L’annonce a fait l’effet d’une bombe. En donnant son feu vert à l’Ukraine pour frapper le territoire russe avec des missiles américains longue portée, Joe Biden vient de franchir un pas lourd de conséquences. Une décision qui pourrait bien jeter de l’huile sur le feu d’un conflit déjà hors de contrôle, comme l’a immédiatement dénoncé le Kremlin.
Washington change la donne
Selon une source proche du dossier, le président américain aurait donc autorisé Kiev à utiliser les redoutables missiles à longue portée fournis par les États-Unis pour viser des cibles en Russie. Une première depuis le début de l’invasion russe il y a près de deux ans, qui marque un tournant majeur dans la position américaine.
Jusqu’à présent, Washington avait en effet toujours pris soin de poser des limites à l’usage des armes livrées à l’Ukraine, de peur d’être entraîné dans une escalade incontrôlable. Mais visiblement, les lignes rouges ont bougé. Au risque d’un embrasement généralisé ?
Moscou dénonce “un acte hostile”
La réaction de Moscou ne s’est pas fait attendre. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a immédiatement condamné la décision américaine, y voyant un geste de nature à “jeter de l’huile sur le feu” et menant à “une situation fondamentalement nouvelle en termes d’implication des États-Unis”.
“Cela ne changera en rien le cours de l’opération, absolument en rien. Nous continuerons à remplir nos missions comme nous l’avons toujours fait”
Andreï Kartapolov, président de la commission défense du Parlement russe
Côté russe, on se veut donc inflexible, martelant que cette autorisation ne changera rien à la conduite de ce que Moscou présente toujours comme une “opération militaire spéciale”. Mais dans le même temps, un député a averti qu’un tel feu vert pourrait signifier “le début de la Troisième Guerre mondiale”. Le ton est donné.
L’Europe divisée
En Europe, les réactions sont mitigées. Si la France a réaffirmé que l’utilisation de ses propres missiles sur le sol russe restait “une option”, d’autres pays se montrent plus réticents à franchir ce pas. Beaucoup redoutent en effet qu’une telle escalade ne conduise Vladimir Poutine à des représailles extrêmes.
L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a lui appelé les Européens à suivre l’exemple américain, estimant qu’il serait “humiliant” pour l’Occident de laisser une victoire à Poutine. Mais sa voix reste isolée, preuve des profondes divergences qui traversent le Vieux Continent sur ce dossier explosif.
Une paix de plus en plus incertaine
Une chose est sûre, la perspective d’une résolution rapide du conflit semble plus que jamais illusoire. Alors que Volodymyr Zelensky a récemment réaffirmé son espoir de mettre fin à la guerre d’ici 2025 par la voie diplomatique, Vladimir Poutine a une nouvelle fois exclu toute négociation.
“Poutine ne veut pas la paix et n’est pas prêt à la négocier”
Emmanuel Macron, Président de la République française
Dans ce contexte, l’appel de la Chine à une désescalade et à un retour au dialogue apparaît bien illusoire. Surtout depuis que Pékin a clairement affiché son soutien à la Russie, n’hésitant plus à livrer des armes à Moscou comme l’affirment plusieurs rapports du renseignement occidental.
Vers un nouveau palier dans la guerre ?
Au final, le tournant opéré par Washington pourrait bien marquer l’entrée dans une nouvelle phase, encore plus meurtrière, du conflit ukrainien. Une escalade militaire qui fait peser le risque d’une confrontation directe entre les États-Unis et la Russie, aux conséquences potentiellement dévastatrices.
Reste à savoir si le Kremlin mettra ses menaces à exécution. Déjà, Moscou affirme avoir abattu plusieurs dizaines de drones ukrainiens dans la nuit. Un avant-goût de la réponse russe ? Une chose est sûre, en Ukraine comme dans les chancelleries occidentales, tous les yeux sont désormais braqués sur le prochain geste de Vladimir Poutine.
