Depuis ce vendredi, le paysage médiatique australien est en ébullition. Des centaines de journalistes, travaillant pour certains des plus grands journaux du pays comme le Sydney Morning Herald ou l’Australian Financial Review, ont débuté une grève exceptionnelle de 5 jours. Au cœur de leurs revendications : l’exigence d’une revalorisation salariale et la sécurisation des emplois, menacés par un nouveau plan de suppression de postes.
Un mouvement de grève historique
L’ampleur de cette mobilisation est inédite dans l’histoire récente des médias australiens. Des salles de rédaction quasiment vides à Sydney, Melbourne, Brisbane ou encore Perth… Les images des locaux désertés par les grévistes ont fait le tour des réseaux sociaux, illustrant l’importance du mouvement.
Comme le souligne Michelle Rae, représentante syndicale, cette grève est un signal fort envoyé à la direction du groupe Nine Entertainment qui chapeaute les titres concernés :
Le public australien compte sur ces journalistes pour l’informer, demander des comptes au pouvoir et mettre en lumière la corruption (…) mais ils ne peuvent le faire sans des emplois sécurisés.
– Michelle Rae, représentante syndicale
Pour les grévistes, il est crucial que leurs revendications soient entendues afin de pouvoir continuer à assurer pleinement leur mission d’information auprès des citoyens, dans un contexte de crise de confiance envers les médias.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase
Si le mécontentement des journalistes couvait depuis plusieurs mois, c’est l’annonce par la direction d’un nouveau plan prévoyant la suppression de 90 postes qui a mis le feu aux poudres. Déjà échaudés par la dégradation de leurs conditions de travail et la stagnation de leurs rémunérations, les salariés voient dans cette décision une énième attaque contre la profession.
Comme le dénonce le syndicat, il est inacceptable de demander aux employés de choisir entre une modeste augmentation de salaire et le risque de nouvelles suppressions d’emplois. Une position jugée d’autant plus scandaleuse au regard des bénéfices conséquents engrangés par le groupe Nine Entertainment.
L’avenir en question pour le journalisme traditionnel
Au-delà du cas australien, cette grève massive des journalistes est symptomatique des difficultés traversées par la presse écrite à l’échelle mondiale. Prise en étau entre la chute des ventes des journaux papiers et la concurrence féroce des médias en ligne, la profession voit ses fondements même remis en cause.
Pourtant, comme le rappelle avec force Michelle Rae, le rôle des journalistes est plus que jamais essentiel dans nos démocraties, où le quatrième pouvoir doit continuer à jouer son rôle de contre-pouvoir. Mais pour cela, il est impératif de donner aux professionnels de l’information les moyens d’exercer leur métier dans des conditions décentes.
Tous les regards sont désormais tournés vers la direction de Nine Entertainment. Va-t-elle entendre les revendications de ses employés et ouvrir de véritables négociations ? L’avenir de centaines de journalistes, mais aussi celui d’une certaine conception du journalisme, en dépendent.
