Alors que les bombes pleuvent sur Gaza depuis des mois, les rues de Paris résonnent du cri des manifestants indignés. Ce mercredi soir, ils étaient plus d’un millier à se rassembler au cœur de la capitale pour dénoncer la guerre qui fait rage dans le territoire palestinien. Une mobilisation massive, la troisième en autant de jours, qui témoigne de l’ampleur de l’émotion suscitée par ce conflit sanglant.
Entre colère et révolte, la jeunesse en première ligne
Dans la foule compacte qui occupe les artères parisiennes, impossible de ne pas remarquer la présence majoritaire des jeunes. Brandissant des drapeaux palestiniens, scandant des slogans rageurs, ils expriment avec force leur solidarité envers un peuple qu’ils estiment abandonné. «Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide», martèle Kenan, un manifestant de 26 ans. Pour lui comme pour beaucoup, l’attaque meurtrière sur le camp de réfugiés de Rafah a marqué un point de non-retour dans l’horreur.
Les gens ont passé un cap de la colère parce qu’on a passé un cap dans l’horreur.
– Kenan, manifestant palestinien
Samia, 33 ans : “On assiste à un génocide”
Venue manifester pour la première fois, Samia ne mâche pas ses mots. À 33 ans, cette franco-palestinienne est révoltée par l’escalade de violence qui ensanglante Gaza depuis 7 mois. «Là, c’est vraiment trop, on assiste à un génocide», assène-t-elle, évoquant le lourd bilan des victimes civiles. Un constat partagé par de nombreux manifestants, pour qui chaque jour apporte son lot macabre depuis l’attaque du 7 octobre.
Une crise humanitaire majeure
Au-delà de l’indignation, c’est aussi l’inquiétude qui domine chez les manifestants. Car avec plus de 36 000 morts selon les chiffres du Hamas, dont une écrasante majorité de civils, la bande de Gaza traverse une crise humanitaire sans précédent. Les infrastructures dévastées, les pénuries de médicaments et de nourriture, le spectre des épidémies… Autant de défis colossaux auxquels doit faire face une population à bout de forces.
Tensions et affrontements
Malgré son caractère pacifique, le rassemblement parisien n’a pas été exempt de tensions. En milieu de soirée, des heurts ont éclaté entre certains manifestants souhaitant défiler et les forces de l’ordre. Gaz lacrymogène contre volonté d’en découdre, l’atmosphère s’est dangereusement électrisée, faisant craindre un embrasement plus large. Un risque de surenchère qui plane comme une ombre menaçante sur une mobilisation portée par un sentiment d’injustice et d’abandon.
Un élan national et international
Loin de se limiter à la capitale, la contestation contre la guerre à Gaza essaime aux quatre coins de l’Hexagone. De Lille à Marseille en passant par Lyon, les initiatives se multiplient pour dénoncer les bombardements israéliens. Extinction symbolique des lumières des mairies, prises de parole enflammées… Les élus locaux rivalisent d’imagination pour manifester leur solidarité avec les victimes palestiniennes.
Un élan qui fait écho à l’indignation qui monte sur la scène internationale. De l’Europe aux États-Unis en passant par le monde arabe, les appels au cessez-le-feu et à la retenue se font de plus en plus pressants. Face à l’enlisement du conflit et à la souffrance indicible des populations, la communauté des nations semble enfin prendre la mesure de l’urgence. Reste à savoir si ces timides frémissements suffiront à infléchir le cours d’une guerre qui, chaque jour, broie un peu plus les espoirs de paix.