Les relations sino-américaines sont à un tournant. Alors que les tensions commerciales entre les deux pays persistent depuis plusieurs années, une lueur d’espoir semble poindre à l’horizon. Le président chinois Xi Jinping a en effet récemment déclaré qu’une guerre commerciale avec les États-Unis ne ferait « aucun gagnant », appelant à plus de dialogue et de coopération entre Pékin et Washington.
Un constat lucide sur les risques d’une escalade
Lors d’une rencontre avec des leaders économiques internationaux, Xi Jinping n’a pas mâché ses mots. Pour lui, les guerres commerciales, technologiques ou tarifaires « vont à l’encontre des tendances historiques et des règles économiques ». Une manière habile de souligner l’interdépendance des deux géants et les dommages collatéraux qu’engendrerait une confrontation directe.
Car au-delà des différends bilatéraux, c’est bien l’économie mondiale qui pourrait en pâtir. Hausse des prix, rupture des chaînes d’approvisionnement, incertitude des marchés… Autant de risques que le numéro un chinois semble vouloir prévenir en adoptant un ton conciliant.
La Chine tend la main malgré les différends
Malgré les multiples points de friction entre les deux pays, de la question taïwanaise aux litiges sur la propriété intellectuelle en passant par la rivalité technologique, Pékin se dit prêt à « maintenir le dialogue » et à « élargir la coopération » avec le gouvernement américain. Une main tendue habile à l’heure où Joe Biden s’apprête à rempiler pour un second mandat.
La Chine est prête à maintenir le dialogue avec le gouvernement américain, à élargir la coopération, à gérer les divergences et à promouvoir le développement des relations sino-américaines dans une direction stable, saine et durable.
Xi Jinping, président chinois
Reste à savoir si ces déclarations d’intention se traduiront en actes. Car au-delà des paroles apaisantes, les contentieux entre les deux mastodontes demeurent nombreux et profonds. Les négociations s’annoncent longues et complexes, à l’image d’une relation en dents de scie depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013.
L’économie chinoise sous pression
En toile de fond de ce rapprochement, la situation économique de l’Empire du Milieu interroge. Avec une croissance en berne et un chômage élevé, particulièrement chez les jeunes, Pékin a tout intérêt à apaiser les tensions pour relancer son économie. Le secteur immobilier, traditionnellement un moteur de la croissance chinoise, traverse une crise aigüe dont les répercussions pourraient menacer la stabilité sociale du pays.
Malgré ce contexte difficile, Xi Jinping se veut rassurant et affiche sa « confiance totale » dans la capacité de la Chine à atteindre ses objectifs économiques. Une posture optimiste destinée tant à son opinion publique qu’à ses partenaires commerciaux étrangers, États-Unis en tête.
Vers un nouveau chapitre des relations sino-américaines ?
Si les déclarations de Xi Jinping sont à prendre avec précaution, elles témoignent néanmoins d’une inflexion dans la posture chinoise. Après des années de bras de fer, Pékin semble désormais privilégier la désescalade, conscient des risques d’un affrontement frontal avec Washington.
Mais la route est encore longue avant une normalisation complète des relations. Les sujets de discorde restent nombreux, des droits de l’homme au respect des règles du commerce international en passant par les ambitions militaires chinoises en mer de Chine. Autant de défis qui nécessiteront un dialogue franc et continu entre les deux puissances.
L’élection présidentielle américaine de 2024 sera à cet égard un moment clé. Si Joe Biden est réélu, il pourrait être tenté de poursuivre le rapprochement amorcé. Mais en cas de victoire républicaine, et notamment de retour de Donald Trump, les cartes pourraient être rebattues et les tensions s’exacerber à nouveau.
Un enjeu au-delà du bilatéral
Au-delà de leurs relations bilatérales, la Chine et les États-Unis ont une responsabilité particulière en tant que leaders de l’économie mondiale. Leur capacité à coopérer et à gérer pacifiquement leurs différends aura des répercussions sur la stabilité et la prospérité globales.
Dans un monde interconnecté et confronté à des défis communs, du changement climatique au terrorisme en passant par les pandémies, la coopération entre les grandes puissances apparaît plus indispensable que jamais. Un constat que semblent partager, malgré leurs divergences, Xi Jinping et Joe Biden.
Les prochains mois seront décisifs pour jauger de la sincérité des deux parties et de leur volonté réelle d’engager un dialogue constructif. Si les obstacles restent nombreux, l’espoir d’une détente durable est permis. Car comme l’a justement souligné Xi Jinping, dans une guerre commerciale, il n’y a jamais de vainqueur. Seule la coopération permettra aux deux géants de relever les défis du XXIe siècle.
