Plus d’un an après le début de la guerre déclenchée par le Hamas contre Israël, les accusations de crimes de guerre et même de génocide se multiplient envers l’État hébreu pour ses méthodes employées dans la bande de Gaza. Deux rapports publiés jeudi, l’un par un comité spécial de l’ONU et l’autre par l’ONG Human Rights Watch (HRW), dressent un tableau accablant de la situation humanitaire catastrophique infligée à la population palestinienne.
L’ONU Accuse Israël de Méthodes Présentant les “Caractéristiques d’un Génocide”
Dans son rapport, le comité spécial onusien s’alarme des “pertes civiles massives” et de “l’emploi de la famine comme arme de guerre” par Israël à Gaza depuis octobre 2022. Selon le comité, à travers “son siège de Gaza, son obstruction de l’aide humanitaire, ses attaques ciblées et en tuant des civils et des travailleurs humanitaires“, Israël “cause intentionnellement la mort, la famine et des blessures graves” aux Palestiniens. Des méthodes qui “correspondent aux caractéristiques d’un génocide” selon l’ONU.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël est visé par de telles accusations depuis le début de cette guerre. Mais le comité prévient que la campagne de bombardements israélienne aura des conséquences désastreuses à long terme, en détruisant les systèmes vitaux et en contaminant l’environnement :
Israël a créé un mélange mortel de crises qui infligeront de graves préjudices aux générations à venir.
Rapport du comité spécial de l’ONU
HRW Dénonce des Déplacements Forcés Constituant un “Crime Contre l’Humanité”
De son côté, HRW affirme dans un autre rapport que les ordres d’évacuation à répétition de l’armée israélienne mènent à des déplacements forcés de population équivalant à “un crime contre l’humanité”. Citant des déclarations de hauts responsables israéliens, HRW estime que ces transferts forcés, considérés comme des crimes de guerre en droit international, sont “intentionnels et font partie de la politique de l’État israélien”.
Israël justifie ces évacuations massives par des impératifs militaires et la protection des civils. Mais pour de nombreux Gazaouis, c’est un cauchemar sans fin. Iman Hamad, mère de famille déplacée plus de 10 fois, témoigne :
Avant, je pensais qu’ils voulaient nous déplacer, maintenant je réalise qu’ils veulent nous tuer et nous effacer.
Iman Hamad, habitante de Gaza
L’ONU estime qu’au moins 1,9 million de Gazaouis ont été déplacés depuis le début de la guerre, sur une population totale de 2,4 millions. Beaucoup n’ont nulle part où aller et préfèrent rester malgré les dangers. “C’est mieux de mourir instantanément d’un obus que de mourir 1000 fois de l’humiliation d’être déplacé, de faim et de misère”, confie Achraf Abou Habl, chauffeur de taxi de 50 ans qui a choisi de rester.
HRW Évoque un “Nettoyage Ethnique”, Appelle la CPI à Enquêter
Selon HRW, au-delà du crime contre l’humanité, les actions d’Israël “semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique” dans certaines zones où les Palestiniens ont été sommés de partir sans possibilité de retour. L’ONG cite l’exemple de zones “rasées, étendues et nettoyées” par l’armée pour créer des zones tampons.
Face à la gravité de la situation, le comité de l’ONU appelle la communauté internationale à agir de toute urgence pour mettre fin à l’effusion de sang, déplorant que des pays continuent d’apporter un soutien militaire à Israël. HRW encourage de son côté le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête.
Contactées, les autorités israéliennes n’avaient pas encore réagi à ces accusations en fin de journée. Mais à Gaza, où la guerre entre dans son 14e mois, l’heure est à la survie pour une population prise en étau, avec peu d’espoir d’une issue rapide au conflit.