Un vent de révolte souffle sur Volkswagen. Le premier constructeur automobile européen fait face à un mouvement social d’une ampleur sans précédent. Dès ce lundi, les 120 000 salariés de la marque en Allemagne sont appelés à cesser le travail pour protester contre les suppressions massives d’emplois envisagées. Ce conflit pourrait prendre une tournure historique et avoir de lourdes répercussions, bien au-delà des frontières de Volkswagen.
Une grève inédite chez Volkswagen
Thorsten Gröger, négociateur du puissant syndicat IG Metall, a annoncé le lancement d’une grève dans toutes les usines Volkswagen du pays à compter de ce lundi. Une première dans l’histoire du groupe.
« Si nécessaire, ce sera la bataille de négociation collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue »
– a prévenu Thorsten Gröger
Le syndicat se dit prêt à un « conflit social comme la République fédérale n’en a pas connu depuis des décennies ». Un avertissement qui fait frémir l’Allemagne, déjà fragilisée économiquement.
Fermetures d’usines envisagées
Volkswagen, qui compte 300 000 salariés dans le pays dont 120 000 pour la marque VW, a lancé un vaste plan d’économies en septembre pour restaurer sa compétitivité. Selon IG Metall, la direction envisagerait la fermeture de trois usines, ce qui serait un séisme pour l’emploi industriel allemand.
« La différence entre les positions est encore énorme. »
– constate Thorsten Gröger après plusieurs séances de négociation
Le syndicat a proposé un contre-plan pour réduire les coûts sans fermer de sites, mais celui-ci a été rejeté par la direction vendredi dernier, creusant encore le fossé entre les deux parties. Une nouvelle rencontre est prévue le 9 décembre à Wolfsburg, mais les espoirs de compromis s’amenuisent.
VW, symptôme du malaise industriel allemand
Les difficultés de Volkswagen reflètent la crise qui secoue l’industrie allemande. Le secteur automobile, fleuron du « Made in Germany », souffre de la transition vers l’électrique, de la concurrence chinoise et des coûts élevés.
Plusieurs grands groupes comme BASF, ThyssenKrupp ou Bayer ont annoncé des plans sociaux ces derniers mois. Un choc pour l’économie allemande qui devrait connaître sa deuxième année consécutive de récession en 2024.
Un conflit social politisé
Cette crise intervient en pleine campagne électorale en Allemagne. Des élections législatives anticipées ont été convoquées le 23 février après l’éclatement de la coalition au pouvoir. La relance économique s’est imposée comme l’enjeu majeur des débats.
Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz et le chef des conservateurs Friedrich Merz se sont affrontés ce week-end sur leurs projets. Ce dernier a fustigé « l’interventionnisme teinté de vert » du gouvernement jugé responsable des difficultés des entreprises.
En réponse, Olaf Scholz a proposé un remboursement de 10% des impôts pour les investissements industriels. Un geste en direction du monde économique, alors que les conservateurs sont donnés favoris dans les sondages.
Des répercussions européennes
Les turbulences chez Volkswagen pourraient faire des remous bien au-delà des frontières allemandes. Le géant de Wolfsburg est un pilier de l’industrie automobile européenne, avec des liens étroits tissés avec de nombreux sous-traitants et partenaires du continent.
Une grève prolongée pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement et gripper un secteur déjà affaibli par la pandémie, la pénurie de semi-conducteurs et la transition écologique. Un scénario noir pour une Europe qui peine à renouer avec la croissance.
C’est donc un défi majeur qui s’ouvre pour Volkswagen, mais aussi pour l’Allemagne et l’Europe. De l’issue de ce bras de fer social dépendra en grande partie l’avenir d’une industrie en pleine mutation. L’automobile sera-t-elle le moteur de la relance ou le maillon faible de l’économie européenne ? Réponse dans les prochaines semaines.