Imaginez un pays entièrement à l’arrêt. C’est le tableau que risque d’offrir la France d’ici la fin de l’année 2024. Alors que le contexte économique se tend et que le gouvernement cherche à faire des économies tous azimuts, la colère gronde dans de nombreux secteurs. Des cheminots aux fonctionnaires en passant par les agriculteurs, les appels à la grève se multiplient, laissant présager un automne social brûlant. Décryptage d’une situation explosive.
La SNCF sur le pied de guerre
Premier secteur concerné par ce vent de révolte : les transports ferroviaires. Alors que le gouvernement entend remanier en profondeur le fonctionnement de l’entreprise publique, les cheminots voient rouge. Un appel à la grève nationale est prévu le 21 novembre, avec menace d’un mouvement reconductible à compter du 11 décembre. En ligne de mire : la réforme de la SNCF, perçue comme un démantèlement insidieux du service public.
« L’heure est au conflit à la SNCF », préviennent les syndicats dans un communiqué au ton alarmiste. Pour eux, c’est un « ultimatum ».
– source syndicale
Le spectre d’un Noël sans trains
Si les revendications des cheminots restent lettre morte, ils promettent « un mouvement de grève plus long et plus fort en décembre ». De quoi gâcher les fêtes de fin d’année de millions de Français et porter un coup fatal à l’économie à une période cruciale. Le gouvernement saura-t-il calmer le jeu ? Rien n’est moins sûr.
Les fonctionnaires dans la rue le 5 décembre
Autre front social : la fonction publique. L’ensemble des fédérations syndicales appellent à une journée de grève nationale le 5 décembre. Au cœur du litige : l’effort budgétaire demandé aux fonctionnaires. Entre baisse des indemnités de congés maladie et allongement du délai de carence, les agents publics crient à la casse sociale.
« Dans un contexte d’inflation galopante, ces mesures sont inacceptables. C’est un coup de massue pour le pouvoir d’achat. »
– Un responsable syndical
Les fonctionnaires entendent bien se faire entendre. Prochaines semaines décisives pour l’exécutif qui joue gros sur ce dossier.
Les agriculteurs montent au créneau
La grogne gagne aussi les campagnes. Les principaux syndicats agricoles, FNSEA en tête, reprennent le chemin de la contestation. Au programme : des actions coup de poing un peu partout en France. Objectif : alerter sur la situation « dramatique » de « l’agriculture en France ». Un possible accord commercial entre l’UE et les pays d’Amérique du Sud cristallise les tensions.
Face à la pression de Bruxelles, le gouvernement français parviendra-t-il à contenir le ras-le-bol paysan ? Réponse dans les prochains jours, avec de probables perturbations en vue.
Une convergence des luttes le 12 décembre
Le 12 décembre pourrait être un point d’orgue de la contestation. La CGT appelle à une « journée de convergence de toutes les luttes pour l’emploi ». Le syndicat s’alarme de la multiplication des plans sociaux dans l’Hexagone et souhaite fédérer les différentes colères.
« Plus de 180 plans de licenciements sont en cours, menaçant plus de 100 000 emplois, essentiellement dans l’industrie. Et la liste s’allonge chaque jour. »
– Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT
Cheminots, fonctionnaires, salariés du privé… Tous sont appelés à se retrouver dans la rue à l’occasion de cette journée qui s’annonce très suivie et très tendue.
Les biologistes veulent refermer leurs labos
Dernier front en date : les laboratoires d’analyses médicales. Les biologistes dénoncent la baisse brutale de leurs tarifs et agitent la menace d’un « shutdown », autrement dit une fermeture totale de leurs officines, du 23 au 31 décembre. L’Assurance Maladie est accusée d’avoir rompu unilatéralement un accord tarifaire. Des négociations de la dernière chance auront lieu dans les prochains jours pour tenter de désamorcer ce conflit.
Conclusion : un pays au bord de la crise de nerfs
De répercussions en répercussions, c’est toute l’économie française qui pourrait se gripper sous l’effet de ces mobilisations. Le gouvernement est dos au mur. Saura-t-il apaiser les esprits échauffés et faire preuve de pédagogie sur les efforts demandés ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines. Car après des mois de valse-hésitation sur la réforme des retraites, l’exécutif ne peut se permettre un nouveau couac social. Sous peine d’attiser un peu plus la défiance et de voir la France sombrer dans l’immobilisme.
Une chose est sûre. L’automne et l’hiver s’annoncent agités sur le front social. Et le pays retient son souffle, dans l’attente d’un sursaut ou d’un dérapage. D’ici là, cheminots, profs, infirmiers, agriculteurs et tant d’autres fourbissent leurs armes. Prêts à en découdre pour faire entendre leur voix. Une voix de la colère dans une France qui semble marcher sur des œufs. Scrutant l’horizon 2025 avec une sourde angoisse. Les prochains mois seront décisifs. La France au bord de la crise de nerfs.