale.

Les césariennes : un indicateur alarmant

Le taux de césariennes est devenu un marqueur incontestable de la crise. À Kherson, il atteint 46 %, l’un des plus élevés d’Europe. À Odessa, il dépasse les 32 %. Ces chiffres dépassent largement les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui préconise un taux entre 10 et 15 %.

Une césarienne n’est pas anodine. Elle augmente les risques d’hémorragie, d’infection, de complications lors des grossesses suivantes. Dans un contexte où les réserves de sang sont critiques et où les blocs opératoires manquent parfois d’électricité, chaque intervention devient une prise de risque supplémentaire.

Région Taux de césariennes Comparaison Europe
Kherson (zone de front) 46 % Record européen
Odessa 32 % Très élevé
Moyenne recommandée OMS 10-15 %

Des maternités dans le viseur

Les attaques directes contre les établissements de santé se multiplient. Une maternité soutenue par le Fnuap à Kherson a récemment été gravement endommagée. Ce n’est pas un cas isolé. Partout dans l’est et le sud du pays, les services d’obstétrique fonctionnent dans des sous-sols ou dans des bâtiments à moitié détruits.

Les sages-femmes et les gynécologues racontent des accouchements à la lampe torche, sous les bombardements, avec des réserves d’oxygène qui s’épuisent. Certaines femmes préfèrent accoucher chez elles plutôt que de risquer le trajet jusqu’à l’hôpital.

Le suivi prénatal, pourtant essentiel pour détecter les complications à temps, est devenu quasi impossible dans de nombreuses zones. Les échographies de routine, les analyses sanguines, les consultations régulières : tout cela appartient souvent au passé.

Le stress, ennemi invisible de la grossesse

Au-delà des blessures physiques directes, c’est le stress chronique qui ronge les futures mères. Vivre avec la peur permanente d’une attaque, entendre les explosions nuit et jour, perdre son logement, être séparée de sa famille : ces traumatismes ont un impact physiologique direct sur la grossesse.

Les études montrent que le stress maternel sévère augmente le risque de prématurité, de retard de croissance intra-utérin, d’hypertension gravidique et même de rupture prématurée des membranes. En Ukraine, des générations entières naissent déjà marquées par cette violence.

Les bébés prématurés en première ligne

Le nombre de naissances prématurées a explosé. Les unités de néonatologie, quand elles existent encore, tournent à plein régime avec du matériel souvent vétuste ou incomplet. Le Fnuap fournit incubateurs, respirateurs et médicaments spécifiques, mais les besoins sont immenses.

Un bébé né à sept mois dans une ville bombardée n’a pas les mêmes chances de survie qu’ailleurs. Chaque jour compte, chaque heure d’électricité stable est une victoire.

Un appel urgent à la communauté internationale

Face à cette catastrophe humaine, le Fonds des Nations unies pour la population a lancé un appel de fonds de 52 millions de dollars pour 2026. Cet argent doit permettre de continuer à fournir équipements, médicaments, formations d’urgence et soutien psychologique aux équipes médicales et aux mères.

Parce que protéger les femmes enceintes, c’est protéger l’avenir même du pays. Chaque vie sauvée aujourd’hui est une promesse pour demain.

Dans ce conflit qui semble sans fin, la santé des mères et des nouveau-nés est devenue un indicateur cruel de l’ampleur des destructions. Et derrière chaque chiffre, il y a un visage, une histoire, une famille brisée.

La guerre en Ukraine ne vole pas seulement des territoires. Elle vole aussi des mères à leurs enfants et des enfants à leurs mères. Et ce prix-là est peut-être le plus lourd de tous.

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