InternationalPolitique

Guelleh Vers Sixième Mandat À Djibouti

À 77 ans, Ismaël Omar Guelleh brigue un sixième mandat à Djibouti après la levée de la limite d’âge. Le congrès du RPP a validé sa candidature pour 2026. Mais derrière cette continuité, quelles forces maintiennent ce pouvoir depuis 1999 ? La réponse risque de surprendre...

Imaginez un pays d’à peine un million d’habitants, coincé entre l’Éthiopie, la Somalie et la mer Rouge, qui abrite pourtant les bases militaires des plus grandes puissances mondiales. Ce petit État, c’est Djibouti. Et à sa tête depuis 1999, un homme : Ismaël Omar Guelleh. À 77 ans, il vient d’accepter de briguer un sixième mandat en avril 2026. Une longévité politique qui fascine autant qu’elle interroge.

Un Congrès Décisif Pour L’Avenir De Djibouti

Le samedi, à l’issue d’un congrès du Rassemblement populaire pour le Progrès (RPP), le président de l’Assemblée nationale a annoncé la nouvelle. Dileita Mohamed Dileita, ancien Premier ministre et proche du chef de l’État, a déclaré : « Il a accepté d’être candidat pour l’élection présidentielle de l’année prochaine, tout s’est bien passé. » Un autre cadre du parti a confirmé l’information, même si la présidence n’a pas encore officialisé la candidature.

Il a accepté d’être candidat pour l’élection présidentielle de l’année prochaine, tout s’est bien passé.

Dileita Mohamed Dileita, président de l’Assemblée nationale

Cette annonce intervient dans un contexte particulier. Moins d’une semaine plus tôt, le Parlement avait voté la suppression de la limite d’âge de 75 ans pour les candidats à la présidence. Une modification constitutionnelle qui ouvre la voie à cette nouvelle candidature. En 2010, une autre réforme avait déjà aboli la limitation à deux mandats.

Un Parcours Politique Sans Failles

Ismaël Omar Guelleh, surnommé IOG, n’est pas un novice. Il a succédé en 1999 à Hassan Gouled Aptidon, le père de l’indépendance de Djibouti, après avoir été son chef de cabinet pendant vingt-deux ans. Depuis, il a remporté chaque élection avec des scores écrasants. En 2021, il obtenait plus de 97 % des voix.

Sa coalition, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), domine totalement le Parlement. L’opposition, bien que présente, reste marginalisée. Le système politique djiboutien repose sur une stabilité renforcée par le contrôle du parti au pouvoir.

Ce n’est pas une surprise. En mai, dans un entretien accordé à un magazine panafricain, le président avait laissé la porte ouverte à une nouvelle candidature. Il avait déclaré aimer trop son pays pour le plonger dans une aventure irresponsable.

Djibouti : Un Petit Pays À La Position Stratégique

Djibouti est bordé par le détroit de Bab-el-Mandeb, un passage maritime crucial entre la mer Rouge et le golfe d’Aden. Une grande partie du commerce mondial entre l’Asie et l’Occident transite par cette voie. Ce positionnement géographique en fait un acteur incontournable malgré sa petite taille.

Ancienne colonie française indépendante depuis 1977, le pays accueille plusieurs bases militaires étrangères. Les États-Unis, la France, la Chine et le Japon y maintiennent des installations. Cette présence multinationale renforce la stabilité du régime tout en garantissant une sécurité régionale dans une zone troublée.

Djibouti en chiffres :

  • Population : environ 1 million d’habitants
  • Superficie : 23 200 km²
  • Indépendance : 1977
  • Bases militaires : américaine, française, chinoise, japonaise
  • PIB par habitant : parmi les plus élevés de la région

Cette situation géopolitique explique en partie la longévité du pouvoir en place. Les grandes puissances ont intérêt à maintenir un partenaire fiable à la tête du pays. La stabilité prime sur les alternances démocratiques.

Les Réformes Constitutionnelles Successives

La suppression de la limite d’âge n’est pas une première. En 2010, la Constitution avait déjà été modifiée pour supprimer la restriction à deux mandats présidentiels. Ces changements successifs permettent à Ismaël Omar Guelleh de se maintenir au pouvoir sans contrainte légale.

Ces réformes sont votées par un Parlement acquis à la majorité présidentielle. L’UMP contrôle l’ensemble des institutions. Les débats sont limités, et les décisions prises rapidement. Cette efficacité législative reflète le contrôle total du système politique.

La dernière modification, adoptée moins d’une semaine avant l’annonce de la candidature, illustre cette dynamique. Le verrou de l’âge de 75 ans, qui aurait dû s’appliquer, a été levé sans opposition notable.

Un Favori Écrasant Pour 2026

À ce stade, Ismaël Omar Guelleh fait figure de grandissime favori. Les précédentes élections ont montré une domination sans partage. En 2021, son score dépassait les 97 %. L’opposition, fragmentée et affaiblie, peine à mobiliser.

Le RPP organise des congrès réguliers pour consolider son assise. Le dernier en date a été l’occasion de valider la candidature du président sortant. Cette stratégie de renouvellement du soutien interne garantit une campagne sans surprise.

Même à 77 ans, le chef de l’État projette une image de vitalité. Il a récemment affirmé être en bonne santé, hormis un léger excès de poids à corriger. Ces déclarations visent à rassurer sur sa capacité à assumer un nouveau mandat.

La Question De La Santé Et De La Succession

Les rumeurs sur l’état de santé du président circulent régulièrement. En mai, il y a répondu avec humour, affirmant que tout était nickel à part quelques kilos à perdre. Cette communication vise à désamorcer les spéculations.

Mais à 77 ans, la question de la succession devient inévitable. Qui pour prendre la relève ? Le système repose sur la personnalité du leader. Aucun dauphin officiel n’a été désigné. Cette absence de planification pourrait poser problème à long terme.

Pour l’instant, le président insiste sur son attachement au pays. Il refuse de le laisser dans l’incertitude. Cette posture paternaliste renforce son image de protecteur de la nation.

Un Pays Stable Dans Une Région Instable

La Corne de l’Afrique est marquée par les conflits. Somalie, Éthiopie, Érythrée : les voisins de Djibouti traversent des crises récurrentes. Dans ce contexte, la stabilité djiboutienne apparaît comme une exception.

Cette continuité politique attire les investissements. Le port de Djibouti est un hub logistique majeur. Les partenariats avec la Chine, via les Nouvelles Routes de la Soie, se multiplient. Le pays diversifie ses alliances tout en maintenant ses liens historiques avec la France.

La présence militaire étrangère garantit une protection. En échange, Djibouti offre des facilités stratégiques. Ce équilibre délicat repose sur la fiabilité du leadership en place.

Perspectives Pour L’Élection De 2026

L’élection d’avril 2026 s’annonce comme une formalité. Le président sortant bénéficie d’un appareil politique rodé. La campagne sera centrée sur la continuité et la stabilité.

L’opposition, si elle se présente, aura peu de marge de manœuvre. Les médias sont contrôlés, les financements limités. Le résultat semble déjà écrit.

Mais au-delà du scrutin, c’est l’avenir du modèle djiboutien qui se joue. Jusqu’où peut durer cette longévité ? Et après ? Les questions demeurent, même si pour l’instant, la réponse est claire : Ismaël Omar Guelleh reste aux commandes.

Élection Score Contexte
1999 Succès face à l’opposition Première élection
2005 Large victoire Après réforme
2011 Boycott opposition Suppression limite mandats
2016 Plus de 87 % Stabilité renforcée
2021 97 % des voix Crise sanitaire

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. La domination est totale. Chaque élection renforce le pouvoir en place. 2026 ne devrait pas déroger à la règle.

Le congrès du RPP a été un moment de communion. Les militants ont acclamé leur leader. La machine électorale est lancée. Et elle tourne à plein régime.

Dans ce petit pays au cœur des enjeux mondiaux, la politique intérieure se joue sur un seul nom. Ismaël Omar Guelleh incarne la continuité. Pour combien de temps encore ? L’histoire le dira. Mais pour 2026, le verdict est déjà connu.

Le détroit de Bab-el-Mandeb continue de voir passer les navires. Les bases militaires veillent. Et à la tête de l’État, un homme de 77 ans s’apprête à écrire un nouveau chapitre. Un chapitre qui, comme les précédents, portera sa signature.

Cette candidature n’est pas qu’une formalité. Elle est le symbole d’un système politique verrouillé. D’une stabilité chèrement acquise. D’une géopolitique complexe. Djibouti reste un îlot de calme dans une mer agitée. Et son capitaine refuse de quitter le pont.

Les mois à venir seront ceux de la campagne. Des discours. Des meetings. Mais surtout, de la confirmation d’une évidence : en avril 2026, Ismaël Omar Guelleh sera réélu. Pour un sixième mandat. Et l’histoire continuera. Comme elle a commencé il y a plus de vingt-cinq ans.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.