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Grève reconductible à la SNCF : Deux syndicats retirent leur appel

Rebondissement dans le conflit social à la SNCF : l'Unsa et la CFDT renoncent à la grève reconductible du 11 décembre, la CGT et Sud-Rail maintiennent leur appel. Quelles conséquences pour les usagers à l'approche des fêtes ?

Le mouvement de grève qui menaçait de paralyser le trafic ferroviaire en France à partir du 11 décembre prochain vient de connaître un revirement inattendu. Selon des sources proches du dossier, deux des quatre principaux syndicats de la SNCF, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, ont décidé de retirer leur appel à une grève reconductible. Cette décision fait suite à la signature d’un accord social concernant les cheminots transférés dans des filiales de fret et de TER dans le cadre de l’ouverture à la concurrence.

Un compromis trouvé pour une partie des cheminots

Les négociations menées ces derniers jours entre la direction de la SNCF et les organisations syndicales semblent donc avoir porté leurs fruits, du moins partiellement. L’accord obtenu apporterait des garanties aux salariés concernés par les transferts vers les nouvelles entités créées pour répondre aux appels d’offres des régions sur les lignes TER et pour sauver l’activité de transport de marchandises, en grande difficulté depuis de nombreuses années.

Cependant, cet accord ne satisfait pas l’ensemble des syndicats. La CGT-Cheminots et Sud-Rail, connus pour leurs positions plus radicales, maintiennent pour l’heure leur appel à une grève reconductible à partir du 11 décembre au soir. Ils réclament notamment un moratoire sur les projets de filialisation et de transferts de personnels, ainsi que des revalorisations salariales plus conséquentes pour l’ensemble des cheminots.

L’avenir du fret ferroviaire et des petites lignes en question

Au-delà des revendications sociales, ce bras de fer entre syndicats et direction illustre les profondes inquiétudes qui traversent le secteur ferroviaire, dix ans après la grande réforme initiée en 2014. La libéralisation progressive du transport de voyageurs et de marchandises a rebattu les cartes et expose la SNCF à une concurrence de plus en plus vive sur son marché historique.

Le fret, en particulier, apparaît comme le grand perdant de cette mutation. En dépit des aides publiques et des restructurations successives, la part modale du ferroviaire ne cesse de décliner face à la route. Un constat inquiétant au vu des enjeux écologiques mais aussi sociaux, l’activité fret de la SNCF employant encore des milliers de cheminots aujourd’hui menacés par les projets de filialisation.

La situation est critique et on comprend l’exaspération des salariés. Mais une grève longue serait catastrophique pour l’entreprise et les usagers. Il faut renouer le dialogue.

– Un cadre de la SNCF

Vers un mouvement plus large en décembre ?

Si la SNCF a obtenu une trêve partielle, la période qui s’annonce s’annonce agitée sur le front social, tous secteurs confondus. Plusieurs appels à la mobilisation ont été lancés par les syndicats pour le début du mois de décembre :

  • 5 décembre : journée de grève interprofessionnelle, notamment dans la fonction publique
  • 8 décembre : mobilisation des syndicats de l’énergie contre la réforme des retraites et pour les salaires
  • 10 décembre : appel à manifester des syndicats de l’éducation pour une revalorisation des métiers

Le gouvernement, qui doit aussi gérer un probable blocage des raffineries en parallèle, a du pain sur la planche pour éviter une fin d’année très tendue sur le plan social. La Première ministre Élisabeth Borne a d’ailleurs promis d’ouvrir rapidement de nouvelles négociations sur les salaires et les conditions de travail dans de multiples branches professionnelles. Mais dans un contexte budgétaire contraint et un climat politique toujours inflammable, la partie s’annonce serrée.

Des perturbations limitées pour les fêtes ?

Avec le retrait de deux des quatre syndicats représentatifs, le risque d’une paralysie totale du trafic ferroviaire pour les fêtes de fin d’année semble s’éloigner. Mais des perturbations restent à prévoir si la grève est maintenue par la CGT et Sud-Rail, notamment sur les TER et les lignes Intercités.

La direction de la SNCF devrait communiquer rapidement sur les prévisions de trafic pour permettre aux voyageurs d’anticiper. En coulisses, l’entreprise a reconnu étudier un plan de transport dégradé mais assurant un niveau de service « acceptable » en cas de conflit dur. La compagnie compte aussi sur la présence plus importante de ses concurrents, en particulier sur les lignes TGV, pour absorber une partie de la demande.

Une chose est sûre : dans les prochains jours, les négociations vont se poursuivre pour tenter de rapprocher les positions et éviter un bras de fer dommageable pour tous. L’enjeu n’est pas seulement de sauver les fêtes de fin d’année mais bien de dessiner un avenir pour le service public ferroviaire, ses salariés et ses usagers dans un environnement profondément transformé. Un défi majeur qui imposera des concessions de part et d’autre.

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