Les nuages s’amoncellent à l’horizon pour le commerce international. Selon une haute responsable de la Banque centrale européenne (BCE), une guerre commerciale avec les États-Unis est « très probable » sous la présidence de Donald Trump. Cet affrontement économique pourrait avoir des conséquences négatives sur l’activité et les prix en Europe, met-elle en garde.
Trump prêt à dégainer les droits de douane
D’après cette source proche du dossier, les droits de douane ont occupé « un rôle central » dans la communication de Donald Trump pendant sa campagne. Maintenant qu’il s’apprête à entrer à la Maison Blanche, le risque d’un bras de fer commercial devient plus concret que jamais.
Dès son investiture le 20 janvier, le nouveau président américain prévoit d’imposer des droits de douane de 25% sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada. Son administration invoque la lutte contre l’entrée de drogues et de migrants pour justifier ces mesures protectionnistes.
La Chine et l’Europe dans le collimateur
Mais les voisins directs des États-Unis ne sont pas les seuls dans le viseur de Trump. Déjà ciblée lors de son premier mandat, la Chine pourrait voir ses taxes douanières augmenter de 10%. Quant à la zone euro, et notamment l’Allemagne qui enregistre l’excédent commercial le plus élevé avec les USA, elle aussi est menacée de sanctions.
Pour l’Europe, ces nouveaux droits de douane pourraient entraîner une hausse des prix à l’importation, surtout si le Vieux Continent répond à son tour par des mesures de rétorsion. On assisterait alors à une spirale inflationniste néfaste pour le pouvoir d’achat.
Un « poison » pour la conjoncture
Mais avant même d’en arriver là, le seul climat d’incertitude actuel agit comme « un poison pour la conjoncture » selon les mots de la responsable de la BCE. Il freine déjà la consommation et l’investissement, deux moteurs essentiels de la croissance.
En règle générale, les droits de douane entraînent des pertes de prospérité à l’échelle mondiale.
Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE
Si la mondialisation a permis des gains de richesse importants pour l’Europe ces dernières décennies, la banquière centrale avertit qu’il faut désormais « se préparer à voir au moins une partie de ces gains s’inverser » avec la montée du protectionnisme.
La BCE garde le cap malgré les risques
Malgré ces perspectives moroses, la BCE assure rester « sur la bonne voie » pour atteindre son objectif d’une inflation proche de 2%. Cela devrait lui permettre de poursuivre la baisse progressive de ses taux directeurs, ramenés de 4% à 3% depuis juin dernier.
Toutefois, Isabel Schnabel, connue pour ses positions monétaires rigoureuses, souligne que l’institut d’émission se rapproche « du point où il faudra examiner attentivement jusqu’où nous pouvons aller » dans l’assouplissement quantitatif. La prochaine réunion de politique monétaire fin janvier sera scrutée de près pour déceler un éventuel changement de ton de la BCE face aux vents contraires.